La troisième opération Verre-Vert a permis de recueillir 15 000 bouteilles de vin et de spiritueux en Estrie. Une preuve inéluctable que les Québécois souhaitent que ces contenants soient consignés plutôt qu'envoyés dans les sites d'enfouissement, estime Jean-Claude Thibault de l'Opération Verre-Vert
Il est plus qu'urgent de consigner les bouteilles de vin et de spiritueux au Québec, selon le comité Opération Verre-Vert. Selon ce dernier, la grande majorité du verre récupéré par la collecte sélective municipale se retrouve dans les dépotoirs de la province.
« Le verre arrive au centre de tri par la collecte sélective. Tout est ramassé pêle-mêle. Le verre se casse lors de son voyagement en camion. Une fois arrivé au centre de tri, un procédé mécanique sépare le verre et les autres matières recyclées. Il reste néanmoins des morceaux de verre qui traversent l'ensemble du processus de triage. Le verre, qui a été séparé, est envoyé dans les sites d'enfouissement à travers le Québec », explique Taraneh Sépahsalari
, directrice générale de la Régie de récupération de l'Estrie.
De par ce type de collecte, Opération Verre-Vert estime que le verre et les autres matières recyclées sont ainsi contaminés. « Sur le plan écologique et économique, le plus rentable est de refaire du verre avec le verre non contaminé. Quand on utilise du verre de qualité pour refaire une bouteille de verre, on utilise 30 % moins d'énergie et on produit 30 % moins de gaz à effet de serre », ajoute M. Thibault.
Certains groupes, notamment Recyc-Québec, soutiennent que le verre est à l'heure actuelle utilisé pour produire du sable abrasif, de la laine minérale ou encore utilisé dans les sites d'enfouissement pour entre autres faire des chemins d'accès.
À cet effet, M. Thibault assure que 90 % du verre qui se retrouve dans les centres de tri est envoyé dans les lieux d'enfouissement et que seuls 10 % du verre est réutilisé.
Quant à l'argumentaire du regroupement Bacs+ qui indique que consigner les bouteilles de vin et de spiritueux freinerait la modernisation en cours des centres de tri, M. Thibault soutient qu'il est incohérent « de payer des technologies très dispendieuses, à coût de millions, et ce, pour retrier ce qui est mélangé lors de la collecte sélective municipale ». Il serait, selon ses dires, préférable que les citoyens se déplacent pour déposer leurs bouteilles de vin et de spiritueux dans un centre de dépôt prévu à cet effet.
C'est l'ensemble du discours de l'Opération Verre-Vert qui est contesté par la porte-parole du regroupement Bacs+, Louise Fecteau. Selon le regroupement, consigner les bouteilles de vin et de spiritueux aurait des risques considérables. Mme Fecteau indique que cette option mettrait en péril la collecte sélective porte-à-porte : « C'est une très mauvaise idée. On ne peut pas défaire un système qui est en place depuis 20 ans. En plus, il faut savoir que ça ne règlerait pas le problème puisque 50 % du verre provient de d'autres contenants. Alors même si les bouteilles de vin deviennent consignées, 50 % du verre se retrouvera tout de même dans les centres de tri », a affirmé la porte-parole du regroupement Bacs+. L'enjeu serait ainsi davantage de moderniser les centres de tri pour assurer une meilleure séparation du verre et des autres matières, a-t-elle conclu.