Jusqu'à maintenant, les efforts pour contrer la
prolifération des algues bleu-vert semblent porter leurs fruits en Estrie. Le nombre de signalements de leur présence est actuellement inférieur à celui
de 2014. Cependant, le ministère du Développement durable, de l'Environnement
de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) invite les citoyens à
poursuivre activement la lutte aux cyanobactéries dans les plans d'eau de la région.
« En effet, nous avons reçu au Ministère moins de
signalements, affirme le responsable des communications de la direction régionale
de l'Estrie et de la Montérégie du MDDELCC, Daniel Messier. Ça ne veut pas dire
pour autant que le phénomène soit en régression. On peut cependant penser que le
plan d'action 2007-2017 du Ministère amène des impacts positifs. »
Une multitude d'intervenants ont agi à plusieurs niveaux
pour préserver les plans d'eau. En effet, plusieurs ministères, associations de
riverains et municipalités ont mis la main à la pâte depuis 2007, notamment en
resserrant la règlementation relative aux bandes riveraines et aux terres
agricoles.
M. Messier estime que l'omniprésence du phénomène dans les
médias a eu un impact dans la conscientisation populaire quant à la fragilité
des lacs et des rivières, et à l'importance de les protéger.
« La campagne de surveillance auprès des résidences, campings,
commerces et autres établissements qui sont dits éloignés semble aussi avoir
des impacts positifs. Les gens se renseignent à savoir si leurs fosses
septiques et leur champ d'épuration sont adéquats. »
Le ministère prône la carotte pour changer les habitudes,
mais n'hésite pas à user du bâton quand la situation l'exige.
« Les sanctions sont plus sévères aujourd'hui en cas de
non-respect de la loi et des règlements. Lorsqu'on constate une mauvaise
collaboration ou que les gens sont de mauvaise foi, les amendes sont plus
importantes et le Ministère peut utiliser les sanctions administratives pécuniaires. »
Un phénomène encore
nébuleux
Si les scientifiques ont pu acquérir d'importantes
connaissances au cours des dernières années, les algues bleu-vert renferment
encore plusieurs secrets.
« Il y a un paquet de facteurs pour expliquer le
phénomène. Nous savons entre autres que la température de l'eau influence la
prolifération et que le phosphore est la principale cause de leur présence,
souligne Daniel Messier. Mais les principaux sommets du phénomène dans les
dernières années sont arrivés parfois fin septembre, début octobre, alors que
la température de l'eau n'est pas la plus chaude. Il nous est aussi arrivé
de recevoir un signalement le soir et qu'à notre arrivée le matin suivant, il n'y
a avait plus de traces. »
Le principal cheval de bataille du Ministère reste la lutte
à l'érosion des berges et aux rejets de phosphore dans l'environnement.
« Les grosses pluies lessivent les fossés et les
ruisseaux, emportant avec elles les déchets dans la rivière ou le lac au bout
du chemin, explique M. Messier. C'est pourquoi la sensibilisation reste
essentielle. »