L'aéroport de
Sherbrooke n'est pas loin de la ville ni des centres urbains périphériques. Au
plus, une bonne demi-heure de Magog, Disraeli, Asbestos..., et à peine 24
minutes de Sherbrooke. Serge Audet de la Chambre de commerce de cette
municipalité, avait l'intuition de ce temps.
Le Rallye de l'aéroport l'a
confirmé. Pour le Haut-Saint-François, cette information revêt une importance
majeure puisqu'on y reconnaît l'intérêt de développer le parc industriel autour
de l'aérodrome.
Nicole Robert, préfet de la MRC du
Haut-Saint-François et présidente du CLD, siège au Comité de développement de
l'aéroport de Sherbrooke (CDAS) à ce titre. Elle profite de ce moment pour
témoigner du fait qu'à la table de la MRC, les maires adhèrent de plus en plus
à l'idée de miser sur ce moteur de l'économie régionale pour l'essor du parc
industriel qui l'encercle. « En région, on commence à trouver que c'est
sérieux; on a la volonté d'aboutir à quelque chose » indique-t-elle. Elle
se réjouit de l'initiative de M. Audet qui, fatigué qu'on ignore le
potentiel du terrain d'aviation, s'est investi dans cette activité pour
sensibiliser des femmes et des hommes d'affaires de la région à sa proximité et
en ses possibilités. Pour la préfet, c'est une aide importante apportée au
développement de ce mode de transport. « Il reste plusieurs étapes à
franchir à la CDAS avant que le projet se réalise », ajoute-t-elle
réaliste.
Noël Landry, maire de Cookshire-Eaton, avait le
visage souriant. « C'est un projet rassembleur », indique-t-il
d'entrée de jeu. Il prévoit qu'il dynamisera le démarrage d'entreprises. Il
insiste: « Sherbrooke devrait favoriser un projet comme Valoris pour la
solidarité régionale. » Il garde pour quelque temps encore un projet
important sous le manteau, projet qu'il a hâte d'annoncer. Toutefois, le maire
n'est pas tendre à l'endroit du gouvernement fédéral. « On a déjà 20 ans
de retard à cause d'Ottawa; ce n'est pas avec ça qu'ils (les conservateurs)
vont gagner des voix aux prochaines élections », avance-t-il.
Pour Robert Roy, maire de East Angus, ce rallye
et l'augmentation du trafic aérien prochain vont mettre le Haut-Saint-François
et Sherbrooke sur la carte. Faisant référence aux Mille et une saisons, il
suggère que les administrateurs ont choisi de rester à Scotstown parce qu'ils
croient à l'avènement de la station aéroportuaire. Il donne aussi en exemple la
perte d'entreprises qui se sont installées ailleurs à défaut de voir atterrir
de gros avions. Il a mentionné qu'actuellement, un service de douane pouvait
être utilisable pour des petits transporteurs de moins de trente passagers
entrant au Canada. Considérant ce fait, il se demande pourquoi les hésitations
à accorder cette accréditation complète pour tous les aéronefs arrivant et
sortant du pays.
Pour le président de la Chambre de commerce du
Haut-Saint-François, Guy Boulanger, il est évident que l'aéroport est un outil
majeur pour le développement du territoire. « Si des compagnies de l'extérieur
viennent s'établir près de l'aéroport, ça va générer des revenus additionnels,
susciter la création de nouveaux commerces. Ça va amener plein de vie »,
complète-t-il.
Au titre d'utilisateurs fréquents du transport
aérien à partir de Burlington, Gaétane Plamondon et Gaston Tardif, de Tardif
Diesel, verraient d'un bon oeil d'utiliser l'aéroport à proximité. Pour de la
formation, leurs employés vont rencontrer des fabricants de camions et de
pièces, principalement aux États-Unis. Mme Plamondon a hâte de prendre des
avions qui feront la navette vers ces destinations.
Quelque 100 entrepreneurs de la région ont
participé à ce rallye, mentionnait M. Audet. Il rappelait que la ville
avait tendance à s'étendre en direction de Montréal. Il souhaite l'inverser en
misant sur la proximité de l'aéroport. « Sherbrooke se développe à
l'envers », fait-il remarquer. Les personnes qui atterrissent là doivent
ajouter à leur trajet quelque deux heures supplémentaires tandis que s'ils
s'arrêtaient à l'aérodrome, ils seraient déjà rendus. Annie Lessard, présidente
de la Chambre de commerce de Sherbrooke, rappelle le message de la courte
distance entre Sherbrooke et la piste. Bromont, selon elle, est trop loin pour
la région.
La majorité des gens
présents ont applaudi l'initiative de M. Audet. De tous les côtés fusaient
les noms des destinations possibles. L'Europe, les États-Unis principalement,
des villes comme Halifax pour des vacances soleil, d'autres villes
canadiennes... On parle aussi de mariage d'affaires avec la ville de Burlington
aux États-Unis vers qui, pour l'instant, se dirige une partie des voyageurs.
Le maire Bernard Sévigny de Sherbrooke déplore
les opportunités manquées. « Il n'y a rien comme une année électorale pour
pousser le dossier », suggère le premier magistrat, qui ajoute: « Il
est pas mal plus facile de travailler avec nos voisins qu'avec le gouvernement
canadien. »