Depuis quelques jours, des photos de poissons morts prises par un pêcheur au barrage de la rivière Saint-François à Windsor circulent sur les médias sociaux. C'est que de nombreux poissons sont morts à la suite d'une inspection du barrage mandatée par Immergex, gestionnaire de la centrale d'Hydro-Windsor.
L'Estrien André Goudeau est un habitué de la pêche sur la rivière Saint-François. Il y a quelques jours, il pêchait avec un ami au barrage situé à Windsor. Des employés de la compagnie Innergex inc sont venus les avertir qu'ils devaient assécher la rivière afin de procéder à une inspection du barrage.
« Plutôt que de faire l'asséchement de manière graduelle afin que les poissons puissent quitter les lieux, ils ont procédé à l'assèchement de la rivière de façon drastique, déplore M. Goudreau. L'eau a été coupée net. Les poissons n'ont pas eu le temps d'aller se réfugier ailleurs. On voyait les poissons gigoter et se débattre sur les roches. Avec l'aide d'un autre pêcheur, nous avons réussi à remettre à l'eau quelques poissons, mais plusieurs sont morts asséchés », poursuit-il, déplorant aussi le fait que l'inspection a été faite en période de ponte des œufs.
Le responsable des communications au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, Sylvain Carrier, indique être au courant de la situation puisque des plaintes ont été déposées au cours des dernières heures. Des agents de protection de la faune se sont d'ailleurs rendus sur place aujourd'hui.
« Comme il s'agit d'un habitat de poissons, nous menons une enquête et il pourrait avoir éventuellement des poursuites, indique M. Carrier. Ce n'est pas normal de retrouver des centaines de poissons morts à la suite d'une inspection de barrage. Ce qu'on peut vous dire à la suite de la visite d'agents aujourd'hui, c'est qu'il n'y a pas eu de nouvelles mortalités de poissons, tout semble être revenu à la normale. »
La faute à qui?
Le barrage n'appartient pas à la ville de Windsor, ni à l'usine Domtar. La responsabilité revient à la compagnie Innergex, propriétaire de la centrale Hydro-Windsor. Le porte-parole, Jean Trudel, indique que la compagnie est bien consciente de l'incident et avoue avoir sous-estimé les conséquences de leur geste sur la faune.
Il indique que l‘incident est survenu lors d'une inspection des ballons gonflables qui dirigent la rivière.
« En temps normal, les ballons sont levés graduellement entre le premier et le 15 juin pour la période estivale, mais puisqu'il y a eu beaucoup de débâcles cet hiver sur la rivière, nous avons cru que les ballons pouvaient être potentiellement endommagés. Nous avons donc mandaté des contracteurs pour la vérification. L'erreur, c'est que les contracteurs ont voulu aller vérifier l'état des ballons en chaloupe, plutôt que de faire les vérifications à distance. Pour éviter les dangers, nous devions donc diminuer l'eau. C'est une erreur humaine, l'inspection aurait dû être faite à distance. Nous avons sous-estimé les conséquences pour la faune. »
Selon M. Trudel, l'équipe sur place n'a pas constaté les dégâts sur le coup. « Ce n'est que le lendemain que nous avons vu des photos de poissons morts qui circulaient sur Facebook. Nous sommes conscients qu'il y a eu un incident. D'ailleurs, on enquête chez nous pour tenter de comprendre ce qui s'est passé. L'important, c'est qu'on ne veut plus qu'un tel événement se reproduise. On aimerait aussi parler avec les pêcheurs qui ont été témoins de l'incident », conclut M. Trudel.