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  CHRONIQUEURS / La parole est aux ados!

Ce que j’ai écrit en quarantaine

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Alexis Jacques Par Alexis Jacques
Samedi le 13 juin 2020

« On a tous essayé de modifier la manière dont ils voient le ciel et, au final, ces jeunes Mexicains vieux comme un sixième de siècle sont parvenus à répandre leur savoir sur nous, 26e cohorte de JMS Mexico, comme une grosse roche de prise de conscience. Je suis encore à me demander comment entre violence, fugue, suicide, trafic d'organes, pauvreté et autre abandon, se dessine un sourire à 32 dents sur leurs visages. Leur sort scellé, ils observent impuissants le monde tourner. Je pourrais exercer pneumologue, eux, tout au plus pneumaticien ; le spectacle de la Terre n'est pas le leur. Et il ne le sera jamais. Ils m'ont appris que l'amour était l'heure juste, que ce qui leur arrivait était injuste.

Malgré leurs timides pupilles implorant tantôt le répit, tantôt la peur, s'esquisse de leur bouche un rire plus contagieux que le virus. Une résilience capable de fasciner. Ils sont nés seulement à deux frontières de mon pays, et vivent dans de bien imbuvables réalités que je n'aurais pu concevoir si proches. »

-Écrit pour la présentation du prix Antoine-Desrosiers aux méritas du Salésien

« Trois ans ou mille aujourd'hui que mes peines ne peuvent ni appartenir, ni se référer, ni être guéries par le son de ta voix, mais qu'elles s'amplifient par cette voix tue, et résident dans le souvenir ambivalent de celle-ci. »

-Écrit lors du troisième anniversaire de décès de ma grand-mère

« Il y a ceux qui ont deux jobs, il y a ceux qui ont deux maisons, et il y a toute une planète serrée entre deux extrêmes affamés de ce qu'ils pourraient avoir de plus ou de ce qu'ils n'ont jamais pu obtenir, faute, blâme et démérite rejetés sur les moyens. La planète, on l'a appelée la classe moyenne. Ça aurait été plus facile de la nommer classe de la norme. Classe mitoyenne au pire, classe acceptable au mieux.

Le soleil me voudra, lui. La réalité la plus évidente, la solution la plus triviale, un va-tout. Lorsque tous ses subterfuges l'auront mené à rien de pertinent, que le monde en entier l'aura désigné comme trop fin pour réussir, trop naïf pour survivre et trop laid pour plaire, le soleil le voudra encore. Il affectera ses muscles (sont-ils fins, naïfs et laids) à la béquille du conformisme, qui le guidera à l'argent qu'il veut, la classe qu'il veut.

Con sans 90, laid sans filtres, épais sans Google, fou sans surconsommation. Arrête de nous tuer, capitalisme, réclamait-il autour de tous ces gens impassibles. À petits ou grands feux, on périra tous de l'abondance inhérente matérielle. Ou finis par le manque de contact social en dépit de l'égarement du relationnel à raison de pragmatisme et obsession.
Autant clairvoyant il essayait, autant circonspect il était, autant il demandait l'ineffable :
-Tu fais quoi ce soir ? Ou plutôt, tu fais quoi pour le reste de ta vie ? »

« Une fois le cinéma démocratisé, une fois les salles remplies pas uniquement par la fine fleur, le gratin ou le gotha angelenos, là peut-être a pu commencer la diversité. De la splendeur, pas le jeu coquet d'une femme coquette.

Au lieu d'opulence, tumulte passagère et personnages élégants, la cinéphilie se complait de nos jours devant la proximité de réalités et la misère incessante. La réalisation est dès lors plus crue, l'histoire, plus percutante. C'est court comme histoire du cinéma, mais c'est essentiellement ce que c'est : une industrie qui fait le volte-face sur la société oubliée. Des voix redonnées, des prises de parole il n'y a pas si longtemps coupées. On ne filmera plus un film, on le créera. Mille individus de partout et autant de situations ficelées - on l'essaie - délicatement mais adéquatement, car pour les cinéastes maintenant nihilistes et activistes, l'audace de tomber dans l'autre cinéma n'est pas juste un défi relevé. »

« D'un côté surgissaient les lions, fats d'un pouvoir qui leur était acquis depuis le début des temps. Ils l'emportaient bien entendu dans tous les jeux, ne tergiversaient jamais pour se pavaner de leur puissance. Les conventions de la jungle avaient fait d'eux des rois.

Tantôt proie, tantôt modèle de contemplation, les deux rôles de l'antilope convergèrent tandis que son rival le lion affamé, un morfal, vint la dévorer. Elle avait bu au pâturage. Le lion agressa la pauvre victime en signe absolu d'une domination sans fin. L'un oppresseur sanguinaire, l'autre vulnérable animal. Bref, un ravisseur s'imposa en catimini. Au sein de la jungle, il était maître, or, au plus secret de lui, qu'une misérable bête insatiable. Toute en lambeaux, la gazelle était traitée avec trop peu de grâce, pareille à une pièce de viande. Quel piège on lui avait tendu, elle charmée par sa crinière. Dorénavant, pensa-t-elle, je ne suis pas morte, mais c'est comme si. L'injustice de la résilience. Elle affriolait. Détachée de son troupeau, elle n'offrait qu'aucun choix à son rapace autre que lui sauter dessus. Ultérieurement, aucun choix autre que lui plier sa petite culotte, puis quitter la chambre d'hôtel. Après avoir mangé consentement et vulnérabilité d'une gazelle nouvellement adulte. Qui oserait violer des ordres sociaux vieux de la création de la jungle ? »

-Extraits de Au moins c'est le pire, L'autre cinéma et Le lion ne prétend pas être roi, il est roi ; éditoriaux pour mes cours en ligne

« Leurs nuits sans nuisances. Nés « porcelaine », ils sont acquittés de toute crainte d'être la cible de vilenies xénophobes. Dix teintes plus foncées que leur tube de fond de teint se retrouvera « écorce ». Le même prix mais il devient plus cher si ses usagers meurent injustement. Cette couleur de peau en apparence égale aux autres vient avec le poids d'être peut-être un jour asphyxié chez toi car les policiers se sont trompés de maison. »

 

 

 

 


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