Société Arts & culture Sports Chroniqueurs Concours Annonces Classées

  DÉCOUVERTES / Découvertes

Ma santé mentale, notre trouble social

 Imprimer   Envoyer 
Samedi le 10 octobre 2020

Dans le cadre de la Journée mondiale de la santé mentale, une jeune immigrante témoigne de son parcours, et offre, par le fait même, un espace de réflexion et de dialogue.

C'est à cœur ouvert que je me présente devant ton écran pour souligner la Journée mondiale de la santé mentale! C'est avec lourdeur que je veux te faire part de mon témoignage. Oui, tu ne me connais pas, mais je veux que tu retiennes seulement que je suis une jeune africaine d'origine camerounaise, qui vit au Canada depuis 2016. J'espère qu'après m'avoir lu, tu vas être sensible à mon histoire et en t'y reconnaissant juste un peu, j'espère que la prochaine fois, tu seras là pour moi, pour toi, ou pour l'inconnu que tu trouveras dans la situation que je vais te décrire.

À l'âge de 16 ans, alors vivant en France, je fus diagnostiquée de la bipolarité. Après ce diagnostic, ma vie s'est vu être sérieusement bouleversée. Le plus difficile dans mon parcours fut l'approche avec laquelle les divers membres de ma famille et mes amis ont reçu la nouvelle et m'ont accompagné.

À l'époque, adolescente, vivre avec un tel diagnostic était vraiment compliqué... J'étais jeune et je ne comprenais pas pourquoi cela m'arrivait... à moi. Ça me troublait encore plus. Pourtant, dans mon cas, comme dans plusieurs autres cas, la bipolarité dont j'avais été diagnostiquée avait pour cause plusieurs facteurs tels que l'environnement familial et social. Étant issue d'une communauté immigrante africaine noire, ce diagnostic mental m'indexait énormément et me complexait carrément. Les superstitions de la famille ne m'ont pas aidée non plus, me poussant dans des situations de crises encore plus importantes. Ce que j'essaie de te faire comprendre ici, c'est qu'au-delà de la maladie mentale il y a de vraies personnes qui souffrent... au fond d'une jeune fille que j'étais, il y'avait une jeune fille qui souffrait et qui ne demandait qu'à être supportée et accompagnée.

Un diagnostic de maladie mentale, d'instabilité mentale n'est pas une chose qu'on choisit d'avoir du jour au lendemain. On le devient du jour au lendemain, à cause de différentes situations de la vie, ou à cause de nos gènes familiaux. Des troubles d'anxiété aux troubles de dépression, de bipolarité, jusqu'à l'automutilation ou la schizophrénie, la santé mentale est à prendre avec sérieux et plus d'empathie. Dans mon cas, à l'époque je demandais seulement à être acceptée comme toutes les autres jeunes filles de mon âge. Je souhaitais que mes amis ne voient en moi rien de différent à eux. J'ai fait en tout 6 ou 7 crises qui m'ont tout conduit à l'hôpital psychiatrique... Plus jeune, les crises étaient fréquentes, car je n'étais pas passée en phase d'acceptation de la médication. Depuis que je vis au Canada, ces crises j'en ai fait 2 : une en 2016 et la dernière cette année.

Étant arrivée ici au Canada, je croyais que le regard surement serait plus compatissant, mais j'ai quelquefois, un peu trop de fois, été surprise par des regards perturbateurs qui m'ont bien souvent affectée. Finalement, j'ai fini par comprendre que le problème n'était pas l'altération de ma santé mentale, mais plutôt que le monde a peur de ce qu'il ne connait pas.

Voici ce que j'aimerais que tu retiennes! Dans la communauté immigrante et en dehors, nous devrions mettre en place plus d'outils qui permettraient d'aider autant les personnes souffrant d'un diagnostic mental que les autres. Nous devons démystifier la peur derrière le mot « mental ». Et si toi, tu as un diagnostic de maladie mentale, il te suffirait de te dire qu'en dépit de nos origines, nos croyances, notre couleur de peau ou autre, dans la communauté humaine qui nous compose, nous pouvons nous faire aider et avoir espoir de guérir malgré le regard désobligeant des autres. Pour ceux qui n'ont pas de diagnostic, je vous encourage fortement à accompagner vos proches dans le processus de guérison et de vous tenir informés sur la question.

Je vous invite donc à parler de la santé mentale pour mieux aider, car bon nombre souffrent encore en silence. Des organismes existent, des lignes téléphoniques aussi, mais avoir un frère, une amie, une sœur ou un conjoint à l'écoute peut vraiment aider et surtout faire la différence. N'aies pas honte de demander de l'aide, car ton équilibre pourrait en dépendre.

Pour terminer, j'aimerais dire ceci : la santé mentale on n'en parle pas souvent, mais ce n'est pas parce qu'on en parle pas qu'elle n'existe pas. La santé mentale englobe notre bien-être émotionnel, psychologique et social. Elle affecte grandement la manière dont nous nous sentons et réagissons face aux autres. C'est comme une grippe ou un mal de dents. Elle est si importante et si fragile. Au fond, quand on regarde avec attention, quand on regarde au-delà du trouble mental, on est tous humains, exposés au même risque d'être troublés. N'est-ce pas que nous sommes tous différemment pareils? En effet, on se ressemble bien plus qu'on pense!

Thia, jeune leader à Dialogue +


  A LIRE AUSSI ...

Entraves à la circulation sur la 12e Avenue Nord et sur la rue King Ouest à Sherbrooke

Jeudi le 18 avril 2024
Entraves à la circulation sur la 12e Avenue Nord et sur la rue King Ouest à Sherbrooke
Augmentation importante des fraudes en Estrie

Jeudi le 18 avril 2024
Augmentation importante des fraudes en Estrie
Le prix de l’essence en forte hausse en Estrie

Jeudi le 18 avril 2024
Le prix de l’essence en forte hausse en Estrie
NOS RECOMMANDATIONS
Danielle Berthold perd son poste de présidente du conseil municipal de la Ville de Sherbrooke

Lundi le 15 avril 2024
Danielle Berthold perd son poste de présidente du conseil municipal de la Ville de Sherbrooke
Une entrepreneure de Magog part en VR pendant quatre mois avec ses deux enfants

Mardi le 16 avril 2024
Une entrepreneure de Magog part en VR pendant quatre mois avec ses deux enfants
Danielle Berthold a refusé le poste de mairesse suppléante de la Ville de Sherbrooke

Lundi le 15 avril 2024
Danielle Berthold a refusé le poste de mairesse suppléante de la Ville de Sherbrooke
PLUS... | CONSULTEZ LA SECTION COMPLÈTE...

 
Jasons Théââââââtre
Jeudi, 18 avril 2024
Le trac du printemps… des Ateliers-théâtre

Daniel Nadeau
Mercredi, 17 avril 2024
Zone de guerre

François Fouquet
Lundi, 15 avril 2024
La peur, l’agacement, l’émerveillement

Quatre arrestations rue Goodhue à Sherbrooke par le groupe Accès Cannabis Par Daniel Campeau Vendredi, 12 avril 2024
Quatre arrestations rue Goodhue à Sherbrooke par le groupe Accès Cannabis
Une dame blessée et quatre chiens décédés dans un incendie à Sherbrooke Par Daniel Campeau Lundi, 15 avril 2024
Une dame blessée et quatre chiens décédés dans un incendie à Sherbrooke
Sherbrooke est la 4e ville la plus « oublieuse » au Québec Par Julie Meese Mercredi, 17 avril 2024
Sherbrooke est la 4e ville la plus « oublieuse » au Québec
ACHETEZ EstriePlus.com
bannières | concours | répertoire web | publireportage | texte de référencement | site web | vidéos | chroniqueur vedette
2024 © EstriePlus.com, tous droits réservés | Contactez-nous