Les Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) ont
dévoilé les données d'une étude concernant la rareté de main-d'œuvre au Québec.
Cette situation représente une perte économique directe de plus de 18 milliards
de dollars à travers la province au cours des deux dernières années, dont près
de 1,5 milliard en Estrie seulement.
Ce chiffre s'explique par le refus de contrats, de devoir
payer des pénalités de retard ainsi qu'une réduction de leurs activités en
raison du manque de personnels au sein de leur compagnie.
Selon l'organisation, les possibilités de croissance des
entreprises manufacturières de la région ont notamment été plus difficiles
puisque la main-d'œuvre spécialisée se fait plus rare. C'est entre autres pour
cette raison que les pertes estimées en Estrie atteignent 1 455 millions
de dollars lors des deux dernières années.
D'ailleurs, selon les données recueillies, 66 % des sociétés
sondées ont dû refuser des contrats et/ou accumuler des retards de production
au cours de cette période. De plus, 38 % de celles-ci ont envisagé de
déménager une partie de leurs activités à l'étranger ou de donner davantage de
contrats. Ces deux situations sont survenues en raison du manque criant
d'employés.
« La pénurie de main-d'oeuvre est un frein à la relance économique.
Combien d'argent le gouvernement est-il prêt à perdre dans les prochaines
années? Combien d'entreprises devront refuser des contrats, délocaliser une
partie de leurs activités à l'étranger ou réduire leur croissance ou fermer
avant que l'on s'attaque à la pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur
manufacturier avec des mesures qui ont de l'impact? », se questionne Véronique
Proulx, présidente-directrice générale de MEQ.
À l'échelle
provinciale
La situation est généralisée à l'ensemble de l'industrie
alors que 98,5 % des entreprises sondées affirment avoir besoin de
main-d'oeuvre et 70 % d'entre elles disent refuser des contrats ou payer
des pénalités de retards de production.
C'est près d'une compagnie sur quatre qui a besoin de
combler 20 % ou plus de sa main-d'œuvre. 49 % des postes à pourvoir
correspondent à ceux aux salaires entre 20 et 29 $ de l'heure. De plus, au
deuxième trimestre de 2021, le secteur de la fabrication au Canada comptait 65 905 postes
vacants, dont 25 330 au Québec. Ce chiffre est un record.
« Le bassin actuel de travailleurs actuel ne suffit tout
simplement pas. Le gouvernement doit proposer des mesures spécifiques pour
pallier la pénurie de main-d'œuvre dans le secteur manufacturier et aligner ses
programmes au manufacturier pour avoir une vision d'ensemble concertée et
cohérente qui aura un réel impact », explique Mme Proulx.
D'ailleurs, dans l'étude de MEQ, 2 entreprises sur 3
croient que le gouvernement du Québec pourrait en faire beaucoup plus pour
aider à régler le problème de pénurie de main-d'oeuvre.
Ces chiffres proviennent d'une tournée de consultations
réalisée auprès de sociétés manufacturières de dix régions à l'échelle de la
province menée par Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) et d'un
sondage effectué auprès de 401 manufacturiers québécois entre le 19 mai
et le 24 juin 2021.
Actions à prendre
« Sans actions tangibles de la part du gouvernement pour
résoudre cette crise, les chances d'avoir une relance structurante de l'économie
apparaissent faibles », souligne Véronique Proulx.
Ainsi, pour répondre à la pénurie de main-d'œuvre, MEQ propose
notamment que le gouvernement facilite l'embauche de travailleurs étrangers en
augmentant les seuils d'immigration économique permanente et en accélérant le
processus d'admission. Il suggère aussi un meilleur investissement dans la promotion
du milieu manufacturier et dans la formation en entreprise. Il recommande
également d'accentuer le soutien financier pour l'automatisation des usines.