Le journaliste Marcel Gagnon prend sa retraite aujourd'hui, après 50 ans de métier à TVA Sherbrooke. Quelques heures avant de dire au revoir à ses collègues, le populaire journaliste s'est entretenu avec Estrie.Plus.com.
L'aventure journalistique a commencé à l'été 1967 pour Marcel Gagnon. Il avait 19 ans. La télé, qui était encore en noir et blanc, existait depuis à peine onze ans. C'est André Desève , directeur des nouvelles à l'époque, qui lui a donné sa première chance.
«Plusieurs années plus tard, monsieur Desève m'a remémoré qu'à notre première rencontre, je lui ai dit que s'il m'engageait, il allait faire une excellente chose, et que dans le cas contraire, il le regretterait peut-être», raconte Marcel Gagnon en riant.
Deux semaines plus tard, il était engagé. À l'époque, TVA Sherbrooke (CHLT-TV) était situé sur la rue Dufferin, au centre-ville. L'année suivante, la télé passait à la couleur et l'équipe déménageait dans la bâtisse qui abrite toujours TVA, rue King Ouest.
«C'est une période où tout était à bâtir. Une période aussi où il n'y avait pas de réseaux sociaux et toute cette nouvelle technologie qui fait qu'on puise l'information partout.»
L'équipe de Sherbrooke avait une vingtaine de correspondants à travers le Québec. Au fil des années, de nombreuses émissions ont vu le jour ici, sur la rue King Ouest, dont la Soirée canadienne, Café Show et Mongrain de sel.
Marcel ne s'en cache pas, une carrière à Montréal ne l'a jamais intéressé, même s'il a reçu quelques offres. «Ici, tout était possible et je suis resté à Sherbrooke par choix», souligne le journaliste. Lorsqu'on lui demande qui a fait une différence dans sa vie professionnelle, il cite au passage les noms d'André Desève, qui lui a offert sa première chance, Roxan Paradis, qui a été dans les années 80 la directrice des nouvelles, ainsi que le producteur Bernard Fabi, à l'époque directeur général de la station.
De beaux souvenirs, de grands moments
Le métier était bien différent à l'époque. Dans les années 80, Marcel a pu réaliser des séries de reportages outre-mer, en compagnie de ses collègues caméramans Aimé Morin et Pierre Therrien, entre autres.
Parmi les projets, Marcel se souvient de la série de reportages tournée à Haïti, en 1987, ainsi que la série de reportages intitulée Au pays de Lamoussa, tournée en 1989, dans un petit village du Burkina Faso. Il y a aussi la fois où il est allé tourner en France, lorsque la compagnie Cascades s'est implantée chez les Français.
«Je vous le dis, on faisait l'envie de nos collègues de Montréal. Et je ne charrie pas en le disant! Je ne veux pas dire que les années d'aujourd'hui ne sont pas belles, elles sont différentes, mais j'ai connu une période d'effervescence. C'est-à-dire qu'on devait faire la démonstration que le besoin de l'information était réel.»
Ses souvenirs les plus marquants en carrière? L'enlèvement de Charles Marion, en 1977, et une série de reportages sur les travailleurs de rue, en 1995, répond le journaliste sherbrookois. «Cette série a permis pour bien des gens de réaliser que la réalité de la rue, ce n'est pas juste à Montréal.»
Et maintenant?
Aujourd'hui, à l'aube de ses 70 ans, Marcel Gagnon tire sa révérence, après 50 années de journalisme. Un demi-siècle de passion. Que compte-t-il faire de ses longues vacances bien méritées? De la moto, des voyages et du temps sur son terrain à la campagne, répond-il.
«Mais je reste un journaliste dans la tête. Je reste membre de la Fédération des journalistes et je continue à parrainer des organismes, dont les Petits frères. J'ai eu du plaisir jusqu'à la fin dans mon métier», conclut-il.