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  CHRONIQUEURS / L'Agora

Souliers sans lacets

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Le ministre des Finances du gouvernement libéral de Philippe Couillard, Carlos Leïtao, recevait les journalistes pour le traditionnel point de presse la veille du discours du budget. Une tradition où habituellement le ministre nous montre ses souliers neufs. Cette fois, pas de souliers neufs pour monsieur Leïtao, mais des lacets rouges et des lacets noirs. Les lacets rouges pour rappeler que le Québec a présenté un nombre incalculable de budgets déficitaires dans les 25 dernières années et les lacets noirs pour réaffirmer que cette année le gouvernement atteindra le déficit zéro où si vous préférez l'équilibre budgétaire pour l'exercice financier qui commencera le 1er avril 2015.

Malgré tous les gestes d'austérité de ce gouvernement, atteindre de tels résultats sera très difficile. Pensons juste au fait que les dépenses du ministère de la Santé et des Services sociaux seront limitées à 1,4 % alors que les coûts de système représentent 4,6 %. À l'Éducation, la hausse du budget se limite à un minuscule 0,2%. La croissance prévue, quant à elle, devra avoisiner le 2 % de notre PIB.

Au-delà des jours douloureux qui attendent l'État québécois, il y a aussi la faiblesse de la croissance de notre économie. Les pertes d'emplois de qualité se multiplient partout et on ne voit pas poindre un esprit d'entrepreneuriat et une économie d'innovation qui pourraient propulser le Québec sur la voie de la prospérité. Interrogations à voix haute sur l'avenir du Québec au 21e siècle...

Le dogmatisme néo-libéral Couillard-Coîteux

Le gouvernement de Philippe Couillard et son idéologue en chef, Martin Coiteux, ne craignent pas de casser la baraque. On assiste à une opération préméditée de démantèlement de l'État québécois tel que nous l'avons connu en nous abreuvant des vérités relatives du néolibéralisme et de ses principaux chantres. Que l'on ne vienne pas me rabâcher que c'est cela le libéralisme. C'est la forme la plus libertaire de la doctrine libérale. Le néo-libéralisme n'est pas le libéralisme, mais une forme, la plus doctrinaire en fait,  qui emprunte les idées des théories économiques néo-classiques. Dans cette vision du monde, pas de place pour le libéralisme social de Claude Ryan. Vous comprendrez qu'il y a encore moins de place pour les libéraux sociaux-démocrates comme Robert Bourassa. Monsieur Bourassa aimait répéter dans la plupart de ses interventions publiques que pour un libéral l'important n'était pas que de créer la richesse, mais aussi de la partager. Il aimait dire que la plus grande fierté pour un libéral était de partager la richesse pour toute la société. Bien sûr, pour ne pas trahir sa pensée, j'ajoute que Robert Bourassa insistait lourdement aussi sur le fait qu'avant de partager la richesse il fallait la créer.

Jean Charest, version 2003, voulait faire la réingénierie de l'État. Issu du Parti progressiste conservateur, il était sensible aux premières manifestations du néo-libéralisme promues par son ancien chef, Brian Mulroney. À la suite de la levée de boucliers de la société civile, il a vite rallié le camp de la vision de Robert Bourassa. Avec le gouvernement Couillard, on est ailleurs.

La destruction du modèle québécois

On démantèle les régions, on centralise les grandes fonctions de l'État québécois, on ratatine à sa plus simple expression la capacité du Québec à parler d'une voix forte à l'étranger et au Canada, on hésite à poser des gestes forts d'affirmation de l'identité unique du Québec tant chez nous qu'à l'étranger, on voue un culte aux libertés fondamentales au point d'en nier la spécificité de notre langue, de nos coutumes et de nos traditions. On défend avec beaucoup de timidité la culture québécoise et son expression et on tarde à emprunter l'autoroute de la nouvelle économie en se dotant d'une véritable politique du numérique.

Pire encore, on abandonne les Québécoises et Québécois les plus démunis en s'attaquant au filet social et à la sécurité du revenu. On abandonne la jeunesse et l'éducation en sous-finançant notre système d'éducation et nos universités. On ne trouve pas important les livres, les sciences humaines. On veut une politique de main-d'œuvre axée sur les besoins à court terme des entreprises sans égard au développement des personnes. On baisse les bras devant le gouvernement fédéral en matière de développement durable et on se dirige lentement vers un appui à l'industrie des sables bitumineux par notre accord au pipeline de Trans-Canada qui va traverser nos villes, nos villages et nos cours d'eau pour exporter le pétrole sale dont personne ne veut, Barack Obama au premier chef par son refus du projet de pipeline Keystone.

Monsieur Couillard, votre gouvernement est à pied d'œuvre avec une détermination renouvelée afin de détruire ce que nous sommes. Je suis convaincu que plusieurs Québécoises et Québécois n'ont pas voté pour ce programme. J'ai voté pour Philippe Couillard, le ministre libéral que j'ai connu et qui me rappelait que dans son titre de ministre de la Santé et des Services sociaux, les mots services sociaux étaient ceux qui comptaient le plus à ses yeux. Je ne comprends pas où va ce gouvernement avec la mise en place de toutes ces politiques rétrogrades.

Un autre avenir possible?

Pourtant, il y a d'autres avenues possibles. Nous pouvons resserrer les dépenses publiques du Québec sans jeter le bébé avec l'eau du bain. Nous aurions pu imaginer ensemble un autre avenir pour le Québec. Un avenir où le Québec serait généreux avec les plus démunis, plus que jamais attaché à sa langue et à sa culture, épris de ses enfants et de sa jeunesse et fier de ses origines et de ses traditions. Un Québec dans un Canada renouvelé et qui demeure comme il l'a toujours été la conscience de gauche du Canada. Un Québec présentant une économie sociale-démocrate renouvelée, tournée vers l'innovation et l'entrepreneuriat et dédié tout entier à la pérennité de la langue et de la culture françaises tout en étant la terre d'accueil la plus généreuse aux citoyennes et aux citoyens du monde qui veulent venir partager notre destin. Le dernier budget, au risque de vous déplaire monsieur Leïtao, n'a pas muni nos souliers de lacets noirs plutôt que de lacets rouges. Il nous a plutôt laissés avec des souliers sans lacets...


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