Le centre-ville de Sherbrooke fait souvent parler de lui; parfois en bien, souvent en mal. Il a ses résidents, ses clients habitués, ses visiteurs épars, et ceux qui l'évitent carrément.
Les dernières décennies n'ont pas épargnées la dévitalisation de ce secteur de la ville, malgré les efforts et les sommes investies pour le garder vivant et dynamique. Malgré les perceptions souvent erronées de certains face au Centro, deux acolytes connaissant bien et aimant leur patelin, ont choisi de mettre en lumière sa beauté sous-estimée.
Le réalisateur Jean-Sébastien Dutil et l'historien Jean-François Vachon, ont développé une série documentaire dédiée à redonner ses lettres de noblesse au quartier qu'est le centre-ville. Étalée sur six épisodes de 20 minutes, la série accompagne les deux comparses qui vont à la rencontre des gens qui l'habitent, le font vivre et l'animent tout au long de l'année.
Un désir de partager l'expérience de la vie au centro est leur première source d'inspiration. « On veut inviter les sherbrookois à redécouvrir leur centre-ville, quand ça fait longtemps qu'ils n'y sont pas venus. Les gens qui ont été déçus d'une période de dévitalisation qu'il y a eu dans les années '90-2000. Pour ceux qui aiment beaucoup leur centre-ville, c'est une façon pour eux de continuer à faire tourner cette roue-là, (celle) de la passion pour ces lieux, de voir les gens qu'ils connaissent, de voir les commerces qu'ils apprécient », explique Jean-François Vachon. Il fait remarquer que le mouvement de revitalisation de nombreux centre-ville, à l'image de Sherbrooke, attire de nombreux visiteurs de l'extérieur, curieux de découvrir ce qui le caractérise.
L'historien de formation a d'ailleurs pu avoir accès à toutes sortes d'images et de photos d'archives, relatant les différentes époques ou les moments charnières des commerces et bâtiments visités. En plus d'explorer son histoire, les deux habitués du centro dévoilent plusieurs facettes du centre-ville comme ses habitants, ses espaces communs et de socialisation, ses nombreux restaurants, les organismes communautaires, et ses lieux de diffusion culturels.
Leurs plus belles découvertes sont sans contre dit les personnes qu'ils ont eu la chance de rencontrer tout au long de cette aventure. Un bel exemple est leur entrevue avec M. Pierre Ellyson, fier propriétaire des restaurants Louis Luncheonette. « Dans la série on va pouvoir atteindre un public plus général. Quand tu es de Sherbrooke et que tu connais Louis depuis des années, des questions te viennent comme : Comment est-ce qu'il est arrivé à en être propriétaire, à ouvrir plein de succursales? C'est une opportunité de toucher les gens », de dire le réalisateur Jean-Sébastien Dutil.
« C'est beaucoup de rencontres touchantes, à la fois pour le contenu humain, leurs vécus et leurs personnalités. On a fait près de trente entrevues, donc on a vu toutes sortes de gens de bagages différents, de lieux différents, d'âges différents aussi », renchérit Jean-François Vachon.
Plus d'une centaine de tournages ont été effectués pour construire la série. Des images d'archives, des photos et des articles de journaux agrémentent le documentaire, racontant le passé du centre-ville et faisant revivre certains lieux comme Le Flamingo, le Moulin Rouge et le Luxor. Ces derniers lieux étaient non seulement des hôtels, mais aussi des endroits importants pour la gastronomie de la ville et comme enceinte de diffusion culturelle à leur époque. La série documentaire Mon Centro sera diffusée sur Bell Fibe TV1 dès le samedi 7 septembre. Les partenaires sont présentement à la recherche d'autres diffuseurs pour rendre disponible le fruit de leur travail au plus large public que possible.
« C'est vraiment un bel univers le Centro, on se sent chez soi. C'est comme un petit village dynamique où tout le monde se connaît », conclut avec enthousiasme Jean-Sébastien Dutil.
crédit photo du bas: Elise Benamer; Jean-Sébastien Dutil et Jean-François Vachon