Plusieurs sages-femmes de la Maison de naissance de l'Estrie ont piqueté cet après-midi devant le bureau du député de Sherbrooke, Luc Fortin. Toujours en négociation depuis 2015, tout comme plusieurs autres collègues dans la province, elles ont décidé de se faire entendre puisque les négociations n'avancent pas.
Une trentaine de personnes étaient réunies cet après-midi devant le bureau du député de Sherbrooke, Luc Fortin. Sages-femmes, parents et enfants étaient rassemblés avec pancartes et trompettes pour demander au gouvernement du Québec de retourner à la table des négociations. Depuis 2015, les sages-femmes de la Maison de naissance de l'Estrie sont en négociation, tout comme leurs collègues des autres régions de la province.
« Nous sommes en négociation depuis trois ans maintenant, commente Véronique Couture, porte-parole du Regroupement les sages-femmes du Québec (RSFQ). La négociation des sages-femmes s'éternise, elles n'ont même pas abordé le cœur de leurs demandes et voilà que le gouvernement dépose une offre globale inacceptable. Le gouvernement est intraitable et veut nous faire reculer sur de nombreux aspects, par exemple en coupant de 1700 $ par année le forfait de garde pour les sages-femmes à temps complet. »
« En plus des négociations qui n'avancent pas du tout, on a même des reculs au niveau du forfait de garde, ajoute-t-elle. Notre modèle est basé sur la continuité des soins. On offre donc une continuité pour les femmes et les familles, ce qui fait en sorte qu'on est de garde 24 h sur 24 et 7 jours sur 7. On passe près de 50 % de notre vie en étant de garde et on est rémunéré moins de 2 $ de l'heure pour ce service. »
Outre à Sherbrooke, plusieurs sages-femmes ont aussi exprimé leur mécontentement à Brossard et Montréal devant les bureaux du ministre de la Santé Gaétan Barrette et du premier ministre Philippe Couillard. Elles souhaitent également rapidement trouver un terrain d'entente dans les négociations, qui stagnent depuis plusieurs semaines déjà.
Quelques mots sur le métier de sage-femme
Le métier de sage-femme demeure parfois inconnu auprès de la population. Afin de mieux le comprendre, EstriePlus.com a décidé de creuser sur le sujet pour en apprendre davantage.
Pour devenir sage-femme, un baccalauréat de quatre ans et demi est nécessaire. Bien que les hommes ne soient pas exclus, ils ne sont pas nombreux. La formation est beaucoup basée sur les stages et les cours. Ce métier, qui est majoritairement pratiqué par des femmes, permet un suivi lors d'une grossesse.
« On offre un soutien et un suivi aux femmes et aux familles jusqu'à six semaines postnatales, explique Mme Couture. Ce service en Estrie est offert à toute la population du CIUSSS de l'Estrie-CHUS. Il est offert principalement aux femmes qui sont en bonne santé et dont leur grossesse représente un risque de complications minime. »
À l'intérieur du suivi, les sages-femmes s'occupent de tout. « On peut prescrire toutes les prises de sang et on fait un suivi tant que la situation reste normale, souligne Mme Couture. On accompagne la famille et la femme tout le long de l'accouchement. On peut aussi prescrire une échographie à l'hôpital lorsque nécessaire. »
Dans le processus d'accouchement avec l'aide d'une sage-femme, la mère a le choix de donner naissance à son domicile, à la Maison de naissance ou à l'hôpital. Dans le dernier cas, l'hôpital offre une chambre aux sages-femmes pour procéder à l'accouchement.
« La philosophie des sages-femmes est que la grossesse et l'accouchement sont naturels et il est important d'en respecter la physiologie, note Mme Couture. Le but est de faire le moins d'interventions possible. Les femmes vont donc accoucher naturellement, et parfois même dans l'eau. À la Maison de naissance de l'Estrie, 85 % de nos accouchements se font dans l'eau. On utilise beaucoup de moyens non pharmacologiques pour soulager la douleur. Le soutien et la connaissance de la femme font par exemple une énorme différence sur le côté psychologique. »
Au Québec, on compte tout près de 200 sages-femmes, dont une vingtaine à Sherbrooke. Selon un sondage réalisé par le passé, 25 % des femmes qui ont donné naissance auraient souhaité avoir un suivi par une sage-femme. Le gouvernement du Québec souhaite quant à lui que 10 % des accouchements dans la province soient réalisés par le service des sages-femmes.
