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Fêter quoi et pourquoi le 1er juillet?

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Aujourd'hui, c'est le 1er juillet, jour de la Fête du Canada. Pourtant, de nombreux Québécois vont être heureux du congé, qui est d'ailleurs un congé mobile selon la Loi des normes du travail, mais plusieurs n'auront pas le cœur à fêter le Canada. Pourquoi?

Un pays né de la crainte des Américains!

Le Canada est un pays né de la raison et du calcul politique. Il y a 148 ans aujourd'hui, le Canada est né à la suite d'une entente entre politiciens de colonies britanniques. Ce qui avait motivé le début des discussions entre ces hommes politiques de l'époque, c'était la peur d'une invasion américaine. Les États-Unis, on le sait, étaient à l'époque au cœur d'une guerre civile entre le sud et le nord. Ce qu'est devenu le Canada a été un acteur de premier plan de ce conflit. Des partisans du sud s'étaient réfugiés chez nous pour comploter contre le gouvernement de l'union et pour préparer l'assassinat du président Abraham Lincoln. D'ailleurs, l'assassin de Lincoln, l'acteur américain James Wilkes Booth avait séjourné à Montréal six mois avant l'assassinat de Lincoln pour y rencontrer des représentants de l'armée confédérée. Lors de sa capture, on a découvert sur lui une lettre de change de la Ontario Bank of Montreal. De plus, un livret de la même banque avec un solde de 450 $ a été retrouvé dans ses effets personnels. Malgré tout, les historiens n'ont jamais conclu de façon convaincante que le complot a été imaginé à Montréal.

Ce qui est cependant clair c'est que la crainte d'une invasion américaine et le rapatriement du territoire actuel du Canada sous sa responsabilité ont été au cœur de la volonté des Pères de la Confédération de créer un pays nommé Canada. Pour celles et ceux que le sujet intéresse, je vous recommande l'excellent livre de John Boyko publié aux Presses de l'Université Laval en 2014 intitulé : Voisins et ennemis. La guerre de Sécession et l'invention du Canada.

Quoi qu'il en soit, le Canada n'est pas né d'une guerre, ni d'une révolution. Pas de faits d'armes à glorifier. Le Canada est né de la peur de notre voisin, de petits calculs politiques et de spéculation terrienne. Pas de quoi écrire à sa mère...

Les promesses brisées...

Mais me direz-vous, ce n'est pas parce que nos origines ne sont pas nobles que le Canada ne vaut pas nos efforts et notre estime. Je suis parmi ceux qui croient que le Canada n'est quand même pas le goulag comme le disait René Lévesque, mais je ne peux m'empêcher de me rappeler toutes les promesses brisées de ce pays envers les Canayens devenus les Canadiens français puis les Québécois. La première c'est que le Canada devait être une confédération et non une fédération. Promesse qui fut brisée par le premier de tous les premiers ministres du Canada, John A. Macdonald qui de toute manière préférait de beaucoup un état unitaire à une fédération. C'est le compromis que lui avait arraché l'ancien patriote devenu avocat des compagnies de chemins de fer, Georges-Étienne Cartier.

D'autre part, cette confédération qui n'en fut pas une avait été conclue entre les deux peuples fondateurs, les Anglais et les Français. À l'époque, on faisait abstraction des nations autochtones. Elles n'existaient pas. On l'a d'ailleurs bien vu lorsque l'on a condamné à la potence le métis Louis Riel, près de vingt ans plus tard. Les problèmes des écoles séparées ont aussi illustré le peu de cas que l'on a fait dans ce nouveau pays du respect de l'un des deux peuples fondateurs.

D'ailleurs, les volontés du Québec et des francophones ont été maintes fois ignorées durant toute l'histoire de ce pays que l'on voudrait que nous fêtions aujourd'hui. Que ce soit par le règlement 17 en Ontario, les crises de la conscription des deux guerres, la longue bataille contre le bilinguisme et l'acharnement à s'en prendre à la loi 101 par le gouvernement fédéral.

Une autre promesse brisée est celle de Pierre Elliot Trudeau qui lors du référendum de 1980 avait mis sa tête sur le billot et son siège en jeu pour promettre aux Québécoises et Québécois une réforme du fédéralisme en échange d'un vote pour le Non au référendum du gouvernement de René Lévesque. Plutôt qu'un Canada renouvelé, nous avons eu droit à une nouvelle constitution avec une Charte des droits et libertés, mais aucune avancée pour les revendications traditionnelles du Québec.

Au palmarès de la pire promesse brisée du Canada à l'égard du Québec, nous devons mettre au premier rang l'accord du lac Meech où le Canada par ses provinces a renié pas une, mais deux fois sa signature. Nous connaissons la suite de l'histoire. Jacques Parizeau, avec l'aide de Lucien Bouchard et de Mario Dumont, a presque réussi à faire du Québec un pays. Depuis, c'est le vide total. La paralysie des institutions canadiennes que l'on est impuissant à rénover.

Le présent pire que le passé...

J'en entends déjà certains d'entre vous se questionner : «  mais coudon, Nadeau est-il devenu souverainiste? Tout cela c'est du passé. Aujourd'hui, le Canada est un grand pays, bien géré et où nos libertés fleurissent et le Québec est reconnu comme une nation. Alors pourquoi ces critiques »?

Même si je ne suis pas souverainiste. Je suis d'abord et avant tout Québécois. Ma première fidélité va à ma patrie le Québec et après je suis Canadien, par choix réfléchi et lucide. Néanmoins, je ne suis pas un Canadien à tout prix. Je ne veux pas d'un Canada guerrier, d'un Canada leader des économies sales du pétrole, d'un Canada qui criminalise les jeunes, d'un Canada génocidaire envers ses populations autochtones, d'un Canada qui flétrit nos libertés les plus sacrées au nom des impératifs de sécurité et d'un Canada « junkie » à la monarchie britannique.

Je crois encore à la possibilité d'un autre Canada. Un Canada qui deviendrait une véritable fédération et où les peuples québécois, acadiens et les nations autochtones seront reconnus à part entière. Un Canada qui se ferait un devoir d'être à l'avant-garde des pays d'économie verte et qui serait l'un des leaders de la paix dans le monde. Un Canada enfin respectueux de ses institutions et ouvert aux différences des citoyennes et des citoyens qui se sont joints à nous. Bref, un Canada du 21e siècle.

Pour qu'un tel Canada puisse exister, il faudrait que tous les Canadiens se lèvent et disent à notre classe politique « Fini les folies ». Les Canadiens doivent mettre fin au long exil des Québécois de leur propre pays qu'ils ont bâti et doivent réformer les institutions de ce pays pour en faire un pays du 21e siècle. Sans quoi, nous continuerons à nous demander : fêter quoi et pourquoi le 1er juillet?

Lectures recommandées :

John Boyko, Voisins et ennemis. La guerre de Sécession et l'Invention du Canada. Québec, Presses de l'Université Laval, 2014, 393 p.


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