Poussière retombée, analyses décuplées, humeurs acidulées et ministres nommés, profitons de ces moments d'accalmie de l'Été indien. Apprécions-les avant les grands froids de la saison morte pour revenir sur la récente campagne électorale provinciale qui a tapissé de bleu la carte de l'Estrie, voire du Québec.
Via notre lunette artistique et culturelle, regardons les engagements bien minces des personnes candidates, élues ou non, en matière d'investissement culturel, alors que la nouvelle vague a laissé « le Parti libéral moitié fort, le Parti québécois exsangue et le Québec solidaire extatique ».
Rappelons tout d'abord que l'enjeu des arts et de la culture a été très peu couvert pendant les 39 jours du défilé des partis politiques en campagne électorale. Et ce, malgré les quelques sorties ciblées des organismes nationaux, tels que Compétence culture, le Réseau des Conseils de la culture du Québec, la Coalition Culture Cœur du Québec, l'Union des écrivaines et écrivains du Québec et le Conseil du théâtre du Québec.
Du point de vue des artistes, des organismes et des travailleurs culturels, cette parade, débats y compris, a offert très peu d'assises aux artistes. Somme toute, que des promesses creuses, bien trop généreuses pour faire consensus dans nos disciplines et domaines respectifs!
Dans cette vague évidente de changements, le cynisme vient une fois de plus ourdir les commentaires des bien-pensants et des laissés-pour-compte, parmi lesquels les artistes et les organismes socioculturels en région. Le milieu des arts reste en effet sur sa faim, après des années de vaches maigres. À l'enseigne du déficit zéro obsessif des dernières années, le régime minceur du secteur, toutes disciplines confondues, sent bon les feuilles mortes. Le financement attendu de-puis des lunes sera-t-il un jour adéquat, entre autres par l'indexation du soutien aux artistes et aux organismes culturels pour éviter les crises répétitives aux quatre ans?
Si bien que les questions ciblées par le milieu au moment d'organiser l'activité en septembre s'avèrent toujours pertinentes. Pour le milieu, elles enlignent d'ailleurs les démarches des prochains mois, afin de positionner les arts et la culture comme vecteur socio-économique, vecteur d'identité, de rétention et pourquoi pas d'attractivité!
Pierres angulaires de la Stratégie culturelle estrienne, 2017-2022, initiée par le Conseil de la culture, ces travaux pèsent déjà lourd dans la balance, en vue de reconnaître, puis de mettre à niveau le financement des arts et de la culture et de susciter un meilleur développement du domaine chez nous.
Le rôle de l'État dans le redressement nécessaire des investissements des municipalités et celles régionales de comté, la décentralisation des pouvoirs vers les régions, l'importance d'augmenter les crédits à la fois du ministère de la Culture et des communications et du Conseil des arts et des lettres du Québec, ne renvoient-ils pas les nouveaux élu (e)s à leurs devoirs et leçons? Même constat en ce qui concerne l'accès privilégié des jeunes à la culture et la réforme du milieu culturel actuel, en regard du virage incontournable au numérique.
Quant à savoir quel moyen emprunter pour sortir la région de l'Estrie du 16e rang sur 17 qu'elle occupe sur le plan du financement des arts et de la culture, selon les données de l'Institut de la statistique du Québec, la question nous mobilise avec force conviction.
Si les artistes n'ont pas vraiment pris part ou si peu aux débats durant la récente campagne électorale, ils n'en ont pas moins suivi le cortège des promesses lancées à la volée. Ils ont de plus vaqué à l'ouvrage, sachant qu'en arts et culture, rien n'est vraiment acquis, car « tout se mérite à la petite semaine ».
Bien que cet adage les rattrape en temps réel, n'empêche qu'ils vont continuer à créer en région des œuvres à leur image, Ils vont maintenir le cap, malgré cette grisaille du « mois des morts ».
Confiants, ils participeront aussi et nombreux à l'Apéro culturel du 13 novembre au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke, apéro annuel qui souligne l'excellence - des pieds à la tête - de la création artistique en Estrie.
Saluons d'ailleurs les finalistes de l'édition 2018 pour les prix Relève, Développement culturel, Excellence Culture Estrie et Œuvre de l'année. Des entrevues avec les principaux intéressés seront présentés à l'antenne de CFLXm au 95,5 FM les samedis 3 et 10 novembre, de 13 h à 15 h. Photos à l'appui, les nommés sont respectivement :
Prix Relève, en collaboration avec le Cégep de Sherbrooke
Marie-Pier Audet, dramaturge et comédienne, pour ses trois créations théâtrales pour jeunes : « Un château et ses contes », « Les créatures de l'ombre » et « Cercle »;
Jean-François Létourneau, conteur performeur, pour son spectacle « Sur les traces du territoire »;
Claude-Andrée Rocheleau, artiste multidisciplinaire, pour son moyen métrage sans paroles intitulé « Être ».
Prix Développement culturel, en collaboration avec la CDEC et la Société nationale de l'Estrie
Le Centre culturel de l'Université de Sherbrooke, pour le projet pilote Les passeurs culturels, représenté par Mario Trépanier, directeur général du Centre culturel, et Martin Lépine, responsable du projet et professeur à la Faculté d'éducation;
La Chapelle du rang 1, pour l'implantation du lieu de diffusion et de la diffusion de la Web-série sur la Chapelle du rang 1, représenté par Stéphane Lavallée de l'équipe familiale de partenaires;
Le P'tit Bonheur de Saint-Camille, pour le projet pilote « Diffusion pour jeunes publics en téléprésence, représenté par Hugo Chavarie, chargé de projet en déve-loppement culturel au P'tit Bonheur;
Ian Fournier, auteur-compositeur-interprète, pour 50 nouvelles chansons et pièces musicales et pour la tournée du nouveau spectacle « Animaux nocturnes »;
Le Centre culturel de l'Université de Sherbrooke, pour le projet pilote Les passeurs culturels, représenté par Mario Trépanier, directeur général du Centre culturel, et Martin Lépine, responsable du projet et professeur à la Faculté d'éducation;
Le P'tit Bonheur de Saint-Camille, pour le projet pilote « Diffusion pour jeunes publics en téléprésence, représenté par Hugo Chavarie, chargé de projet en déve-loppement culturel au P'tit Bonheur;
Prix Excellence Culture Estrie, en partenariat avec La Fabrique culturelle.tv / Télé-Québec
Ian Fournier, auteur-compositeur -interprète, pour 50 nouvelles chansons et pièces musicales et pour la tournée de son nouveau spectacle « Animaux noc-turnes »;
Isabelle Gosselin, auteure et conteuse, pour ses spectacles qui s'inspirent des communautés rurales et de leurs personnages plus grands que nature;
Kyra Shaunessy, auteure-compositrice-interprète, pour ses chansons multilingues, ce qui lui permet de s'enraciner davantage en Estrie.
Prix Œuvre de l'année du Conseil des arts et des lettres du Québec
Hélène Dorion, écrivaine, pour son recueil de poésie Comme résonne la vie;
Amandine Garrido Gonzalez, chorégraphe et danseuse, pour son œuvre « Acuna » destinée au jeune public et présentée dans le cadre des Petits bonheurs de Sherbrooke;
David Goudreault, auteur, pour le dernier roman Attacher la bête de sa trilogie intitulée « La bête ».
Sylvie L. Bergeron