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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Robert Milot, mon prof d'histoire

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Ça y est. L'hebdomadaire Charlie a publié son numéro d'après massacre. Évidemment, une partie du monde musulman a réagi. Mal. Une partie du reste du monde a réagi aussi. De différentes façons.

De fait, les réactions vont dans tous les sens. Les musulmans plus radicaux crient au scandale. Les moins radicaux affichent un malaise contrôlé. Bien des gens qui ont affirmé « Je suis Charlie » sont estomaqués (voire surpris) de réaliser ce que contient vraiment Charlie Hebdo. J'en ai entendu plusieurs dire que « quand, même, il ne faut pas faire exprès! »

Les coudes serrés, nous étions Charlie. Avec raison. Et nous nous réclamions de la liberté d'expression. Mais là, on a le goût de retraiter un peu, il me semble. On se dit que d'autres tueries vont survenir si on alimente le brasier. Tout est question de perspective. De celle qu'on se donne quand on prend le temps de filtrer et analyser l'information qu'on reçoit.

Dans les années '70, un professeur a marqué mon parcours au secondaire. Profondément marqué. Robert Milot m'enseignait l'histoire. Mais l'homme me fascinait pour l'ensemble de son œuvre! Il avait confectionné une réplique miniature du Séminaire de Sherbrooke, à l'échelle, S.V.P. Sauf erreur, cette maquette fabuleuse est encore visible dans le hall d'entrée de la vieille institution scolaire. En 1975, celle-ci célébrait 100 ans de présence dans le décor Sherbrookois

M. Milot nous racontait l'histoire. Parce qu'il s'était assuré de bien la comprendre d'abord. De saisir les nuances, les états d'esprit des personnes impliquées. L'esprit de M. Milot en était un d'exception. Sa polyvalence et sa curiosité donnaient un relief à ce qu'il disait. À ce qu'il racontait. Au-delà des dates et des descriptions d'événements, il proposait l'état d'esprit des acteurs de l'histoire. Il s'intéressait au pourquoi autant qu'au comment. C'est lui qui, le premier, m'a convaincu (je le comprends maintenant) que le recul est nécessaire pour saisir et comprendre ce qui se passe.

M. Milot ne m'a enseigné qu'une année. J'en aurais pris plus. Il m'a démontré l'importance de cultiver un esprit critique, tout en me faisant voir et comprendre que critique, ça ne veut pas dire chiâleux. Par ses actions, il m'a aussi montré que la polyvalence existe vraiment. Qu'on peut être manuel et cérébral en même temps.

Je n'ai pas revu M. Milot depuis. Mais j'ai encore pensé à lui dans la saga Charlie. Et j'ai essayé de me donner une sorte de distance de pensée par rapport aux événements. Même si je sais que c'est difficile. M. Milot nous disait qu'il faut souvent un minimum de 50 ans dans l'espace-temps pour avoir une vision quelque peu détachée d'un événement historique. C'est le temps minimal pour se soustraire aux considérations culturelles et sentimentales d'un événement.

Mais on ne vit pas 50 ans plus tard.

J'ai affirmé que j'étais Charlie. Et Raif Badawi. Je persiste et signe. Mais je ne m'abonnerai pas à Charlie Hebdo, cela dit. Dans la liberté que j'aime défendre, il y a celle de l'expression, bien sûr, mais aussi celle d'adhérer ou non à l'expression émise par un tiers. Dit autrement, « Je suis Charlie », pour moi, est un symbole de liberté d'expression. Je n'ai pas à cautionner l'ensemble de l'œuvre, mais je n'accepte pas qu'on lapide ceux qui s'y expriment.

La liberté d'expression, c'est comme un kiosque de revues dans un dépanneur spécialisé. Il y a de tout. Vraiment de tout. De l'offensant au ringard en passant par l'absurde et le caustique. Somme toute, bien peu de ces publications m'interpellent. Mais elles ont le droit d'exister. Je ne m'offusque pas du fait qu'un tiers publie des trucs qui ne me rejoignent pas. Je crois en l'intégrité de l'être et en sa capacité de réfléchir.

Dès le secondaire, M. Milot m'a appris comment un chef d'état manipule son peuple. L'imposition d'un message absolu, celui qui mène au contrôle idéologique, passe d'abord par le contrôle de l'information et de l'éducation. L'abrutissement collectif arrive ensuite.

La liberté habite dans l'univers contraire.

Clin d'œil de la semaine

Finalement, il n'y avait rien de secondaire dans l'enseignement de Robert Milot.


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