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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Une histoire inventée…


10 octobre 2011
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Parfois, quand il m'arrive de ne pas trop comprendre ce qui se passe ou pourquoi ça se passe, je m'invente un monde. Je m'invente une histoire. Je la ficelle au gré de mes incompréhensions. En ces temps où Charest continue de patauger dans une choucroute collusoire, que Harper choisit de vénérer la Reine, que le monde du travail est en grève ou en mode grande revendication, je suis vraiment mûr pour m'inventer une histoire qui me sortira de tout ça.

 

Je vous la partage. Comme ça...

 

Adriel ne sait pas trop quoi penser. Ne sait plus trop s'il doit être déçu, en colère ou sarcastique...

 

Son prénom, peu usuel, est d'origine amérindienne. Sa grand-mère lui avait expliqué qu'il signifiait castor et symbolisait l'adresse. Adriel aimait bien le concept. Pourtant, à l'école primaire qu'il fréquentait à l'époque, une enseignante avait insisté pour qu'il comprenne et accepte (surtout...) que le prénom Adriel est plutôt Hébreu... L'étudiant s'était obstiné, citant sa grand-mère qu'il avait en haut respect, rien n'avait fait fléchir la dame. Adriel, en castor adroit, avait cessé d'en parler.

 

Maintenant âgé de 45 ans, Adriel s'interroge et essaie de comprendre. Il repense à cet autre professeur qui avait expliqué, à grand renfort de livres historiques, que Christophe Colomb avait découvert l'Amérique et Cartier le Canada. Adriel ne savait pas s'il devait en vouloir à ce professeur d'insister tant sur la notion de découverte : « Après tout », se disait-il, « ils ont surtout découvert que le territoire était déjà découvert, rien de plus!»

 

Madame Couture, son enseignante de troisième année, lui avait longuement raconté les épisodes de troc entre les Européens qui arrivaient et les Indiens (elle avait laissé tomber le mot Sauvages depuis peu...). Elle ne pouvait s'empêcher, se souvient-il, de mentionner au passage les mots évolution et éducation quand elle racontait l'échange de morceaux de miroirs contre des peaux de castor.

 

Toute sa vie, Adriel a beaucoup lu sur ses ancêtres. Même s'il ne vit plus comme eux du tout, il aime bien connaître et comprendre ses origines. C'est d'ailleurs au gré de ses recherches et lectures qu'il s'est mis à se demander s'il devait en vouloir à tout le monde ou ne pas trop en tenir compte...

 

Ces temps-ci cependant, il est surpris de constater une chose qui se confirme de jour en jour: il semble que ses voisins et amis se posent de plus en plus les mêmes questions que lui... Au passage, il sourit à l'idée qu'ils continuent de se qualifier de québécois de souche. Lui, il se dit que s'il est question de souche, on devrait le considérer un brin... Mais, par les temps qui courent, il ne leur en veut pas. Il voit bien qu'ils cherchent les mêmes réponses que lui. Sur le monde, la vie, le système, les ressources naturelles... «Autant éviter de s'enfarger dans la souche », se disait-il.

 

Adriel est loin d'être convaincu que l'exploitation des gaz de schiste est une bonne chose. La main de l'Homme l'a souvent fait agir comme un pied, après tout... En fait, il se méfie, comme tant d'autres, de cette volonté de créer de la richesse. Est-ce qu'une richesse créée vaut plus qu'une richesse naturelle?

 

Il a bien vu, à la télé, les publicités du projet du Grand Nord de Jean Charest. Les vastes contrées, leur exploitation éventuelle, les ententes supposément historiques avec les Premières Nations. Il voit tout ça et n'est pas sûr de bien comprendre. Il a cette impression, en fait, que ce projet se développe, en mode improvisation, au fil du temps. Que la bête n'est pas apprivoisée. Que le gouvernement cherche à attirer l'attention ailleurs. Adriel se dit aussi que le concept du troc et des miroirs est encore à la page. Un troc inégal entre deux groupes et dont un tire profit plus que l'autre, n'est-ce pas précisément là-dessus qu'on hésite encore à enquêter publiquement?    

 

Il repense à Madame Couture et à sa notion d'évolution et il se dit que la brave femme serait bien déçue si elle vivait encore. L'évolution dont elle parlait sous-entendait toute cette connaissance des Blancs. Cette connaissance qui serait tellement utile pour bâtir un monde moderne dans ces terres arides.

 

Moderne, le monde. Oui, oui...

 

Cette semaine Adriel est un québécois. Il s'interroge. Se demande ce qui se passe. Constate que l'économie va croche, que le climat change. Que les constructions d'infrastructures routières des dernières décennies ne tiennent pas la route. Que les gouvernements sont en mode échappatoire plutôt qu'en mode solution. Bref, il se pose les mêmes questions que ses voisins et amis. On ne fait qu'un quand on est dans le trouble.

 

Au moment où il pense à tout ça, un sourire allume son visage. Il imagine que son défunt grand-père, dont il admirait le calme et la sagesse, est assis là et qu'il s'adresse à lui en ces termes: « J'ai vécu dans mes terres. J'ai aussi côtoyé l'Homme Blanc sur les chantiers de construction. Eux, ils possédaient le territoire. Moi, je vivais dans la réserve qu'ils avaient délimitée. Pour eux, je vivais pour hier. Eux, ils vivaient pour demain. Puis, au fil des années, ils se sont créé une immense réserve. Une île sur laquelle ils ont installé deux millions des leurs. Près du tiers de la population sur une île... Comme si ce n'était pas assez de s'emprisonner ainsi, ils ont fait les ponts et les routes sans se soucier de bien les faire. Pourtant, ils savaient, eux, comment faire. Un bon matin, j'irai voir l'Homme Blanc prisonnier dans sa réserve entourée d'eau et je lui proposerai de revivre une page d'histoire. Je lui tendrai un bout de miroir et, comme ça, dans le petit matin, je l'inviterai à s'arrêter et à se regarder un peu... »

Clin d'oeil de la semaine

L'atmosphère était  survoltée à Winnipeg pour le retour des Jets. C'est sûr! L'irrésistible Harper était sur place. Survolté, le monsieur! Woufffff...


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