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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Le saumon et le dollar

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Photo : C’est bien qu’on redonne, comprenez-moi bien. Mais le fait de prendre soin de sa communauté ne devrait pas se baser sur la charité. - François Fouquet
François Fouquet Par François Fouquet
Lundi 17 décembre 2018

Le dollar n'est rien d'autre qu'une unité de mesure. Une unité d'échange. Pourtant, si on en a beaucoup, on devient quelqu'un. Pourtant, le dollar, c'est comme un degré: une unité qui mesure la chaleur. Mais en aucun temps, un degré ne dégage de la chaleur.

J'écoutais un entretien avec Florent Vollant. Un Innu né au Labrador. Un musicien doublé d'un conteur hors pair. Pour moi, le bon conteur est celui qui sème des images dans l'imaginaire au fur et à mesure qu'il développe une histoire.
Il est très bon conteur, ce Florent.

Et il parlait de sa communauté. De Noël dans sa famille. Il parlait avec le calme d'un penseur assez en confiance pour ne pas avoir à lever le ton pour se faire entendre.

Et il parlait saumon.

Pas du saumon qui vit des problèmes quand il arrive dans l'eau salée. Pas le saumon qui a de la difficulté avec son prédateur, le bar rayé. Non. Il parlait du saumon pour ce qu'il représente dans la chaîne alimentaire de sa communauté.
Il racontait qu'un pêcheur qui revenait avec 8 saumons avait le réflexe de partager les saumons avec sa communauté. Il retire la reconnaissance des siens dans le geste de solidarité. Après tout, tout le monde doit manger. C'est la base. S'il voulait faire l'inverse, il se retrouverait isolé, brisant les règles de vie communautaires qui veillent sur l'accès équitable à la nourriture.

Et, disait-il avec un sourire : « qu'est-ce que tu veux qu'un gars seul fasse avec 8 saumons, de toute façon? »
Et il a ri de l'évidence qu'il venait de mettre en lumière.

Dans ma voiture, je n'ai pas ri. Ou, si je l'ai fait, c'était un rire jaune.

Un bon conteur sème des images avec ses mots et ses récits. Vollant venait de semer une image qui illustrait le rapport que je constate avec l'argent et son rôle dans notre communauté à nous.

Je me suis dit : « et si chaque dollar était un saumon? »

Subitement, le côté abstrait de l'argent devenait beaucoup plus concret.

L'image m'en a ramené une autre. Celle de Claude Forgues, qui a œuvré des années durant à Centraide Estrie. Il répétait souvent : « les besoins alimentaires, ce n'est pas entre Noël et le Jour de l'an le problème, c'est entre le Jour de l'an et Noël! »

Quand on y pense, la charité commence à partir du moment où les ressources sont centralisées dans les mains (voire les poches) d'une petite minorité et au détriment d'une majorité qui n'a pas toujours ce qu'il faut.

Et on applaudit chaleureusement, larme à l'œil, le riche qui redonne. Un peu. Des fois. Dans un événement caritatif ou une guignolée. Et qui donne plus s'il y a un retour de visibilité.

C'est bien qu'on redonne, comprenez-moi bien. Mais le fait de prendre soin de sa communauté ne devrait pas se baser sur la charité. La charité, c'est la relation entre un aidant et un aidé. Et ce qui est pire, c'est que ça entretient cette relation.

Disons que tous vos dollars sont des saumons, demain matin. J'entends Florent Vollant répéter, même sourire dans la voix : « qu'est que tu veux qu'un gars seul fasse avec autant de saumons, de toute façon! »

Clin d'œil de la semaine

Si le Panier de l'espoir repasse chaque année à la même adresse, le problème est peut-être ailleurs que dans l'appartement en question...

 


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