Le Syndicat de l'enseignement de l'Estrie s'inquiète des modifications qu'apporteraient le projet de loi 40 au rôle décisionnel des enseignants.
Après moults réformes dans le réseau de l'éducation au fil des décennies, cette nouvelle loi est vue comme une façon d'enlever une fois encore, de l'autonomie et du contrôle à ceux-ci.
Cette semaine l'Assemblée nationale débute l'étude du projet de loi no 40 sur la gouvernance des commissions scolaires qui doit abolir celles-ci pour les remplacer par des centres de services. Le Syndicat de l'enseignement de l'Estrie a fait part de son mécontentement face à son contenu, puisqu'il considère que le projet de loi est une façon déguisée d'enlever d'autres pouvoirs aux enseignantes et enseignants en réduisant leur espace décisionnel, en amoindrissant la portée de leur jugement professionnel et de leur autonomie.
Selon les syndicats d'enseignement, l'impression qui se dégage du document soumis par le ministre l'éducation Jean-François Roberge, est qu'il essaye de leur imposer de fçon détournée et à la pièce, des éléments d'un ordre professionnel, en plus de centraliser des pouvoirs à son ministère.
Ce projet de loi devait à l'origine revoir les structures scolaires et ne laissait pas présager une révision de l'encadrement du travail des enseignantes et enseignants.
« Depuis des années, nous travaillons à valoriser la profession enseignante. Nous souhaitons redevenir maîtres de notre profession, puisque nos droits se sont érodés au fil des réorganisations du réseau, des compressions et de la gestion axée sur les résultats. Si ce projet de loi voulait nous valoriser, il rate complètement sa cible. Il dilue nos droits et tente de faire des enseignants des exécutants et des pantins qui ont de moins en moins de prises pour exercer leur jugement professionnel », fait valoir Richard Bergevin, président du Syndicat de l'enseignement de l'Estrie.
Le projet de loi no 40, contient plusieurs clauses qui soulève l'inquiétude des syndicats ; notamment une manipulation des notes consentie à la direction de l'établissement scolaire; une autonomie professionnelle à laquelle on imposerait un « comité d'engagement » qui pourra faire pression pour uniformiser les pratiques selon la dernière mode pédagogique, et donc de dévaloriser l'expertise acquise par la pratique concrète des enseignants. Les instances syndicales croient aussi qu'il y aura une perte d'influence quant aux décisions prises au conseil d'établissement, puisqu'il n'y aura plus de parité dans la représentativité des enseignants.
Le ministre entend imposer une formation continue sans égards aux besoins, tout en s'octroyant le pouvoir sanctionner des enseignantes et enseignants qui ne se plieront pas à ces exigences. Les syndicats croient que c'est plutôt sur l'accessibilité et l'amélioration des activités de formation que devrait se concentrer le ministre.
On craint également que des inégalités scolaires iront en s'accroissant, en facilitant le développement de projets particuliers sans aucune forme d'encadrement.
« Quand on valorise l'éducation, on valorise aussi ceux qui s'y consacrent au quotidien. La souffrance des enseignants est trop grande pour en faire fi à ce point dans un projet de loi aussi large et intrusif. Le ministre doit sérieusement reconsidérer la portée de sa loi », a déclaré Richard Bergevin, président du Syndicat de l'enseignement de l'Estrie.
Le Syndicat de l'enseignement de l'Estrie représente quelque 3 500 enseignantes et enseignants des Commissions scolaires des Sommets, des Hauts-Cantons et de la Région-de-Sherbrooke.