Passionalis: «Susceptible de douleur et de passion», traduit le dictionnaire latin. À lui seul, ce mot peint en teintes sombres ou vivement colorées le parcours du pianiste Pierre-Jean Cano. «J'ai deux passions dans la vie, annonce ce résidant de La Patrie: le piano et jouer avec l'imaginaire des gens «par, pour et avec eux», martèle-t-il à plusieurs reprises.
Sa création musicale gravite autour d'un conte à développer, à «cultiver» tous les jours. D'ailleurs, ne décrit-il pas l'artiste comme un agriculteur qui prépare son champ, amende le sol, y sème le germe de vie, avant de récolter le fruit de son travail. Pierre-Jean, dont le totem est le loup, apprend très jeune à vivre avec la maladie, sa tache sombre, qui tracera la destinée de sa vie. Mais il ne veut pas qu'on en parle.
Né à Chicoutimi, d'un père français et d'une mère originaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le louveteau descend à Montréal pour combler son appétit insatiable de découvertes, perfectionner son jeu de piano, élargir ses horizons. Il réussit, au Conservatoire de Montréal, un baccalauréat en composition. Il poursuit sa formation en ajoutant des études en analyse musicale et harmonie qui se concluent sur une maîtrise. Non satisfait, il additionne le jazz à Concordia.
Pierre-Jean Cano compose et compose des airs qu'il enregistre. Il produit et réalise «Ora 2000» et la symphonie du Millénaire pour l'Oratoire Saint-Joseph. Y sont diffusés, dans la cathédrale, des chants ou musiques des diverses confessionnalités. Un chemin de croix œcuménique, au titre évocateur «Sentiers sous les Étoiles», se déroule dans les jardins des Pères Ste-Croix. Il a bien tenté d'imposer un Christ haïtien, mais c'est aux États-Unis qu'il a réussi. «Chaque manifestation faisait salle comble», se plaît-il à rappeler.
Son premier disque «Partir» a vingt ans. Enregistré à New York, il est distribué sur le NET. Il a été en 1re place au palmarès MP3 international pendant trois semaines. Il est d'ailleurs en cours de réédition. Par la suite, il a immortalisé «Rubato» à Morin Heights. Pierre-Jean a produit deux versions de «Larmes interdites», une avec paroles, interprétée par Claude Michaud, et la suivante, exclusivement instrumentale. François Couture a tiré, il y a quelques années, une compilation de ses premières compositions, intitulée «Romantica». De plus, ses tiroirs conservent deux autres cahiers de pièces prêtes à être enregistrées, dont un «Pleur de glaciers» qui paraîtra sous peu. Cependant, une réalité, trop terre-à-terre, en empêche la concrétisation: l'argent. Comme la plupart des artistes, il déplore les politiques provinciales et fédérales.
Sa deuxième passion, Pierre-Jean l'a satisfaite en réalisant des disques pour enfants et en réalisant des émissions radiophoniques avec des jeunes et des adolescents. Il a composé «l'Éclipse Clin d'œil, la légende du cerf-volant», conte qui sera toujours à compléter. Son disque «Protéger du feu» s'adressait aux jeunes. Les 8 mélodies constituaient autant de comportements sécuritaires à adopter en cas d'incendie. Même dans sa version française, ce disque s'est mérité la médaille Benjamin Franklin aux États-Unis, une des plus hautes distinctions de ce pays. «Pour le plaisir», produit en collaboration avec Jacques Salomé, était aussi destiné à la prime jeunesse. Il y a eu «La bande à Lulu» pour les producteurs de lait du Québec.
Ses nombreux contacts avec le communautaire l'ont mis en présence de plusieurs artistes de rue. Avec ses amis, il a participé à la fondation de la première joujouthèque. Ensemble, ils ont créé un minicirque de ruelles, fait circuler les «Brouettes à trésors» dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve de Montréal.
Dans la MRC du Haut-Saint-François, il a réalisé avec des jeunes du milieu, une série d'émissions intitulées «Imagine-toi donc», qui s'inscrivaient dans la suite de nombreuses autres dont «275-Allô et 275-Ados» qu'il a animées en 1997-98 à la radio de Radio-Canada.
L'été dernier, Pierre-Jean Cano a donné des concerts à Néré et St-Jean D'Angely, en France. Il y retournera sous peu en compagnie de Yves Allaire, poète. Dernièrement, il a donné un concert à La Patrie qui a été très apprécié.
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Résidant de La Patrie, le pianiste Pierre-Jean Cano a deux passions dans la vie, le piano et jouer avec l'imaginaire des gens.