Plusieurs organismes communautaires ont manifesté mercredi devant les locaux de la Chaudronnée de l'Estrie, sur la rue Bowen. Ils ont servi une soupe à l'eau symbolique pour faire la démonstration que si les coupes perdurent, l'eau est tout ce qu'il restera pour les démunis.
« Les personnes démunies sont de plus en plus coupées financièrement et ils peuvent de moins en moins arriver à acquitter leurs factures mensuelles en plus de devoir jongler avec des coûts en progression constante, explique le coordonnateur de la Chaudronnée, François Lemieux. Les organismes communautaires qui leur viennent en aide vivent la même chose. Les enveloppes n'augmentent pas et même que parfois, les budgets diminuent. C'est très difficile de réaliser nos missions auprès des gens dans le besoin. »
La Chaudronnée avait dû abandonner son service de fin de semaine un peu plus tôt cette année, faute de financement qui originalement, provenait d'un appel de projets piloté le Plan d'action gouvernemental pour la solidarité et l'inclusion sociale (PAGSIS) du gouvernement du Québec. Selon François Lemieux, l'organisme a besoin de 80 000 $ par année pour remettre sur pied ce service qui avait été victime de son succès.
Maintenir ses services de base a été difficile ces derniers mois pour la Chaudronnée. Au lieu des 180 repas servis par jour en moyenne, l'organisme a dû répondre à une demande de 200 repas. Et le nombre augmente à chaque mois.
« On ne pourra pas tenir le cap comme ça encore longtemps, affirme François Lemieux. Nous avons coupé des heures et rendu moins de services aux gens, mais on a tout de même pu maintenir nos heures d'ouverture et à répondre à la demande jusqu'à maintenant. Si tout va bien, on devrait ne pas avoir de déficit cette année, comparativement à 25 000 $ l'an dernier. Mais rien n'est garanti pour l'année prochaine. »
François Lemieux a rencontré les députés de la région, sans succès.
« Ce qu'ils proposent n'est pas viable. C'est bien beau la charité, comme la grande guignolée des médias demain [jeudi], mais le gouvernement doit faire sa part. il encourage les entreprises privées en les finançant et parle même d'augmenter les salaires des députés. Si chacun doit faire sa part, ce serait bien qu'il fasse la sienne et qu'il finance mieux les groupes communautaires pour qu'on puisse rendre les services dont la population a besoin. »
Pour le coordonnateur de la Chaudronnée, ce n'est pas normal de laisser des gens pour contre dans la rue. Selon lui, l'accès à l'aide sociale ou aux services d'aide est devenu difficile et d'une complexité qui en décourage plus d'un à poursuivre ses démarches.
« On va couper où maintenant? On ne sait pas, affirme M. Lemieux quant à la marge de manœuvre dont dispose la Chaudronnée. On doit entretenir l'immeuble, assurer la préparation des repas et payer les services de base qu'on n'a pas le choix de financer. C'est là qu'on en est. »