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Le verdict

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 26 septembre 2018

Nous sommes à cinq jours du verdict de la population concernant l'identité du chef et du parti qui formera le prochain gouvernement du Québec pour les quatre prochaines années. À bien des égards, cette campagne électorale aura été palpitante et pleine de rebondissements. Elle s'est inscrite dans l'ère du temps où le futile et l'accessoire côtoient trop souvent l'essentiel.

Je n'ai pas l'intention dans cette chronique de vous dire pour qui ou pour quoi voter, vous êtes parfaitement capable de faire vos choix. Je souhaite néanmoins partager avec vous mon analyse des forces en présence et vous indiquer comment j'entends faire mon choix. Bien entendu, ce choix n'est pas objectif. Il est teinté de mes valeurs et de mes convictions. Ainsi, je suis profondément convaincu que l'avenir du Québec sera meilleur à l'intérieur du Canada et je suis aussi résolument un défenseur de l'initiative privée et du libéralisme. Ce qui disqualifie à mes yeux certaines options qui nous sont proposées. Analyse d'une campagne électorale étonnante.

Le contexte

On a beau dire, le Québec se porte mieux qu'il ne l'a jamais été sur le plan de ses finances publiques et de son vivre-ensemble. L'actualité nous rappelle que tout n'est pas au beau fixe. Notre système de santé peine à remplir sa mission sous le poids du vieillissement de la population, des innovations et des découvertes qui allongent nos vies ainsi que de ses problèmes d'organisation. Notre système d'éducation arrive difficilement à préparer adéquatement notre jeunesse croulant sous les problèmes de décrochage scolaire et à arrimer l'adéquation de ses contenus avec les besoins d'une économie en constante transformation. Le traitement réservé à nos aînés dans les CHSLD est trop souvent une honte. Les ressources tant financières qu'humaines manquent à l'appel et l'État ne suffit pas à se substituer aux familles qui ont malheureusement, il faut le dire, abandonné leurs parents.

La planète entière est en crise sous l'impulsion des changements climatiques. Des actions énergiques sont requises de la part de tous les pays de cette planète surtout ceux disposant des économies les plus riches. Nous frôlons la catastrophe et nos enfants écoperont de cette facture salée. Ce n'est pas la disparition des pailles de plastique qui changeront les choses. La réalité c'est que pour sauver la planète, il faut abandonner nos modes de vie actuels. Fini le transport individuel et les maisons unifamiliales. Les ordinateurs et le monde connectés prennent trop d'énergies. Exit! Cela est peu réaliste, les populations des mondes privilégiés ne voudront pas renoncer à leur mode de vie. C'est l'impasse.

Nos infrastructures publiques sont en désuétude. Écoles, hôpitaux, routes, mobilier urbain et tutti quanti. Ces dernières années, nous avons fait des pas dans la bonne direction pour renouveler celles-ci, mais on ne peut effacer des décennies de négligence par quelques budgets gouvernementaux.

Tableau sombre de la réalité. J'avoue. Il y a aussi cette croyance, solidement ancré dans mon cœur : les humains rassemblés peuvent déplacer des montagnes et compte tenu de la situation globale de la planète, notre petit coin de pays, le Québec ne s'en sort pas si mal. Le Québec est la société la plus égalitaire en Amérique du Nord. En prime, nos politiciens ne ressemblent pas à Donald Trump.

Le Québec

Au Québec, nos finances publiques se portent mieux. Notre cote de crédit n'a jamais été aussi bonne. La meilleure preuve que ça va mieux c'est les engagements électoraux pris par chacune des formations politiques durant cette élection. À cet égard, les libéraux de Philippe Couillard n'ont pas tort de revendiquer leur contribution à ce prodigieux changement de situation même s'il se garde bien de rappeler le prix payé pour ces finances publiques saines.

Dans un monde où la révolution néo-libérale est quasi hégémonique, le Québec s'est inscrit dans une trajectoire différente. Je vous cite à témoin le professeur en sciences politiques Gabriel Arsenault de l'Université de Moncton : « La recherche des 15 dernières années démontre en fait que le Québec a su, notamment depuis 1995, construire un modèle social distinct, faisant de lui la société la plus égalitaire d'Amérique du Nord. Voilà sans doute un des phénomènes les plus importants de l'histoire du Québec contemporain, qui mérite à la fois d'être souligné et mieux compris.

Comment se fait-il qu'au lendemain du référendum sur la souveraineté, le Québec soit parvenu à mettre sur pied un modèle social plus égalitaire que ses voisins, alors qu'il se retrouvait avec un premier ministre (Lucien Bouchard du PQ) avant tout préoccupé par la dette publique? Et comment se fait-il que ce modèle tienne toujours, alors que les gouvernements libéraux se succèdent de façon presque ininterrompue depuis 2003? » (Gabriel Arsenault, L'économie sociale au Québec. Une perspective politique, Québec, Presses de l'Université du Québec, 2018, p. 1 et 2)

Le bilan du gouvernement Couillard et l'usure du pouvoir :

Par ailleurs, le dernier mandat du gouvernement Couillard a été marqué par un gouvernement qui a tenu ses promesses : « Après quatre ans de pouvoir, le gouvernement libéral de Philippe Couillard a tenu plus de promesses que tous les gouvernements québécois des 25 dernières années... La performance économique et fiscale du gouvernement de Philippe Couillard se compare très favorablement à celle de ses prédécesseurs... la politique budgétaire du gouvernement Couillard a contribué à la croissance économique à long terme. Un bémol concerne les répercussions des compressions en éducation... Pierre Fortin critique également les effets négatifs déstabilisants du "stop and go" sur la croissance du PIB de l'économie par la politique budgétaire malgré l'amélioration générale des conditions économiques. » (François Petry et Lisa Birch, dir. Bilan du gouvernement de Philippe Couillard. 158 promesses et un mandat contrasté, « Centre d'analyse des politiques publiques », Québec, Presses de l'Université Laval, 2018, p. 309.)

Alors, si l'économie du Québec va mieux, beaucoup mieux et que le gouvernement sortant a tenu largement parole, pourquoi cette volonté de changement? Une seule réponse possible; l'usure du pouvoir. L'usure du pouvoir : « qui se manifestent lorsque les électeurs deviennent fatigués d'entendre les mêmes discours prononcés par les mêmes acteurs, au point que le désir de changement commence à l'emporter sur l'exigence d'une évaluation raisonnée de la performance du gouvernement sortant » (Ibid. p. 317.)

Le choix

Si vous avez suivi mon raisonnement, le Québec ne se porte pas si mal dans un monde qui vit de profonds bouleversements et qui s'en va dans un mur par son inaction devant les changements climatiques. Le vivre-ensemble dans les pays où existent des démocraties libérales est malmené par la question migratoire et l'emprise du 1 % sur les gouvernements. Au Québec, nous avons évité, malgré les discours alarmistes de certains, les affres de cette révolution néo-libérale et son contingent de souffrances pour les plus démunis. Comme le disait Talleyrand, « Ce qui est exagéré devient insignifiant », le Québec est la juridiction la plus égalitaire d'Amérique du Nord. Néanmoins, après quinze longues années de pouvoir libéral quasi ininterrompu, la population a soif d'un changement de garde. Il faut donc voter pour le changement. Mais quel changement?

Trois formations politiques offrent ce changement possible. Le Parti Québécois, la Coalition avenir Québec et Québec solidaire. Celles et ceux qui ne désirent pas rompre avec l'économie libérale et qui ne souhaite pas vivre dans une culture politique qui veut rompre avec le libéralisme et le régime de l'entreprise privée devraient bien se garder de voter pour Québec solidaire malgré le caractère charmant de Manon Massé et de Gabriel Nadeau-Dubois. Celles et ceux qui, comme moi, croient que l'avenir du Québec est au sein du Canada ne peuvent voter pour un parti dont la raison d'être est de réaliser la souveraineté du Québec. Cela élimine donc le Parti Québécois et aussi Québec Solidaire.

Celles et ceux qui veulent du changement, mais qui souhaitent que le Québec offre une plus grande résistance au pouvoir fédéral, celles et ceux qui croient que le Québec peut faire mieux en matière d'économie, d'éducation, de santé et de politiques pour aider les familles et les régions, celles et ceux qui croient à la force d'une équipe pour gouverner le Québec n'auront pas de meilleurs choix que d'opter pour l'équipe du changement de François Legault et de la Coalition Avenir Québec. C'est ce que je ferai le 1er octobre prochain. Et vous, quel sera le verdict?

 

Daniel Nadeau


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