Les
nombreux actes terroristes effectués au nom d'une cause, d'une religion ou
autre démontrent malheureusement que la bêtise humaine n'a aucune limite.
L'histoire est ponctuée d'événements du genre et la récente tuerie à
l'hebdomadaire satirique parisien Charlie Hebdo illustre une fois de plus
l'intolérance. Ces tentatives ne doivent en aucun temps museler la liberté
d'expression.
Plus
près de nous au Canada et au Québec, on tente également de limiter la liberté
d'expression, mais de façon beaucoup plus subtile sans effusion de sang ou de
confrontation, mais tout aussi pernicieuse. L'utilisation de la langue de bois
aseptise le discours qui devient vide de sens.
La
culture nord-américaine est bien différente de celle de nos cousins français.
Ici, c'est le «politically correct» qui est roi et maître. Les us et coutumes
pratiqués de l'autre côté de l'océan ne sont pas appliqués chez nous et
soulèveraient un tollé de protestations. Nos bandes dessinées, caricatures et
dessins publiés dans les revues ou grands quotidiens produisent à l'occasion de
petits chefs-d'œuvre tout à fait mordants, mais rien à voir avec ceux effectués
notamment chez Charlie Hebdo. Lorsque les grands médias délaissent l'autocensure
pour publier quelque chose «d'épicé» reflétant ce que pense une tranche de la
société ou la majorité les soi-disant bien pensants, ils s'élèvent pour
rabrouer ceux qui osent s'exprimer différemment au nom du «politically
correct». Le spectre des poursuites judiciaires plane sur quiconque dérogerait
d'une ligne de conduite socialement acceptée.
Ici,
nos politiciens utilisent à profusion le «politically correct», la fameuse
cassette, dit-on dans notre jargon. Il est étonnant de les entendre jongler
avec la richesse du vocabulaire français pour dénaturer la réalité et donner un
autre sens comme éviter de parler d'austérité, mais utiliser le terme gestion
de la richesse ou autre subterfuge grammatical. Cette réalité ne s'applique pas
qu'aux politiciens. Il y a encore quelques années, les têtes d'affiche,
soi-disant vedettes de la télé, y allaient de leur opinion sur différents
sujets. Maintenant, aucune ou presque ne risque de se prononcer par crainte de
représailles que ce soit à la billetterie pour leur spectacle ou de voir ternir
leur image.
Le
contrôle de l'information se fait également à petite échelle et ici même dans
le Haut-Saint-François. Ce n'est peut-être pas aussi spectaculaire que sur la
scène provinciale, mais c'est tout autant pernicieux et dommageable. Le fait de
refuser de payer une publicité parce qu'on n'aime pas le traitement de
l'information est une forme de contrôle à la liberté d'expression. Que l'on
s'abroge le droit de détenir uniquement l'information sur un sujet ou dossier
donné, que l'on transmettre des demi-vérités ou des réponses incomplètes, que
l'on garde des gens dans l'ignorance sont une forme d'entrave à la liberté
expression. Le quotidien de chacun d'entre nous renferme des cas comparables.
Cette culture de vouloir contrôler les choses que ce soit pour assouvir son
pouvoir, se protéger ou autre est monnaie courante. À différente échelle, cela
conduit inéluctablement à la confrontation qui prend malheureusement
différentes formes.
Heureusement,
nous sommes dans une démocratie où la libre expression est un droit et cela
implique que ça puisse nous déranger à l'occasion dans notre petit confort. La
liberté d'expression n'a pas de prix, mais encore faut-il qu'elle soit utilisée
intelligemment. Les mots ou dessins peuvent être utilisés comme une arme
redoutable. Il faut s'en servir avec discernement. Toutefois, cela ne doit pas
nous empêcher de dire les vraies choses et surtout ne pas nous excuser de
l'avoir fait lorsqu'elles sont véridiques. La liberté d'expression n'a pas de
prix et surtout pas au détriment de l'intolérance et de l'intransigeance, qu'on
se le tienne pour dit.