Difficile de se loger avec des (plusieurs) enfants? Il semble que oui, selon l'Association des locataires de Sherbrooke, qui réitère sa demande aux paliers provincial et fédéral de remédier à la situation par la création de logements sociaux.
Présentement, sur la liste de l'Association des locataires de Sherbrooke, cinq familles tentent de se trouver un logement pour juillet, mais en vain. C'est que les logements abordables (et en bon état) se font de plus en plus rares. La situation serait encore pire pour les familles nombreuses. Selon l'Association, ces ménages-locataires qui ont généralement trois enfants ou plus vivent de la discrimination.
« Les ménages-locataires qui sont particulièrement touchés sont les familles de personnes immigrantes ainsi que les familles recomposées, souligne Normand Couture, porte-parole de l'Association des locataires de Sherbrooke. À ce jour, cinq familles nous ont contacté parce qu'ils ont de la misère à se trouver un logement pour juillet. Il s'agit de deux familles immigrantes et trois familles recomposées. Il y en aura certainement d'autres, car nous ne sommes qu'en mars. »
En jetant un coup d'œil aux annonces pour des logements à louer à Sherbrooke, on constate rapidement qu'ils sont plutôt rares les logements à cinq pièces et plus à moins de 800$.
« Le problème, explique M. Couture, c'est qu'à la fin des années 80, il y avait de moins en moins de grandes familles. Les propriétaires de grands logements ont donc décidé de diviser ces logements pour en faire des trois ou quatre et demi, ce qui a créé une rareté dans les grands logements (5, 6 et 7 et demi). »
Une hausse du taux de natalité et l'arrivée de plusieurs familles immigrantes ont créé un besoin. La demande est plus forte que l'offre.
« Depuis quelques années, il y a plus de demandes que d'offres, ce qui fait en sorte que le coût des grands logements a augmenté de façon considérable. Pour les gens à faibles ou modestes revenus, la location de logement est devenue quasi inaccessible. »
Pas si facile, se loger avec des enfants
EstriePlus.com a voulu faire le test et a appelé dix propriétaires de logements. Les logements visés ; des 5 et demi à moins de 850 $, situés dans le Nord, dans l'Est et dans l'Ouest de la ville. L'exercice consistait à poser des questions par téléphone aux propriétaires concernant le logement à louer et, une fois que le propriétaire me proposait de venir visiter l'endroit, je lui annonçais que j'allais faire la visite avec mes trois enfants.
Sur les dix appels, seule une propriétaire a changé de comportement lorsqu'il a été question d'enfants. D'une voix maintenant plus hésitante et moins enjouée, elle m'a demandé si j'avais un conjoint. Après lui avoir répondu par la négative, elle m'a immédiatement demandé si j'avais un emploi et quel était cet emploi. Quant à mes autres interlocuteurs, la question des enfants n'a pas semblé les déranger.
Normand Couture n'est pas surpris des résultats de mes appels. Selon lui, c'est un ensemble de facteurs qui expliquent les difficultés qu'ont certaines familles à se trouver un logement (coût, quartier, ...). C'est aussi souvent lors de la visite du logement que des conditions sont posées aux familles. Selon M. Couture, un autre facteur a peut-être joué en ma faveur; mon accent québécois. « Si vous aviez eu un accent étranger, je suis certain que les résultats auraient été bien différents », note-t-il.
Du côté du Service d'aide aux Néo-Canadiens (SANC), on est conscient qu'une problématique existe parfois lorsqu'on parle de familles nombreuses.
« Qu'on soit d'origine québécoise ou non, à partir du moment où il est question d'enfants, certains propriétaires préfèrent passer leur tour, indique Mercedes Orellana, directrice générale au SANC. De notre côté, nous avons une banque de propriétaires qui ont été sensibilisés au contexte des immigrants, ce qui fait tomber plusieurs barrières. Mais ce qui est certain, c'est qu'il y a un manque de logements sociaux. »
Une marche symbolique pour le droit au logement aura lieu à Sherbrooke le 7 avril. L'Association des locataires propose ce parcours de 8 km en lien avec la grande marche intitulée D'Ottawa à Québec, organisée par le Front d'action populaire au réaménagement urbain, qui aura lieu en septembre prochain.
Le départ de la marche du 7 avril aura lieu à 9 h 30 devant les bureaux de la député et ministre Marie-Claude Bibeau, au 175 rue Queen, à Lennoxville. Les participants termineront la marche devant les bureaux du député et ministre Luc Fortin, rue King Ouest.
Selon l'Association, 1 500 logements sociaux en cinq ans seraient nécessaires à Sherbrooke pour répondre au moins aux besoins urgents.
