Alors que le gouvernement fédéral prévoit vacciner trois
millions de Canadiens contre la COVID-19 d'ici la fin du mois de mars, Q&T
Recherche, situé à Sherbrooke, contribuera aux travaux de la phase II d'un vaccin
candidat contre le SRAS-CoV-2. Celui-ci est actuellement en développement par
la firme Medicago.
L'entreprise sherbrookoise fait partie des 15 centres
choisis en Amérique du Nord afin de travailler sur l'avancement d'un produit
qui peut faire une différence pour toute une population. Pour cette deuxième
phase, elle tentera d'identifier les
paramètres d'efficacité du remède. Rappelons que la première phase mettait l'accent
sur les paramètres de sûreté.
Pour cette étape, il s'agit de 600 participants qui seront répartis
dans chacun des établissements choisis. Celui de la région de l'Estrie
recrutera 50 participants. Ces derniers seront vaccinés à deux reprises. Pendant
un an, ils seront suivis par l'équipe de Q&T Recherche afin de compléter
les données nécessaires à la création du vaccin.
« En phase I, il y a eu très peu d'effets secondaires
et les marqueurs étaient positifs.
Alors, on se dirige dans la bonne direction », affirme Pierre
Gervais, président, directeur général chez Q&T Recherche.
Il ne faut pas oublier qu'un processus scientifique est
suivi dans ce projet. Les données disponibles permettent de croire que la
deuxième phase sera aussi prometteuse que la première. Cependant, les
incertitudes scientifiques demeurent présentes.
Échéancier hors du
commun
Actuellement, la phase I n'est toujours pas terminée. Toutefois,
l'acquisition des données les plus importantes a été faite. Grâce à celles-ci,
les chercheurs savent que le vaccin provoque une immunogénicité et que les
effets secondaires demeurent peu présents.
La phase III est prévue pour le mois de décembre, une
fenêtre qui est extrêmement rapide selon les dires de M. Gervais. Pour lui,
janvier est une cible plus réaliste. Certes, le risque que ce soit trop expéditif
demeure bien présent. Habituellement, un vaccin est produit en trois ou quatre
années. Pfizer l'a développé en seulement sept mois.
Selon le directeur général, il s'agit du premier vaccin qui
soit fait aussi rapidement. Toujours selon lui, la société ressort chanceuse puisque
ce virus est relativement facile à isoler et à fragmenter. Un aspect qui
explique la rapidité d'obtenir un vaccin en si peu de temps.
« Il n'y a personne dans les agences règlementaires qui
vont approuver un vaccin de masse avec un risque possible sans l'avoir bien
identifié. L'ampleur de l'utilisation de ce vaccin fait en sorte que la rigueur
doit être présente au tout début », rassure-t-il.
Un risque calculé
La situation actuellement démontre toutefois l'urgence générée
par la pression du COVID sur la santé publique. De plus, la balance entre le
risque à un individu versus le bénéfice pour un groupe s'applique.
« Il y a un risque que ce soit trop rapide. Quelle est
la grosseur de ce risque? Les experts peuvent le mesurer. Il y a aussi un
risque de ne pas prendre de décisions rapides. Cependant, ce risque est amplement
comblé par les bénéfices que la société peut en tirer », explique le
pharmacologue.
Medicago
Fondée à Québec, où elle emploie 300 personnes, Medicago
appartient depuis 2013 à la firme japonaise Mitsubishi Tanabe Pharma. Contrairement
aux entreprises pharmaceutiques, Medicago a développé une approche lui
permettant de fabriquer des protéines pseudo-virales à l'aide des plantes. Une
fois inoculées, ces protéines imitent le virus, amenant le système immunitaire
à fabriquer des défenses contre le véritable virus.
L'entreprise espère faire partie des laboratoires qui
sortiront gagnants de la course au vaccin contre la Covid-19. Elle s'est fixé
pour objectif de démontrer l'efficacité de son vaccin durant la première moitié
de 2021.
Ces deux entreprises ont déjà travaillé ensemble. Le fruit
de leur collaboration est un vaccin de grippe saisonnière qui est commercialisé.
Selon Q&T Recherche, leur plateforme à base de plantes est innovatrice,
exclusive et a démontré sa performance.
« En pharmacie, je distribue des médicaments chaque jour et
j'ai travaillé dessus alors que ce ne l'était pas encore. Il y a quelquefois où
on sait que l'on touche à des produits qui vont faire une différence. Celui-là,
c'est un exemple », conclut M. Gervais.