Mercredi matin, la Ville de Sherbrooke a tenu une séance
extraordinaire du conseil municipal afin de notamment adopter une résolution
demandant au ministère de l'Environnement du Québec (MELCC) de réviser sa
position concernant la protection du lac Memphrémagog.
Ainsi, Sherbrooke demande « de faire état de la situation et
de protéger le lac Memphrémagog qui est la source d'eau principale de plus de
175 000 personnes et de mettre tous les efforts politiques requis, ainsi
qu'exiger la mise en place d'un moratoire à caractère permanent, afin de ne
plus acheminé le lixiviat à la station d'épuration à la station des eaux usées
à la municipalité de Newport au Vermont ».
La résolution demande également de garder, de façon
permanente, le moratoire mis en place en 2019 aux États-Unis afin d'interdire
l'acheminement du lixiviat du site d'enfouissement de Coventry, dont
l'émissaire est localisé dans le lac Memphrémagog.
Cette demande est faite puisque des analyses réalisées par
le ministère de l'Environnement en automne dernier ont démontré que des traces
de substances polyfluoroalkyliques (PFAS), des composés toxiques, ont été
retrouvées à l'usine de traitement d'eau J.M-Jeanson. L'eau contaminée
provenait du lac Memphrémagog, qui est la source d'eau potable pour 155 000 Sherbrookois.
« À Sherbrooke, nous avons la chance de produire de l'eau
potable à partir d'une chaîne de traitement qui n'utilise aucun produit
chimique. Nous devons y voir maintenant », indique le maire de la Ville de
Sherbrooke, Steve Lussier.
Selon ses dires lors de la séance extraordinaire, ces
contaminants viendraient altérer la qualité de l'eau à long terme.
« C'est un dossier qui nous tient à cœur à Sherbrooke. C'est
notre source d'eau potable, donc on veut la protéger. Pas juste pour les prochaines
années de moratoire, mais bien pour des centaines d'années », ajoute la
présidente du comité de l'environnement de la Ville de Sherbrooke, Karine
Godbout lors de la rencontre virtuelle.
Une substance déjà présente
Comme mentionné plus haut, un moratoire a été mis en place
afin d'empêcher ces composés toxiques, également appelés « jus de poubelle »,
de se retrouver dans cette source d'eau potable. Celui-ci est en vigueur
jusqu'en 2023.
Pour le renouveler, la Ville de Sherbrooke souhaite faire une
rencontre rapidement avec les ministères de l'Environnement des gouvernements
provincial et fédéral sur la question. D'ailleurs, elle espère plus qu'un autre
quatre ans. Elle veut qu'il dure dans le temps pour assurer la protection de
son eau potable.
« Nous sommes préoccupés par la présence des contaminants
retrouvés à la prise d'eau de la Ville de Sherbrooke puisque le composé
perfluoré retrouvé en plus forte concentration dans l'eau brute de la ville
correspond exactement au composé perfluoré qui s'avérait majoritaire dans le
lixiviat de Coventry en 2018. Il nous est difficile de ne pas faire de
parallèle entre la présence des contaminants à notre prise d'eau brute et le
transport du lixiviat de Coventry à la station d'épuration des eaux usées de
Newport », explique Jean-Pierre Fortier, chef de la Division de la gestion des
eaux et de la construction de la municipalité, par voie de communiqué.
« Ce ne sont pas seulement les composés perfluorés qui nous
inquiètent, mais bien les milliers d'autres contaminants émergents qui
composent de telles soupes chimiques et dont les répercussions sur la santé
humaine et l'environnement sont encore méconnues. Comme société, nous devrons
réfléchir collectivement à cette problématique, mais aujourd'hui nous avons l'occasion
de protéger un bassin d'eau brute cristallin et les autorités compétentes
doivent penser et agir en ce sens », renchérit Mme Godbout.
La Ville de Sherbrooke désire donc débuter les discussions
le plus rapidement possible puisqu'elle prétend qu'il y a une certaine urgence dans le dossier.