La décision prise ce week-end par le consortium formé par le groupe Custeau, Sherbweb et le Fonds de solidarité de la FTQ de retirer son projet en lien avec le Quartier Well inc. déçoit énormément les commerçants de la rue Wellington. Certains sont en colère contre la Ville qui, selon eux, a été beaucoup trop ambivalente dans ce dossier.
« Nous sommes extrêmement déçus, indique Alexandre Hurtubise, président de l'Association des gens d'affaires du centre-ville de Sherbrooke et propriétaire de la Maison du cinéma. Nous avons des commerçants qui sont en colère, principalement parce que nous avons perdu une opportunité qui était bonne pour le centre-ville, mais aussi parce que c'était un projet bénéfique pour toute la population. Ce n'était pas un non catégorique de la part de la Ville, mais disons qu'elle était ambivalente et n'a pas démontré d'intérêt au consortium. »
La Ville de Sherbrooke devait se prononcer le 28 février sur le projet soumis par le consortium privé formé du fonds de solidarité FTQ, de SherWeb et du Groupe Custeau. Ce week-end, le consortium a choisi de se retirer. L'aspect financier a été soulevé à maintes reprises au cours des derniers mois et créait de la division au sein du conseil, ainsi que dans la population en général.
« Quand tu ne te sens pas le bienvenu quelque part, et bien tu t'en vas et c'est ce que le consortium a fait, lance Annie Faucher, copropriétaire du Liverpool et femme d'affaires très impliquée dans le dossier de la revitalisation du centre-ville. Je sais bien que c'est un rôle ingrat pour les élus, qui doivent gérer des données publiques, mais ce projet est devenu un enjeu politique plutôt qu'un enjeu économique », poursuit-elle.
Pour Jean-François Bédard, copropriétaire de la boutique Glori.us, la Ville de Sherbrooke a carrément manqué de leadership dans cette affaire. Le jeune homme d'affaires reproche aussi au maire Steve Lussier ne pas avoir clairement donné son opinion dans ce dossier.
« C'était un projet avec un potentiel hallucinant, mais le message que la Ville envoie, c'est qu'elle n'a pas de vision pour le centre-ville. On avait enfin un projet porteur et ambitieux et la Ville a choisi d'écouter la centaine de personnes qui s'opposaient à ce projet-là. D'ailleurs, ces personnes s'opposent à tout! Le maire Steve Lussier n'a pas été capable de mettre ses culottes. Il n'a aucun leadership. Il envoie vraiment un drôle de message au privé qui avait un projet d'envergure pour le centre-ville. Est-ce que le maire y croit au projet ou pas? Si il n'y croit pas, qu'il le dise haut et fort; on saura au moins à quoi s'en tenir. »
Est-ce que selon lui, il y a encore un mince espoir que le consortium revienne sur sa décision de se retirer du projet?
« D'un point de vue d'entrepreneur, je vais être honnête, si j'étais à leur place, je ne suis pas certain que je reviendrais sur ma décision, répond M. Bédard. Le consortium était formé de gens d‘affaires d'ici, qui font rayonner Sherbrooke et la Ville leur a ri en pleine face! »
Le maire de Sherbrooke Steve Lussier a réagi à la suite de l'annonce du consortium formé par le groupe Custeau, Sherbweb et le Fonds de solidarité de la FTQ de se retirer du projet.
« Nous aurions aimé avoir plus de temps pour évaluer tous les aspects du projet et surtout ses retombées pour les prochaines décennies, a indiqué le maire. Cependant, nous respectons la décision du consortium ».
Et est-ce que le consortium aurait dû attendre au 28 février, date où les conseillers devaient se prononcer et trancher?
« Quand on étire trop l'élastique, il finit par nous éclater au visage, lance M. Bédard. Des Sherbrookois du privé veulent dépenser 50 millions de dollars dans notre centre-ville et qu'est-ce que fait la Ville? Elle prend ses airs et décide de faire des études qui ne finissent pas! »
Même son de cloche pour Annie Faucher, du Liverpool.
« Ça fait combien de fois que la Ville dit qu'elle va voter? On parle de ça depuis un an, mais ça fait des années qu'on demande de nous aider à revitaliser le centre-ville! Je vais vous dire une métaphore qui décrit bien la situation; il y a quelqu'un qui nous a demandé en mariage et dès que la demande a été officielle, tous les autres princes charmants sont arrivés avec une bague de fiançailles, mais sans l'écrin dans les mains! »
Plusieurs commerçants prendront part ce soir au conseil de ville pour exprimer leur mécontentement aux élus.
Notons que le Groupe Laroche a indiqué ce matin qu'il était intéressé à développer un projet structurant en remplacement du projet immobilier qui vient d'être abandonné. Le Groupe Laroche souhaite discuter rapidement avec la Ville de Sherbrooke pour connaître les prochaines étapes dans ce dossier.
