Depuis des décennies, des associations et organismes travaillent d'arrache-pied pour améliorer les conditions de vie de la femme. Mais qu'en est-il de la situation des hommes?
Dans le cadre de la Journée internationale des hommes, une centaine d'intervenants issus d'une cinquantaine d'établissements de l'Estrie ont participé à une formation organisée par le Collectif santé et bien-être des hommes de l'Estrie (SBEH-E). L'objectif de cette rencontre est d'informer les professionnels sur les défis spécifiques de l'intervention auprès des hommes, sur les stratégies d'intervention et sur la manière de décoder la demande d'aide des hommes.
Le complexe de l'homme fort
Plusieurs stéréotypes liés à la masculinité sont puissants et font en sorte que les hommes ont de la difficulté à exprimer leurs problèmes ou à demander de l'aide. Pour plusieurs hommes, demander de l'aide, c'est avant tout renoncer au contrôle, montrer ses faiblesses et faire face à sa douleur.
« Il est fondamental de lutter contre les mythes et les préjugés entourant les hommes, afin de favoriser une transformation sociale qui leur permettra de prendre plus facilement en charge leur santé physique et psychologique, notamment en osant demander de l'aide quand ils en ont besoin », dit Jean Lefebvre, porte-parole du Collectif.
À l'instar des femmes, la gent masculine a également des problématiques d'ordre social, psychologique ou économique. « Il y a des problématiques qui sont très graves, comme le suicide chez les hommes. Trop souvent les problèmes qui touchent les hommes sont méconnus », a expliqué Jean-Martin Deslauriers, professeur à l'école de service social de l'Université d'Ottawa et conférencier de la journée. D'ailleurs, le suicide est la toute première cause de mortalité chez les hommes de 20 à 40 ans au Québec.
Un effet boule de neige
Le professeur ajoute que ce comportement, de renoncer à de l'aide apporte son lot d'effets pervers : « C'est normal de vouloir garder pour soi ses problèmes, mais allez chercher de l'aide, c'est vraiment important. Lorsqu'on attend, on accumule et quand ça saute, c'est non seulement un problème que l'on doit traiter, mais un ensemble de problèmes qui se sont ajoutés au fil du temps. » La violence conjugale, l'acte suicidaire, la consommation de drogue et d'alcool peuvent être des conséquences dues à ce silence.
Sensibiliser pour mieux combattre
Un mouvement de dénonciation quant à la problématique des agressions sexuelles a fait écho dans les médias pendant plusieurs jours. Le mouvement a été salué par plusieurs associations puisque ce phénomène médiatique a permis une réelle prise de conscience quant à l'ampleur de la problématique chez les femmes. M. Deslauriers évoque toutefois l'oubli des hommes dans ce mouvement : « Un homme sur quatre est victimes d'agression. On oublie complètement la problématique des agressions chez les hommes. Au Canada, il y a seulement cinq organismes qui offrent des services aux hommes qui ont été victimes d'agression sexuelle. » Le professeur soutient que, comme les femmes, les hommes qui ont été abusés ont les mêmes sentiments de honte et de peur.
Un réel travail de sensibilisation doit être enclenché pour développer des outils de soutien aux hommes et que la recherche d'aide devienne un automatisme chez ces derniers.
Pour en savoir davantage sur le Collectif Santé et bien-être des hommes de l'Estrie (SBEH-E)