Début juillet, l'artiste visuel d'origine argentine José
Luis Torres présente Vice-Caché, une œuvre
extérieure installée dans le stationnement du Musée des Beaux-Arts de
Sherbrooke. Il s'agira du premier jalon d'une série de deux créations pavant la voie
vers la réouverture de l'institution le 1er octobre prochain.
Mettant en scène les préoccupations actuelles face la
pandémie, l'œuvre Vice-Caché
se présente telle une représentation de l'enfermement et du confinement, mais aussi d'un
chez soi, d'un habitat, de quelque chose qui attend de l'intérieur. Au-delà des
multiples objets disposés comme un amas, l'artiste cherche surtout à produire
une réaction, un effet sur celui ou celle qui observe l'œuvre. Le fait qu'elle soit
située à un endroit passant, a pour objectif de rendre ce type d'installation
accessible à un plus large public.
Idem pour le deuxième volet sur lequel M. Torres vient de
mettre la touche finale au Square Queen, parc éphémère érigé dans l'arrondissement
Lennoxville pour l'été. Ce petit coin de verdure est aménagé d'une scène
accueillant des spectacles de la Brise culturelle, des tables de picnic, et
maintenant la pièce nommée La clairière. Une collaboration du musée avec la
Galerie d'art Foreman de l'Université Bishop's, la Ville de Sherbrooke et
Commerce Sherbrooke.
« L'idée c'est de créer un lien entre nature et
culture. La notion d'aborder la nature d'une autre nature; créer un lien avec
un élément qui est déjà dans l'espace comme témoin : un arbre, et tisser
des liens autour de cet arbre pour créer une œuvre qui va être perçue autant de
jour comme de nuit, » d'expliquer José Luis Torres.
Les visiteurs pourront donc apercevoir un grand arbre ceinturé
par une multitude de planchettes de bois peintes en jaune et en vert, sous
lesquelles des guirlandes de lumières viendront magnifier l'expérience. « Je
voulais partir de la couleur et de la fougère; une sorte de nature qui grimpe
comme un parasite autour d'un autre...mais c'est un parasite joyeux. Je suis un
artiste qui travaille souvent dans des œuvres d'intégration : intégrer à
un bâtiment ou un espace; mais cette fois-ci ça me permet de l'intégrer à la
nature. » Il ajoute vouloir faire vivre une expérience plus organique et une d'ouverture, de transparence et d'élévation,
puisque le regard est invité à longer le tronc de l'arbre vers le haut.
Installé au Québec depuis 2003, José Luis Torres propose
une démarche très ancrée dans la réalité d'un immigrant. Il cherche à s'adapter,
à faire sa place dans sa société d'accueil, ce qui implique une reconstruction,
voir une déconstruction de l'individu pour arriver à s'intégrer.
Les deux projets sont liés à la première exposition qui
marquera la réouverture du MBAS au mois d'octobre. Sa conservatrice Sarah
Boucher se dit ravie de pouvoir présenter de nouveau, des artistes et leurs œuvres.
Elle croit que le travail de M. Torres est tout indiqué pour reprendre les
activités de l'institution. « Pour faire un lien avec cette production
extérieure, José Luis apporte quelque chose de pertinent; c'est coloré, c'est
vivant, c'est conçu pour le site lui-même, et ça va être pensé pour le musée. C'était
un peu ça l'idée de faire une installation extérieure qui va permettre de
donner envie de rentrer. Comme partout il va y avoir des règles sanitaires à
respecter, mais ça va être accessible et ça va faire vivre une expérience où on
va être physiquement à l'intérieur de quelque chose », commente la
conservatrice du MBAS.
Sarah Boucher et son équipe sont très fébriles à la
perspective de reprendre le montage des prochaines expositions. En attendant,
les deux œuvres de José Luis Torres demeurent visibles à ces deux endroits de
la ville pour les curieux en manque d'art visuel adapté au moment que nous
vivons tous.
mbas.qc.ca