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Difficultés d’apprentissage : la formation est-elle suffisante?

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Elizabeth Nadeau Par Elizabeth Nadeau
enadeau@estrieplus.com
Mardi le 9 février 2016

Les futurs enseignants ne seraient pas assez préparés à ce qui les attend dans le milieu scolaire. La faute revient à qui? « À la formation, ou est-ce la part qui revient à l'étudiant d'enrichir ses connaissances lors de son passage à l'université qui fait défaut? », se questionne une professeure de l'Université de Sherbrooke.

Professeur adjointe à la Faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke, Marie-France Nadeau se spécialise notamment dans la recherche sur les pratiques efficaces en classe.

Vouloir apprendre à enseigner
Selon elle, on doit établir une distinction fondamentale entre ce que la formation offre comme connaissances et la valeur que donnent les étudiants à leur diplôme.

« Les enseignants nous disent qu'ils ne sont pas assez préparés, mais le problème est-il réellement au niveau de la formation ou à la part qui revient à l'étudiant, c'est-à-dire étudier? Un étudiant m'a déjà dit qu'un bon berger est dans les champs, qu'ils apprendront sur le terrain. Nous avons fait de grands efforts d'intégration de la pratique dans nos cours de théorie au lieu de toujours dire à nos étudiants quoi faire. Mais on sent une résistance, une tendance à vouloir se faire donner la matière sans travailler pour l'acquérir. »

Mme Nadeau a elle-même vécu une situation où une enseignante a soit complètement oublié ce qu'elle avait appris, ou carrément fait fi de ce que la spécialiste lui avait elle-même enseigné.

« Lors d’une rencontre de parents à laquelle j’assistais, j’ai entendu un membre du personnel enseignant à qui j’avais enseigné six mois auparavant nous exposer trois programme de récompenses qui allaient à l'encontre de tout ce que j'avais pu lui enseigner comme pratiques efficaces. Et ce n'était pas une mauvaise étudiante! Mais il y a une partie de ce que l'on enseigne qui n'est tout simplement pas retenue par les étudiants. On peut améliorer la formation, mais les étudiants doivent développer une attitude professionnelle vis-à-vis de la prise en charge de leurs apprentissages. »

Comment améliorer la formation?
Sur la formation seulement, Marie-France Nadeau admet qu'il peut y avoir des lacunes quant à la préparation aux troubles d'apprentissage. À l'UdeS, deux programmes permettent d'enseigner au primaire : le baccalauréat en adaptation scolaire et sociale et celui en enseignement régulier au préscolaire et au primaire, qui font actuellement l'objet d'une réflexion.

En raison des exigences du ministère de l'Éducation, l'UdeS doit développer douze compétences chez le futur enseignant au cours des 120 crédits du programme d'une durée de quatre ans.

« Dans le programme régulier, seulement six crédits sont dédiés aux élèves à risque, aux handicapés, en difficultés d'adaptation ou d'apprentissage, ou qui vivent avec un trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité [ndlr : TDAH] ou du comportement. Dans le bacc, un sixième des crédits sont dédiés à la gestion de classe et à l'ensemble des besoins qui peuvent se présenter chez les élèves en fonction de différents facteurs. »

On revient toutefois sur ces notions dans les cours de didactique, mais on estime que la prévention dite universelle, c'est-à-dire l'action pédagogique établie sur un modèle prédéterminé par le ministère de l'Éducation, atteint 70 % des jeunes en difficultés.

« Il y a aussi les stages qui sont réalisés dans les milieux scolaires dès la première année, souligne Mme Nadeau. Les étudiants voient d'autres enseignants intervenir face aux difficultés dès le début de leur formation, en plus des prises en charge qui sont assez longues lors des stages de troisième et de quatrième année. Selon la dernière évaluation du programme, globalement, on développe assez bien les compétences, mais on doit encore mettre l'accent sur le français à l'oral de nos futurs enseignants. Il est aussi maintenant clair qu'on a un regard à jeter sur comment on répond aux besoins des élèves en difficultés, parce qu'il y en a de plus en plus. »

Formation continue et soutien
Le baccalauréat devrait être considéré comme une préparation de base par les futurs enseignants et non pas comme une formation complétée sans bonification possible, selon la spécialiste. Aussi, enseigner à des jeunes vivant des difficultés d'apprentissage pourrait devenir une spécialisation et nécessiter plusieurs crédits spécifiquement dédiés à la problématique.

Aussi : encourager les enseignants dans la poursuite de leur formation et leur permettre de mettre en pratique ce qu'ils ont appris. À l'instar du directeur des services éducatifs à la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke (CSRS), Marc Juneau, Mme Nadeau est convaincue que le milieu scolaire doit mieux soutenir ses enseignants, en particulier face aux difficultés d'apprentissage.

« L'enseignant ne peut pas être tout seul dans l'exercice de ses tâches. C'est un généraliste qui doit être soutenu par le psychologue et l'orthopédagogue pour répondre aux besoins de l'enfant. Dans les faits, tous les jeunes avec un TDAH sont différents. Est-ce qu'on veut augmenter son taux d'attention soutenu? Est-ce qu'on veut améliorer son contrôle de son impulsivité? Déterminer ces objectifs seulement est difficile, l'enseignant a donc besoin de support. »

Comme les enseignants sont formés pour l'enseignement général et que 65 % des élèves en difficultés ou handicapés sont intégrés dans les classes régulières, Marie-France Nadeau affirme que l'organisation de la société doit être revue.

« À la CSRS, il y a un bon programme de soutien pédagogique mais on se doit de se demander, quel rôle donne-t-on aux autres professionnels dits non-enseignant? Il y a de moins en moins d'argent dans les commissions scolaires pour l'embauche et les conditions de travail offertes ne permettent pas de les attirer en éducation. C'est un choix que fait le ministère en lien avec son budget et la manière dont il gère ses enveloppes. La question reste : comment mieux accompagner tout ce beau monde pour que l'élève réussisse? », conclut Mme Nadeau.


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