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Phénomène rare, le bonimenteur Fred Pellerin est en ville…

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Photo : Pour son huitième passage dans cette salle mythique où se cache incognito le fantôme Georges, les billets se font aussi rares que « la marde de pape! » - Sylvie L. Bergeron (Photos Théâtre Granada et Perry Beaton archives)
Sylvie L. Bergeron Par Sylvie L. Bergeron
Vendredi le 9 novembre 2018

Que peuvent avoir en commun les hameaux en France de Choisel, au cœur de la Vallée de Chevreuse, de Lignerolles, sur la route de Montigny-sur-Aube, de l'Isle-de-la-Sorgue, entre Avignon et la Vallée Nord Luberon, de Saint-Florent-le-Vieil, dans le pays de la Loire, de Équeneville, près de Deauville en Normandie, de Thiercelieux, aux contreforts de la Champagne, et de Saint-Élie-de-Caxton, dans le comté de Maskinongé, en Mauricie ?

Semblable à un véritable univers romanesque qui brosse les destinées de toute une communauté, ces municipalités de moins de 5 000 habitants accueillent en leurs murs des personnalités désormais célèbres. Aussi éminentes que légendaires, ce sont, respectivement, des gens de lettres, à savoir Michel Tournier, Claude Lévi Strauss, René Char, Julien Gracq, Françoise Sagan, Éric Hodler et, bien sûr, Fred Pellerin.

L'ami et cousin Fred est tombé dans la marmite du conte dès l'enfance. Grâce à un grand-père et une grand-mère qui n'avaient pas la langue dans leur poche, il a commencé très tôt à tisser les souvenirs, voire les rumeurs, à même son train-train quotidien. Après des études en littérature à l'Université du Québec à Trois-Rivières, le « conteur devenu agréable par mégarde » s'est forgé, à force, la tête de l'emploi.

Ses histoires, ses spectacles, ses publications, ses albums et surtout ses tours phrastiques ne se comptent déjà plus, lui qui embrasse aujourd'hui la jeune quarantaine. Pour paraphraser André Lemelin du festival Bouche à oreille, qui a vu en lui un « petit Mozart du conte », on dira mieux qu'il raconte avec brio son village natal, en mettant en scène des personnages inspirants : les Toussaint Brodeur, Ésimésac Gélinas, Méo, le coiffeur ivrogne, la Belle lurette, la sorcière aux rivières à sangsues... Plus grands que nature, ceux-ci ont bien vieilli, partageant leur héritage avec de nouveaux venus, dont Alice, la postière du village, et le bossu symphonique qu'il a si candidement promené avec maestro Kent Nagano de l'Orchestre symphonique de Montréal.

Depuis ses débuts, imprégnés de bonhommie, de poésie et un peu de douces niaiseries ou de menteries, on retrouve chez le passeur de culture plusieurs spectacles qui ont donné à ce jour de très juteuses histoires à dormir debout.

Le bonimenteur nous a livré, entre autres, un album concocté avec son frère Nicolas, lui aussi sur un excellent filon, puis deux films qui jouent la fable à fond la caisse. Sorti en salle, il y a une bonne dizaine, Babine, du nom du personnage principal, n'a laissé personne stoïque. Pour le moins, il a touché les esprits encore mieux les cœurs ! Tiré d'un recueil au titre évocateur, « Il faut prendre le taureau par les cornes », l'œuvre réalisée par Luc Picard, au coût de 6,3 millions $, a ouvert une nouvelle boîte de pandore au diseur phraseur trifluvien. Plusieurs semaines à l'affiche durant le temps des fêtes, en 2008, les longs métrages Babine et ensuite Ésimésac, en 2012, sont arrivés à point nommé dans le parcours du poète vulgarisateur qui a remporté son lot de récompenses.

Question de faire saliver, mentionnons : Concours littéraire de la Société des écrivains de la Mauricie (2001), Médaille de bronze des Jeux de la francophonie (2001), Prix Gérald-Godin (2002), Prix du scripteur de l'année à l'Adisq (2005), Mérite du français dans la culture (2006), Disque d'or pour album Silence (2009), Prix Hommage, Grands Prix de la ruralité (2010), Spectacle de l'année et Interprète de l'année, Gala de l'Adisq (2011), Chevalier de l'Ordre national du Québec (2012), Félix du meilleur album folk de l'année (2012), Doctorat Honoris causa de l'Université Laval (2014), Compagnon de l'ordre des arts et des lettres du Québec (2015)...

Bardé de fil d'or, que se passe-t-il maintenant avec le pèlerin chanteur qui a battu tous les records de représentations devant public pour ce genre littéraire sorti des boules à mite ? À Sherbrooke, rappelons que Pellerin a fait salle comble au Théâtre Granada en octobre 2006, puis en février 2009, en avril 2013 et en septembre 2014, alors qu'il avait vendu 950 billets une première fois en 2006, 900 en 2005 et une centaine en 2003, au début de ses tournées avec sa douce moitié, la guitare. Pour son huitième passage dans cette salle mythique où se cache incognito le fantôme Georges, les billets se font aussi rares que « la marde de pape! »

Toujours assis entre deux chaises, à la frontière du réel et de la fiction, du conte et de la fable, du drôle et du tendre, facile d'être tentés par les chemins de traverse que nous propose ce troubadour québécois des temps modernes.

Témoin perspicace d'un terroir légendaire, créateur à l'imagination débordante, ange démon rusé qui tricote des récits dont les péripéties ne manquent pas de tenir en haleine, Fred Pellerin sait dire et sait faire. La richesse de sa parole réside autant dans les mots que dans son accent, dans le style ou son inventivité, dans sa langue ou dans les images qu'il réussit à faire jaillir. Non seulement il « enfirouape » le public, mais il ose fredonner des mots crus à entendre, tels que « Bois du thé fort, tu vas pisser drette.»

Dans un passé pas si lointain, alors qu'il cumulait plus de 600 allers-retours Québec-France-Québec, les chroniqueurs culturels Sylvain Cormier, Mario Roy, Johanne Ouellet et Chantal Roy, ont eu raison de nous inciter à mieux tendre l'oreille. Or, à mon tour de vous inviter à découvrir, au confluent de la chanson de geste et de la tradition orale, un monde aux milles possibles et beautés rares.

En ce mi-mandat aux États-Unis, laissons-nous donc bercer par le bonheur tranquille des personnages heureux de Saint-Élie-de-Caxton, et profitons de ce moment en date du 11 novembre, jour de l'armistice centenaire, pour apprécier « ces mille-et-uns mystères qui transportent la bonne humeur et qui éveillent les consciences.»

Malheureusement ou heureusement, selon le point de vue, ou du public ou du diffuseur au centre-ville, le spectacle s'avère une autre fois à guichet fermé!

À défaut d'assister au tour de piste du principal intéressé, on peut écouter son nouvel album, Après, pour se préparer au Défilé du père Noël le 25 novembre, au centre-ville de Sherbrooke.


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