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  LE PAPOTIN / Chronique historique

Les origines du Main Central (quatrième partie)


par M. Jacques Robert
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Lundi le 8 juin 2015

 

Le Hereford Railway Co. change de nom

Après quelques mois d'opération, William B. Ives offrit de louer le nouveau chemin de fer au Maine Central, une grande compagnie américaine de chemin de fer dans laquelle il possédait des actions.  Il comptait ainsi « en tirer un bon prix » et voulait faciliter son intégration dans le vaste réseau de la Nouvelle-Angleterre. Sanctionné par le gouvernement fédéral le 6 mai 1890, l'acte de location de 999 ans devient effectif le 22 juillet de la même année[1]. Ives demeura administrateur du chemin de fer, voie par laquelle il exportait du bois et de la pâte à papier[2] mais également de la chaux et du ciment de Lime Ridge. Dans le journal Le Pionnier de Sherbrooke du 29 novembre 1895, nous pouvons lire: « Il se livre au commerce, c'est-à-dire qu'on expédie environ 30 chars de chaux par semaine ».

En 1905, le "Baley Pathfinder Railway Guide" mentionnait qu'en cette année-là, il y avait un train de passagers qui faisait tous les jours le trajet entre Lime Ridge et Portland.

Sur la photo[3] ci-contre, nous pouvons voir la gare de ce petit village minier. Un train est sur le point de partir pour Portland, un voyage de 206 milles. Les arrêts jusqu'à la frontière américaine seront : Lothrop'siding sur le chemin Bloomfield, Dudswell Jonction, Brookbury, Cookshire, Eaton Corner, Sawyerville, Saint-Malo, Paquetteville, Hereford, Beecher Falls et Colbrooke aux États-Unis. À cette époque, les régions de Beecher Falls et Colebrooke étaient des centres de villégiature très courus par la bourgeoisie américaine et canadienne.

Le petit village de Lime Ridge avait été fondé par la Sherbrooke & Dudswell Lime, Marble and Trading Company [4] vers 1876. Dans une lettre de l'inspecteur de Poste Canada, datée du 5 novembre 1877, on apprend que ce village s'appelait à l'origine: Limeville. Dans un rapport du même ministère, pour l'année 1908, il est noté que la population de cette petite agglomération était de 300 habitants. Il y avait une gare, un magasin général, un hôtel (Dominion House), un moulin à scie, une fabrique de tonneaux et plusieurs petites maisons[5] qui abritaient les employés de la compagnie. Tout le village appartenait à la compagnie qui payait ses employés avec des coupons. Au début, les habitants du village devaient acheter au magasin de la compagnie tout ce qui était nécessaire à leur survie.

Il y avait à l'est des fours en haut du rocher, derrière la vieille mine, un petit groupe de maisons, appelé "Le Ledge", probablement les premières de Lime Ridge. Ces maisons étaient habitées par des Russes. Elles ont été détruites car lorsque l'on procédait au dynamitage, des roches frappaient les habitations. En 1920, elles n'existaient plus.

Pendant 33 ans, le Main Central Railway joua un rôle extrêmement important pour Dudswell. En plus de fournir un débouché facile pour la chaux de la Dominion Lime Company, ce chemin de fer permit à nos ancêtres d'importer et d'exporter une multitude de produits qui auparavant, étaient transportés en très petites quantités, par des chevaux et des hommes. De plus, les habitants du canton avaient accès en quelques heures à toutes les grandes villes du Canada et des États-Unis.

En 1891, 55 moulins à scie opéraient dans le Comté de Compton et des industries de tannage de peaux de bêtes s'étaient installées sur la plupart des ruisseaux de la région. Il y avait "une shop" de gants près du "Bassin de Westbury" sur la rivière St-François. Il y avait également une multitude de fabriques de whisky de pomme de terre qui opéraient derrière des portes clauses ou au vu et au su de tout le monde. La vie économique était à son apogée dans la région: une bonne affaire pour un chemin de fer.

Sur la photo de gauche, on aperçoit un train du Main Central ramassant le bois que les cultivateurs ont "cordé" le long de la voie.

Cet important chemin de fer fut connu pendant longtemps sous le nom de "The Raspberry Branche" (La Branche des framboises). Pourquoi un tel nom? Parce que tout au long de son tracé, les forêts avaient été complètement rasées par les colons.  Les framboises poussaient donc à profusion, comme des mauvaises herbes. Les habitants, et spécialement leurs enfants, cueillaient les délicieux petits fruits qu'ils vendaient au chef de train aux différents points d'arrêt. Eh oui, nos ancêtres faisaient malheureusement travailler leurs enfants à cette époque. J'ai lu quelque part, qu'une année, on en avait ramassé 700 tonnes[6]. Ces fruits étaient vendus surtout au États-Unis.

Même si durant plus de trente ans, le train assura un service de passagers qui accommodait surtout les gens de la région et les touristes, le chemin de fer servit principalement au transport du bois, qui était exporté sous diverses formes vers les États-Unis.  Il en était de même de la chaux venant de Lime Ridge qui était destinée aux moulins à papier de Berlin et de Groveton au New Hampshire.

Comme toute bonne chose a une fin, en 1923, dans un rapport de la New England Railroad Commission, on peut lire: « Le ''Main Central Railway Company'' possède plusieurs branches dont une allant de Portland à Lime Ridge, sur lesquels le trafic passager-marchandises est très faible. Entre Lancaster et Lime Ridge, il n'y a pas de villes importantes ».

Le 31 octobre 1925, cette compagnie annonce l'abandon de la ''Raspberry Branch''. Au Canada, les protestations s'élèvent. Le ministre des chemins de fer demande la réouverture de la ligne moribonde, mais sans succès. Sous les pressions du ministre, la ''Raspberry Branch'' est achetée par le ''Canadien National''.

Le 25 mai 1927, cette compagnie cède le ''Raspberry Branch'' au ''Canadien Pacifique Railway''.  Il y a trois conditions : 1- Conservation de la section Malvina-Cookshire; 2- L'abandon de la section Cookshire-Dudswell; 3- Vente de la section Dudswell Jonction-Limes Ridge qui restera en opération jusqu'à la fin des années 1970.

Le 27 mai 1927, Le "Canadien Pacifique" débute le démantèlement de la voie du Main Central Railway entre Dudswell et Cookshire.

Les opérations sur le tronçon de la Dominion Lime Company [7] étaient confiées au Québec Central. La chaux pouvait désormais être acheminée plus facilement et à moindres coûts via Sherbrooke.[8]

Une petite locomotive remorquait les wagons de Lime Ridge à la jonction de Dudswell où ils étaient pris en charge par le Québec Central.

En 1927, la gare de Dudswell Jonction est démantelée. Un peu plus tard, le pont couvert sur la rivière Saint-François est à son tour démantelé par Oscar Pagé d'East Angus. Il en tirera 300,000 pieds de bois, ce qui lui permettra d'ouvrir un commerce de bois de construction.[9]  Nous pouvons admirer encore aujourd'hui, deux piliers en pierre de taille qui nous rappellent qu'un jour, ils supportaient une superbe structure.

En novembre 1943, l'achalandage était tellement réduit sur la ligne Cookshire-Sawyerville, qu'on décida de ne plus y offrir de service régulier.  La même année, la destruction d'une partie de la ligne entre Sawyerville et Malvina obligea la compagnie à  abandonner définitivement son service sur ce tronçon.  Le dernier tronçon entre Cookshire et Sawyerville fut finalement abandonné en 1977.

La même année, le Québec


[1] M. Lessard, Op. cit., p.127.

[2] Ives était un des propriétaires du moulin de pâte et papier d'East Angus.

[3] Cette photo datant des environs de 1896 provient de la collection Russel Monroe.

[4] L'ancêtre de la compagnie Graymont.

[5] Plusieurs de ces petites maisons avait été déménagées du site des vieux fours vers Lime Ridge. Sauf deux qui restèrent sur le site et assemblées pour former la résidence de Régean Breton aujourd'hui.

[6] Cette information est probablement exagérée. J'ai malheureusement perdu la source.

[7] Entre Dudswell Jonction et Lime Ridge.

[8] M. Lessard, Op. cit., p. 127.

[9] Confirmé par M. Pagé fils.


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