Lise Dion est de retour sur scène avec un tout nouveau spectacle intitulé « Chu rendue là! ». Et c'est où, là? J'ai posé la question à l'humoriste chouchou des Québécois, à l'approche de son passe au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke.
« Je dis souvent qu'à soixante ans, j'ai plusieurs élastiques qui sont étirés, dont celui de la patience », raconte d'emblée Lise Dion, lorsqu'on lui demande ce qui a inspiré le titre de son nouveau spectacle, son 4e en carrière.
Entamée il y a à peine quelques semaines, cette petite tournée de quelques régions propose de voir en primeur le tout nouveau spectacle de Lise Dion, dont la grande première montréalaise est prévue à l'automne. À Sherbrooke, « Chu rendue là! » est présenté les 7, 13, 14, 20, 21, 26, 27 et 28 juillet.
Son histoire d'amour avec les Sherbrookois a commencé il y a plus de trente ans, bien avant qu'elle soit connue aux quatre coins de la province.
« Quand j'ai commencé comme humoriste, je faisais Montréal-Québec-Sherbrooke », explique l'humoriste qui avait fait un malheur lors de sa première venue à Sherbrooke, au défunt bar le Graffiti, à l'occasion d'un festival d'humour présenté sur la rue Wellington, au début des années 90.
« Par la suite, il y a eu le Vieux Clocher de Magog et je suis réellement tombé en amour avec la région! Les premières années de ma carrière, je rodais mes spectacles au Vieux Clocher, mais je me souviens qu'à un certain moment, mes spectacles ont pris de l'ampleur; les billets se vendaient plusieurs semaines à l'avance et les touristes qui débarquaient en Estrie étaient fâchés de ne pas pouvoir acheter de billets! »
C'est à ce moment-là que Lise Dion a troqué les petites salles pour les grandes. Trente ans plus tard, avec plus d'un million de billets vendus, Lise Dion a toujours à ses côtés un public fidèle, du fameux numéro sur le Dunkin Donuts à aujourd'hui.
Plus crunchie aujourd'hui
Pour ce spectacle, sa nouvelle metteure en scène Josée Fortier lui a proposé d'être un peu plus provoquante, directe. Pourquoi pas, s'est dit Lise Dion. « J'ai toujours été très prude avec le public, mais cette fois, sans être devenue vulgaire, je dis des choses que je ne pouvais pas dire avant soixante ans. Je vais un peu plus loin dans le crunchie. »
Plusieurs thèmes sont au menu de ce 4e one-woman-show. D'abord, il y a le fameux Marcel, qui la suit depuis le tout début.
« Après avoir fait une thérapie de couple, nous ne sommes plus ensemble, explique en riant Lise Dion. Marcel s'est marié à Cuba l'an dernier. Vous imaginez bien que je suis allé voir le spectacle, je ne voulais pas manquer ça! Alors j'ai fait un beau discours pendant les noces ! »
Il y a le thème du célibat.
« En tant que célibataire, je me rends compte que ce n'est pas rose avec le magasinage de l'amour sur les réseaux sociaux. Personnellement, je trouve ça terrible la solitude et j'ai voulu mettre l'accent là-dessus. Même si je suis heureuse dans la vie, je suis une fille qui est faite pour être en couple. J'ai été faire un petit tour sur les réseaux sociaux, mais ce n'est pas évident quand on s'appelle Lise Dion (rire). C'est plutôt compliqué et je raconte d'ailleurs dans le spectacle quelques rendez-vous non concluants que j'ai eus. C'est comme si les gars ont l'impression qu'ils doivent se vendre, comme s'ils passaient une entrevue pour un emploi. C'est vraiment bizarre (rire). »
Le thème sur le vieillissement (et la peur qui s'y rattache) ne pouvait pas non plus être mis de côté.
« Je veux faire prendre conscience aux gens qu'il est important de profiter de la vie. Je n'ai pas peur des rides et des plis, mais j'ai peur de perdre mes capacités. S'il fallait que je perde la vue, que je reçoive un diagnostic de cancer ou que je ne puisse plus conduire... Ouf! J'ai toujours peur de me réveiller un matin et de voir des changements dans ma santé. J'essaie donc d'entrainer tout ça pour que ça tienne debout encore longtemps! »
Et tout comme dans sa vie personnelle, l'humoriste a l'impression de ne plus avoir de temps pour le refoulement, les barrières ou même les remords. Elle s'assume. Elle est rendue là.
« Il y a plusieurs choses que je n'endure plus maintenant. Il y a une certaine urgence de vivre. Je me permets beaucoup plus de choses qu'a trente ans et je veux les faire avant d'être moins en forme. Je suis privilégiée en ce moment et je veux en profiter. Évidemment, je veux garder ma constance dans ma discipline des spectacles, mais si j'ai envie de faire quelque chose en particulier ou de dire quelque chose à quelqu'un, je le fais! J'ai envie de dire à mon public de s'amuser, de rire, d'aimer, de boire, de faire ce qu'ils ont envie de faire et, surtout, de ne pas gâcher leur vie avec des complexes, des peurs, des remords ou le fait d'être pressé. »
Lise Dion, qui avoue être plus heureuse que jamais, ne sait pas encore ce que lui réserve l'avenir concernant la carrière. Un 5e spectacle? Peut-être, puisque l'humoriste ne pense pas être très douée pour la retraite, mais celui qu'elle vient d'entreprendre ne devrait pas se terminer de sitôt.
« Je commence la tournée montréalaise en novembre, j'aurai donc 63 ans. Habituellement, une tournée dure pour moi environ trois ans et demi, je vais donc voir après mon niveau d'énergie. J'aimerais au moins prendre un an de retraite, sans penser à rien. On verra après. »
Et a-t-elle un défi, un rêve professionnel qu'elle n'a pas encore relevé?
« Sortir un nouveau spectacle dans la soixantaine est un défi en soi. Je parlais d'ailleurs l'autre jour avec Yvon Deschamps et je lui demandais pourquoi après trente ans de métier j'avais autant le tract de présenter un nouveau show. J'en suis presque malade, car j'ai peur de décevoir! Alors, c'est un gros défi à relever pour moi. Avec l'âge, on réalise à quel point on est choyé d'être sur une scène. »
