De passage à Sherbrooke lundi, le premier ministre du Québec Philippe Couillard a rappelé l'importance de faire preuve d'ouverture vis-à-vis des réfugiés syriens qui doivent arriver au nombre de 25 000 d'ici la fin 2015. Mais pas sans compromettre la sécurité, affirme M. Couillard.
« La sécurité est primordiale et le fédéral fera toutes les vérifications nécessaires. Mais il ne faut pas non plus que les questions sécuritaires deviennent un alibi pour dire non aux réfugiés. Il faut avoir une attitude équilibrée, mais sans faire concession sur la sécurité », affirmait le premier ministre, en marge d'un dîner conférence organisé par la Chambre de commerce de Sherbrooke.
Alors que le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, et le maire de Toronto, John Tory, viennent tout juste de demander à Justin Trudeau de suspendre l'arrivée des 25 000 réfugiés syriens au Canada le temps de réévaluer son plan d'accueil, Philippe Couillard se veut rassurant.
« On s'était déjà mis au travail pour que toutes les questions liées à la sécurité, au logement, à la francisation, à la scolarisation, à l'accès à l'emploi, soient couvertes. Nous sommes en train de regarder toutes les options possibles pour que ces réfugiés s'intègrent le plus rapidement possible. Les questions de sécurité sont prioritaires, nous allons toujours faire les vérifications auxquelles la population s'attend et c'est normal. Mais aussi importante que la sécurité pour le Québec, l'accueil l'est tout autant. Je suis persuadé que le Québec fera de nouveau bonne figure. »
3600 réfugiés au Québec
Sur les 25 000 réfugiés que le Canada accueillera, 3600 atterriront au Québec. Un chiffre qui entre dans les prévisions annoncées un peu plus tôt cette année par la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, Kathleen Weil. La ministre avait d'ailleurs annoncé que la mise en œuvre de ce nouveau plan d'accueil nécessiterait une enveloppe de 29M $.
« En termes d'accueil des réfugiés, l'argent vient en grande partie du gouvernement fédéral. On s'attend à ce qu'au fur et à mesure qu'il arrivera à son objectif, le gouvernement débloquera les sommes nécessaires. Mme Weil a d'ailleurs déjà eu des discussions à ce sujet avec son homologue fédéral de l'ancien et du nouveau gouvernement. Je n'ai pas de doutes, l'argent sera au rendez-vous. »
Selon le premier ministre, difficile de dire combien de réfugiés trouveront un nouveau domicile dans la région et de quelles ressources les organismes chargés de l'accueil disposeront.
« Tout devra être planifié correctement et c'est à M. Trudeau d'expliquer comment il fera pour aider les régions à accueillir toutes ces personnes. L'Estrie a une longue histoire d'accueil puisque que la moitié des immigrants dans la région sont des réfugiés. On s'attend à ce que le gouvernement fédéral fasse sa juste part. »
Sur l'intensification des frappes françaises en Syrie, Philippe Couillard s'est réjoui de constater que le Canada participe activement à la lutte contre l'État islamique.
« On s'attend à ce que la communauté internationale réponde à une menace mortelle et barbare par une réponse proportionnelle. Je suis content de voir que le gouvernement canadien restait partie intégrante de la coalition et qu'il remplirait ses responsabilités telles que fixées par la coalition. Il y a un état de guerre contre ces terroristes qui s'attaquent à la civilisation et il ne faut pas le minimiser. Encore une fois, rappelons-nous que l'important pour répondre aux terroristes, c'est de maintenir ce qui constitue une démocratie ouverte, une société de droit qui comprend des libertés civiques et notamment l'accueil. »
Négos dans le secteur public
Une cinquantaine de manifestants se sont rassemblés en comité d'accueil devant l'hôtel Delta, lundi midi. Philippe Couillard s'est montré optimiste quant à la possibilité d'en arriver avec une entente négociée avec les syndicats des employés du secteur public.
« Le prochain geste appartient au mouvement syndical. On a appris que les syndicats déposeraient une contre-offre, tant mieux. Par contre, les moyens financiers ne sont pas élastiques. Le cadre financier du Québec est celui qu'on a annoncé », souligne M. Couillard.
Selon le premier ministre, pas question de remettre en question ni l'équilibre budgétaire de cette année et des années suivantes, ni l'abolition de la taxe santé pour tous les Québécois, « y compris les syndiqués. Nous avons ajouté 1,7 milliard de dollars, ce n'est pas rien. Les syndicats veulent présenter une contre-proposition, tant mieux, le but, c'est d'arriver à une entente négociée. »
S'est-il fixé un échéancier avant d'avoir à recourir à une loi spéciale, si l'on doit en arriver là?
« La session parlementaire se termine le 4 décembre et nous avons du temps devant nous pour travailler. Mais je ne pense pas qu'on puisse aller loin dans l'année 2016 sans arriver à quelque chose. Je reste optimiste quant à une entente négociée et j'appelle à la responsabilité de tout le monde », conclut le premier ministre.