Les Estriens consomment de l'alcool plus souvent chez des
amis que dans le confort de leur maison mais ne prennent pas le volant après
avoir bu. C'est ce qui ressort de l'étude d'envergure réalisée par Éduc'alcool.
Le directeur général de l'organisme, Hubert Sacy, était de passage à Sherbrooke
pour commenter les résultats de l'enquête menée auprès de 2500 personnes à travers le Québec.
« Nous avons demandé aux gens s'ils pensaient que la limite
d'alcool permise de 0,08 était assez, trop ou pas assez sévère et s'ils
considéraient que c'était criminel de conduire après n'avoir bu qu'un seul
verre d'alcool. Nous voulions aussi savoir s'ils avaient vu ou traversé un
barrage policier et s'ils ont eux-mêmes pris le volant avec un taux d'alcoolémie
supérieur à la limite permise. »
Premier constat : 5 % des Estriens auraient pris
le volant après avoir consommé une quantité suffisante pour dépasser la limite
de 0,08, comparativement à 6 % pour l'ensemble du Québec.
« Contrairement à la moyenne québécoise de 79 %, la
proportion des Estriens qui consomment chez des amis est de l'ordre de
83 %. 77 % des répondants ont affirmé boire à la maison, contre
81 % au Québec. Aussi, les deux tiers consomment au restaurant, expose M.
Sacy. Paradoxalement, si les Estriens sont plus sorteux, seulement le quart a
vu ou traversé un barrage policier. Au Québec, c'est 1 sur 3. »
Deuxième constat : selon Hubert Sacy, l'Estrie fait
bonne figure au niveau de la responsabilisation. Les campagnes de financement
semblent avoir eu des effets positifs et la jeune génération est davantage
sensibilisée que les précédentes.
« La grande majorité des gens consomme de manière modérée,
ce qui explique que 8 % des gens estiment que les lois sur la conduite
avec les facultés affaiblies sont trop sévères et qu'au Québec, seulement 2 %
des gens sont de cet avis. Ici, les gens ne ressentent pas le besoin de les
resserrer. »
Près de la moitié (48 %) des conducteurs de la région n'ont
pas pris le volant après avoir bu de l'alcool au moins une fois au cours de la
dernière année. D'ailleurs, 95 % des Estriens connaissent le slogan « La
modération a bien meilleur goût » et 94 % considèrent qu'Éduc'alcool est
un organisme crédible.
Malgré les progrès,
il reste du chemin à faire
« En règle générale, progrès remarquables à tous les
chapitres, affirme Hubert Sacy. Les Québécois ont d'ailleurs récemment été sacré
les champions de la consommation modérée d'alcool au Canada. »
La vaste enquête d'Éduc'alcool visait plusieurs objectifs. Tout
d'abord, on voulait envoyer un miroir de leur consommation d'alcool aux gens.
« L'enquête nous permet aussi d'avoir un nouvel outil de
sensibilisation.
Pour la première fois, on a suffisamment de données pour
toutes les régions du Québec pour mieux orienter et raffiner notre message en
fonction de la clientèle. On pourra aussi être plus efficaces dans nos
représentations auprès du gouvernement. »
Selon M. Sacy, tous les Québécois ont à gagner en réduisant
les occasions où ils boivent cinq verres ou plus.
« On doit aussi à tout prix augmenter le nombre de barrages
policiers pour intercepter les conducteurs. Ce n'est pas normal qu'à peine un
Québécois sur trois ait vu un barrage dans la dernière année. Une bonne
majorité des gens pensent qu'ils ne se feront pas prendre », affirme Hubert
Sacy.
Les serveurs de restaurants et tenanciers de bars devraient
également tout suivre la formation Action-Service, reconnue aux États-Unis et
appliquée partout en Europe.
« Le cours permet de mieux identifier les personnes avec les
facultés affaiblies, puis de cesser le service sans les insulter, les humilier
ou les choquer. Ça a été prouvé : on réduit le risque de conduite en état
d'ébriété de 25 à 33 % dans les endroits où le cours est obligatoire. Tous
les partis politiques à Québec sont d'accord. Mais il n'y a rien qui bouge. »