Valérie Fontaine a toujours eu une relation passionnée avec la lecture. Toute petite, elle avait deux objectifs bien précis pour sa vie d'adulte : devenir enseignante, et écrire des livres. Elle peut maintenant dire mission accomplie, puisqu'après avoir combiné une carrière enrichissante dans le milieu scolaire et entrepris le métier d'autrice, celle-ci s'est définitivement tourné vers la littérature jeunesse pour y consacrer son temps, son énergie, et pour partager son imaginaire.
Elle n'a pas pour autant complètement délaissé l'univers scolaire, puisqu'elle présente aussi des conférences et travaille à soutenir les enseignants qui choisissent d'introduire la littérature dans leur classe. La combinaison de ces expériences ont fait d'elle une personne à qui l'on se réfère en matière de littérature jeunesse dans le milieu de l'éducation.
« Je pense que ma force a toujours été d'être un modèle de lectrice; autant comme auteure que comme enseignante. Mes lecteurs ou mes élèves m'ont toujours perçue comme quelqu'un qui aime les livres, qui aime écrire, et qui aime lire. Je pense que c'est le message le plus fort qu'on peut proposer. Quand je leur parle de mon écriture, ils voient les étoiles dans mes yeux. Je pense qu'en gardant cette authenticité-là et cette passion-là vivantes, le travail se fait des deux côtés », explique Valérie Fontaine.
Lorsqu'une idée germe dans son esprit, l'autrice prend le temps de peser à quel groupe d'âge elle veut s'adresser, pour s'assurer de bien adapter le contenu ou le fil de l'histoire du livre sur lequel elle planche. Le lien commun entre toutes les œuvres que Mme Fontaine a produit, est la touche d'humour qu'elle insuffle à ses histoires, question de les rendre accessibles au plus grand nombre.
La dernière série qu'elle a entamée s'inscrit dans le courant des livres du type ‘'dont vous êtes le héros''. Avec un titre comme ‘'Ma vie de youtubeuse'', on comprend que le lectorat visé se situe entre 10 et 14 ans; un groupe d'âge qui semble idolâtrer les vedettes qui s'y produisent. « Moi quand il y a un phénomène que je ne comprends pas, j'aime beaucoup partir un projet d'écriture en lien avec celui-ci. Ça me force à faire de la recherche, à réfléchir sur ce sujet-là. D'emblée je trouvais que le phénomène des youtubeurs et un livre ‘'dont vous êtes le héros'' étaient parfaits à mettre ensemble » raconte Mme Fontaine. Dans un style léger et rempli d'humour, l'autrice cherche à pousser les jeunes lecteurs (trices) à mieux saisir toutes les implications d'une telle plateforme.
Le lecteur ou la lectrice, qui est le personnage principal, en début du tome 1 débute l'aventure en se partant une chaîne Youtube. Tous les choix qu'il ou elle a à faire sont en lien avec cette chaîne; ce qui fait que quand on fait les bons choix, ça se passe bien; on voit le nombre d'abonnée et de vues augmenter. Mais avoir une chaîne Youtube, c'est se mettre de l'avant, sur une plateforme publique, qui vient avec ses dilemmes et ses risques pour la vie privée. « Il y a toute une réflexion éthique à faire par rapport à cette plateforme qui est intéressante à faire pour nos jeunes. Même si ça l'air facile de mettre en ligne une vidéo, il y a beaucoup de travail de montage à faire. Ce n'est pas donné à tout le monde d'y mettre un contenu pertinent », ajoute Valérie Fontaine.
Ne reculant devant aucun défi, elle utilise également Facebook pour un rendez-vous hebdomadaire avec les tout-petits et leurs parents, pour ‘'L'heure du conte en direct''. Depuis presque trois ans, elle offre aux spectateurs cette expérience, maintenant suivie par près de 500 familles. « C'était une bonne façon d'entrer chez les gens et de faire tout ce qui est important pour moi. De me montrer en modèle de lecteur; de faire découvrir des livres aux enfants et aux parents; et de montrer que ce n'a pas à être compliqué pour capter l'attention ou susciter une réaction de l'enfant », dit-elle.
Comme le thème choisi pour le Salon du livre de l'Estrie est l'imaginaire, l'auteur veut profiter de son rôle de paneliste pour provoquer une certaine prise de conscience. « J'ai l'impression que pour nos enfants, c'est quelque chose qu'on délaisse, et ça m'inquiète beaucoup. Les enfants on les organise de plus en plus; on les place en CPE très tôt, où les activités sont dirigées; les familles sont à la course, donc pas beaucoup de temps libre; en plus des écrans et des jeux vidéo. L'espace disponible pour l'imaginaire occupe une mince partie de leur journée » de dire Mme Fontaine.
Constat qu'elle a fait maintes fois alors qu'elle était enseignante, voyant des enfants complètement déboussolés lorsqu'elle leur donnait des travaux d'écriture où ils devaient faire usage de leur imagination pour développer une histoire. « L'imaginaire c'est un muscle qu'il faut qu'on travaille. On a souvent l'impression que c'est juste d'inventer des histoires fantastiques. L'imagination c'est aussi régler des problèmes, trouver des solutions. Quand on se heurte à un obstacle, c'est souvent grâce à elle qu'on va arriver à le surmonter », ajoute Valérie Fontaine avec sagesse.
Le Salon du livre de l'Estrie aura lieu du 17 au 20 octobre prochain.
