La musique traditionnelle s'est fait une place de choix dans le cœur des québécois au cours de la dernière décennie. Les chansons traditionnelles revisitées ou adaptées aux sonorités plus actuelles ont su séduire un nouvel auditoire.
Nicolas Pellerin et ses acolytes Les Grands Hurleurs (Simon Lepage et Stéphane Tellier), ont emmené ce concept un peu plus loin avec leur plus récent album Chouïa. Comme plusieurs de leurs acolytes, ils aussi camper la musique Trad dans un autre décor que celui du Temps des Fêtes.
Le terme d'origine arabe signifie ‘'petite quantité'' ou ‘'un petit peu''. Le trio a choisi ce titre pour illustrer les touches de diversité qui teintent l'album; reflet de nombreuses collaborations lors de sa création. La chanteuse et musicienne Jorane, Elage Diouf, ainsi que le Quatuor à cordes esca, apportent un souffle distinctif et moderne à l'ensemble de l'œuvre. Rappelons que le groupe a assuré pendant quatre saisons, l'animation de l'émission ‘'Excusez-les'' sur Ici Musique, leur permettant de collaborer avec des musiciens aux styles très variés. « C'est notre album 10e anniversaire, alors on voulait se payer la traite et de s'entourer de gens avec qui on a ‘'trippé'' ; essayer d'amener d'autres couleurs à la musique Trad », raconte Nicolas Pellerin.
Les douze pièces de Chouïa sont le reflet d'un esprit d'ouverture et de la recherche d'un son métissé à la musique traditionnelle, que le groupe a adopté pour cet opus. À l'écoute, les amateurs reconnaîtront les thèmes, la forme et les rythmes qui rendent la musique Trad si distinctive. Mais les chansons où leurs invités laissent leur marque, ajoutent une nouvelle dimension à l'expression des morceaux. La voix douce et envoutante de Jorane sur les pièces ‘'Fille Abandonnée'' et ‘'C'est dans Paris'', leur donne une féminité bienvenue et une plus grande richesse vocale. Elage Diouf apporte quant à lui du rythme et de la vigueur à la chanson ‘'Trégate'' avec le son des percussions africaines. ‘'Chez moi'' est un hymne à l'amitié et la cohabitation entre les cultures; un croisement surprenant de rock, de folk africain et de traditionnel entraînant, mais surtout remarquablement bien réussi!
L'autre aspect intéressant de ce 4e album, est la générosité avec laquelle ces collaborateurs se sont laissé aller s'approprier la sonorité Trad et en faire autre chose. Le Quatuor esca en fait une belle démonstration avec son jeu sur la pièce instrumentale ‘'Petit Bonhomme''. Sans être effacé par le violon solo et la podorythmie qui les accompagne dans ce qui ressemble parfois à un ‘'jam'' improvisé, l'apport du quatuor à cordes offre une belle cohérence à l'ensemble. La chanson ‘'Corsaire'' se voit enrichie grâce à l'orchestration enrichie par les quatre violons. L'album au complet renvoie l'image d'un groupe arrivé à maturité et qui assume totalement ses choix artistiques.
Enregistré en 2018, Chouïa prend des allures de fêtes une fois transposé à la scène. « Faire un album c'est prendre une photo dans le temps. Mais après ça, les chansons continuent d'évoluer; il y a plus de place à l'improvisation maintenant dans notre spectacle. On sa ‘'lâche lousse'', il ne faut pas que ça devienne routinier, pour ne pas qu'on tombe sur le pilote automatique, il faut se garder à vif, il faut se garder allumés. C'est pour cela qu'on se fait de la place pour l'impro, ce qui fait que chaque show est unique. On aime se mettre en danger sur scène », explique le leader du groupe. Tellement que la réception du public va influencer le déroulement et le choix des pièces jouées lors du spectacle. « Si on sent que les gens ont plus le goût de fêter, on va jouer des trucs plus festifs; si ils sont plus à l'écoute, on va aller dans notre répertoire qui est plus fin, plus peaufiné», ajoute-t-il.
Le trio sera en prestation au Vieux Clocher de Magog, dimanche le 29 décembre, 20h30.
vieuxclocher.com