À l'invitation de la Chambre de commerce du Haut-Saint-François, les quatre candidats des principaux partis politiques canadiens ont présenté leur vision du développement du HSF. Les échanges, bien que civilisés, ont donné lieu à quelques piques bien senties. Plus de 125 personnes, dont une partie provenait du milieu agricole, se sont massées dans le local du Centre communautaire d'Ascot Corner pour connaître les engagements de ces derniers.
Bombardé lors de la période de questions portant sur la protection de la gestion de l'offre, le candidat conservateur, Gustavo Labrador, s'en est tenu aux diktats de son chef: ouvrir de nouveaux marchés internationaux tout en affirmant qu'il verrait à répondre aux attentes des cultivateurs. France Bonsant, du Bloc Québécois, fidèle au projet de séparer le Québec du restant du Canada, s'appuie sur son travail de sept ans comme députée pour travailler pour le comté. Marie-Claude Bibeau, pour sa part, riche de son expérience d'entrepreneuse et de gestionnaire muséologique, reprend le credo libéral, en répétant qu'elle possède un plan «chiffré» et daté, pour développer le Haut-Saint-François. Se qualifiant comme proche des gens et préoccupé par le mieux-être collectif, Jean Rousseau, du Nouveau Parti démocratique, s'appuie sur la philosophie de son parti qui promeut l'économie sociale et l'amélioration de l'environnement.
Plusieurs thèmes ont été abordés lors de cette confrontation d'idées. L'environnement, l'économie agricole, l'économie sociale, les programmes de création d'emplois et l'aéroport de Sherbrooke en ont été les principaux.
L'importance de Valoris pour l'apport économique de la région a permis d'avancer quelques projets. L'exemple de Mme Bonsant suggérait de créer, à la Cité-école Louis-Saint-Laurent, un programme pour enseigner comment réutiliser des matériaux provenant de l'entreprise. Mme Bibeau indiquait que les libéraux envisagent d'engager 200 M$ pour l'énergie verte et 100 M$ pour l'émergence d'industries innovatrices, dont le développement de l'Écoparc pressenti. Pour sa part, M. Rousseau favorise les relations entre l'Université de Sherbrooke et la MRC. Le NPD, rappelait-il, a promis lui aussi 200 M$ pour la recherche et l'innovation. Valoris est vu comme un incubateur d'entreprises reliées au recyclage.
Le Partenariat transpacifique (PTP) se bargaine en catimini, se plaint l'aspirante bloquiste qui conteste la légitimité des conservateurs à négocier cet accord en pleine campagne électorale. Son appui à la cause de la gestion de l'offre est senti. Avouant une faible connaissance sur le sujet de l'agriculture, la libérale mise sur une équipe de députés experts et dont les expertises se complètent. Le transit des protéines du lait à la frontière l'inquiète de même que l'arrivée d'employés étrangers dont le statut est douteux. Pourtant, reconnaît-elle, ils participent dans bien des cas, au succès de cette industrie agroalimentaire. Le néo-démocrate s'en prend vivement à la politique de l'assurance-emploi qui pénalise les travailleurs atypiques œuvrant dans ce secteur d'activité. La durée des périodes de travail admissibles, pour utiliser ce filet de sécurité, fait en sorte que des fermiers perdent de la main-d'œuvre qualifiée. Il déplore aussi le peu de soucis du gouvernement actuel pour le réchauffement climatique.
Les personnes présentes attendaient de pied ferme la réponse du conservateur sur le sujet de la gestion de l'offre. M. Labrador misait sur l'exportation de la production agroalimentaire vers les marchés nationaux et internationaux. Selon lui, la signature d'entente de libre-échange avec 35 pays a bénéficié au Canada jusqu'à présent. « La qualité de nos fromages peut être placée dans le monde », donnait-il en exemple. Ces mêmes règlements auraient déjà favorisé le commerce du bovin, ce qui aurait créé de la richesse. Toutefois, il s'engage à protéger le système de la gestion de l'offre. Qu'arrivera-t-il si le PTP détruit notre modèle de contrôle ? a demandé Lynne Martel-Bégin, présidente du Syndicat local de l'UPA du Haut-Saint-François. Question hypothétique ! a-t-il répondu.
Le sujet de l'aéroport a fait sourciller quelques candidats quand les réponses fournies ont erré dans le terreau fertile de la méconnaissance et de la désinformation. M. Labrador en a assez des études, il faut signer des ententes avec les compagnies aériennes, ce à quoi a réagi Mme Bibeau. Elle avance le mépris des conservateurs qui ont refusé de transférer l'accréditation nécessaire alors qu'il en existait, un abandonné, qui la possédait. Pour M. Rousseau, le projet Airpole prend toute sa valeur avec le développement de l'aérodrome. Lui aussi déplorait le manque de collaboration des gens de Harper sur le sujet. Mme Bonsant suggérait que le Bloc pourrait y consacrer 100 M$ pour créer 1 000 emplois.
Malgré un toast au lait et des sourires de circonstance, peu de personnes ont pu couronner un gagnant bien qu'il fallait reconnaître l'ardeur de M. Labrador à défendre les positions de son parti.