À la suite des malheureux événements survenus hier à Québec, le journal EstriePlus a décidé de s'entretenir avec le chargé de cours de l'Université de Sherbrooke en politique appliquée, Mohamed Ourya. L'objectif : comprendre la motivation du terrorisme.
Les attentats terroristes ne laissent personne indifférent. Le malheureux événement à la mosquée de Québec a eu plusieurs conséquences. Mais qui peut bien adhérer au mouvement terroriste ? Tout le monde, voilà la réponse de Mohamed Ourya, chargé de cours en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke.
« La question du terrorisme engendre beaucoup de débats sur le processus de radicalisation jusqu'au passage à l'acte. Tout le monde peut devenir terroriste et se radicaliser. Il y a plusieurs théories qui expliquent ce passage. Il y a des individus qui épousent des idées religieuses et qui se radicalisent petit à petit en pleine conscience. D'autres ont eu une enfance difficile et une vie familiale un peu déchirée. Il arrive donc qu'ils passent par ce processus de radicalisation. Il y a plusieurs explications de la radicalisation au passage à l'acte », explique M. Ourya.
Dans l'hypothèse de l'extrême droite, la politique de peur du président des États-Unis, Donald Trump, pourrait avoir influencé certains gestes, selon le chargé de cours de l'Université de Sherbrooke.
« Si on est dans l'hypothèse de l'extrême droite, en effet, le discours du président peut avoir un lien. Si on est dans l'extrême droite, c'est un acte qui vient dans la foulée du discours populiste de plusieurs pays occidentaux. Ce discours est de plus en plus présent dans les réseaux sociaux à travers des actes haineux contre les communautés musulmanes depuis plusieurs années déjà. La radicalisation de Montréal a mis la sonnette d'alarme contre la radicalisation et le discours de l'extrême droite au Québec », commente M. Ourya.
Deux hypothèses possibles pour l'attentat à Québec
Concernant les attentats terroristes de Québec, deux hypothèses pourraient être possibles, selon M. Ourya. « L'une des hypothèses pourrait être que celui qui a commis l'acte faisait partie d'un groupe islamiste radical voulant adhérer aux idées de l'État islamique. L'autre hypothèse qui pourrait être la plus probable serait qu'il s'agisse d'une personne radicale de l'extrême droite. Il s'agit d'hypothèses, donc on ne sait pas vraiment. On attend toujours un point de presse des services de sécurité », précise-t-il.
Questionné à savoir si au Québec, les gens se fermeront en raison du malheureux événement, le chargé de cours ne va pas dans ce sens. « Je pense que les gens vont se resserrer les coudes. On a vu qu'il y a eu une solidarité au sein de la société québécoise. Le discours de la solidarité est présent et les deux premiers ministres au niveau fédéral et provincial ont bien fait de mettre de l'avant le discours sur la radicalisation. Je crois que c'est l'exemple à donner au monde et il ne faut pas se replier. Il faut rester vigilant et aussi lucide pour un bon vivre commun au Québec », soutient-il.
Il arrive que la couverture médiatique donne plus de proportions aux actes terroristes et c'est d'ailleurs ce que souhaitent les acteurs de ce phénomène. Par contre, M. Ourya rappelle qu'informer les gens est aussi nécessaire.
« Bien sûr, la mise en lumière est recherchée par le mouvement terroriste. Toutefois, on ne peut pas négliger l'évidence d'un tel acte. Ce qu'il faut garder à l'esprit, c'est que l'information doit être donnée aux spectateurs sans bien sûr l'événementiel et la propagande. L'ennemi, c'est le discours de haine, qui n'a pas de place au sein de la société québécoise. Le discours de haine doit être évité par la vigilance et la lucidité », souligne-t-il.