Le récit de cette
semaine ne vous laissera pas indifférent. Il témoigne de ce qui s'est passé
lors de la Guerre du Vietnam en 1970.
Xieng Khouang est une petite ville au Nord du Laos, déclarée zone neutre lors
de la guerre du Vietnam. Mais, la fameuse piste Ho Chi Minh qui permet aux Nord-vietnamiens
de ravitailler leurs troupes au sud passe par le Laos. Les Américains qui se
battaient avec les Sud-vietnamiens bombardent la piste afin d'empêcher les
troupes du Nord d'atteindre le Sud. Les avions militaires des USA sont basés en
Thaïlande.
Les bombes larguées ont la forme d'une fusée et sont remplies d'environ 600
petites bombes. La paroi externe de la bombe se rupture en tombant, larguant
les petites bombes qui, à leur tour, contiennent des centaines de billes.
Environ le tiers n'aurait pas explosé à l'impact laissant environ 30 millions
de bombes sur ou sous la terre, sous les maisons et dans les rizières.
Les avions américains étaient surchargés de bombes, alors quoi faire avec le
reste ? Pourquoi ne pas bombarder le Nord du Laos afin d'éliminer Pathet Lao (mouvement
communiste durant la guerre froide)? De leur point de vue, il n'y aurait pas de
gaspillages de bombes et c'est ainsi que Xieng Khouang fut entièrement détruit.
Les Américains ont gardé ce bombardement secret pendant des années.
Xieng Khouang est devenu Phonsavan
Bien que reconstruite au milieu des années 1970, Phonsavan travaille fort à
remonter la pente. Nous arrivons donc à Phonsavan après une longue route de 12
heures en autobus étant partis de Vientiane, la capitale du Laos. La route est
belle, mais remplie de serpentins et on aura un seul arrêt pipi pour manger du
riz.
Phonsavan est une ville moderne avec une seule grande rue principale, une gare
routière et un petit aéroport national. On croirait se retrouver dans un film « Western
Spaghetti ». Ce n'est pas vraiment une ville accueillante pour les
touristes même s'il y a 12 hôtels, plus de 30 restaurants et de nombreux
commerces à soupe POO (boeuf et nouilles de riz). Il y a beaucoup de cafés Internet
et la connexion est suffisante pour skype.
Après une bonne nuit de sommeil au Maly Hotel, très recommandable pour la région,
nous sommes partis à pied découvrir cette ville ravagée par les bombardements.
Des preuves de l'intensité des combats existent lorsqu'on voit les cratères au
milieu des champs, les coquilles des bombes présentes un peu partout dans la
ville et les véhicules militaires.
Au marché local, en
plus de produits frais tels que champignons, prunes et fruits de la passion, on
y trouve des viandes exotiques telles que des rats vivants et des faisans. J'ai
été végétarienne le reste de la semaine.
Nous avons adopté le resto Cratères, tout près de notre hôtel, dont l'intérieur était très agréable à comparer à d'autres et la Tiger Beer nous désaltérait après une grosse journée dans la poussière. Leur boisson spéciale est le Matsutake, un whisky fabriqué à partir d'un champignon provenant des forêts de pin. (Robert y a goûté...pas moi)
De nombreuses bombes non-désamorcées sont encore présentes et en moyenne 60 personnes meurent chaque année. On ne doit pas s'aventurer hors des sentiers battus. Un centre d'information touristique, le MAG, nous informe sur les UXO (munitions non explosées). Ils déblaient à la brosse les terrains, utilise un détecteur de métal pour ainsi reconnaître l'explosif. Le centre MAG nous permet d'assister à ce processus de déminage.
Pendant la guerre, des milliers de locaux ont trouvé refuge dans des grottes. Il y en a deux qui sont ouvertes au public. La Tham-Piu-Cave, où sont ensevelis les os de 374 personnes tués en 1969 par un missile américain, et la Tham-Xang Cave où se trouvait un hôpital ainsi qu'un arsenal et un dépôt de médecine. On peut y voir les preuves.
L'orphelinat SOS, fondé en 1998, peut être visité par les touristes. Les dons sont appréciés. Il recueille aujourd'hui environ 145 enfants et gère également une dizaine de familles d'accueil. Impossible de visiter un endroit comme celui-ci et de rester indifférents. Il y a des soirs où le souper se faisait attendre.
Ce peuple meurtri et détruit par la guerre réussi à survivre en vendant aux touristes ses produits locaux tels que des colorants naturels. Ils se servent notamment pour faire des motifs sur les items à vendre, des parapluies de papier de mûrier, des cuillères, des jardinières et des foyers à BBQ à partir des déchets de guerre et de la broderie Hmong.
Plusieurs nous ont demandé ce qui nous avait attiré à Phonsavan puisque c'est très déprimant de visiter cette ville. Dans une autre chronique, je vous parlerai de la Plaine des Jarres, l'une des raisons de notre passage ici. La visite de cette ville nous ouvre les yeux sur une situation encore méconnue de plusieurs.
Bonne semaine et trouvez-vous chanceux de vivre dans notre Monde.
Lili & Deslo
