Bien que son métier soit de faire rire, Phil Roy ne prend
pas la tâche à la légère lorsqu'il est question d'écrire et de monter un
spectacle. Il travaille avec grand sérieux à construire ce qu'il précise être
un métier comme un autre, et non un hobby. Il présentera, en rodage, le
fruit de sa plus récente création ce vendredi 14 mai au Centre culturel de l'Université
de Sherbrooke à 19h.
De son propre aveu, Phil Roy est un gars intense. « Quand
quelque chose me fait tripper, je me lance là-dedans à fond,
intensément. Que ce soit au niveau du snowboard, de ma passion pour le café, je
ne lésine pas ! [...] Avec la pandémie, j'ai commencé à travailler le bois. J'ai
construit des bacs à fleurs, des chaises, des planches à découper. Puis un
moment donné, j'ai dit à ma blonde : "Ça me prend un planeur à bois!" Le
lendemain, il était livré chez moi. »
Construire une carrière
Phil Roy a terminé en 2019 la tournée de son premier one-man
show, Monsieur. Plus de 250 représentations et 100 000 billets vendus.
Il raconte : « C'est éprouvant, une première tournée. On se lance en
humour pour que notre vie tourne autour du plaisir, mais c'est énormément de
travail, on apprend à vitesse grand V. »
Au début de sa carrière, il a fait la première partie du
spectacle de Louis-José Houde, une idole pour lui. Il explique que d'une
représentation à l'autre, c'était un grand apprentissage et qu'il a compris le
sérieux de ce métier-là, de la démarche nécessaire pour réussir.
« Au moment où je faisais sa première partie, Louis-José
Houde était définitivement l'humoriste le plus populaire au Québec. Il était
accueilli en roi partout où il passait, c'était impressionnant de le précéder.
Mais il a tellement travaillé fort, Louis-José, pour se rendre où il est, qu'il
a mérité ce privilège-là. »
Phil Roy a alors réalisé la grande différence entre un hobby
et un travail. Il fait lui-même le parallèle avec la construction : « Mon
nouveau trip de travailler le bois, c'est un passe-temps. J'adore ça et
je suis habile, mais ça se fait toujours dans le plaisir, la légèreté. Tandis
que l'humour, c'est mon métier. Il y a de la pression qui vient avec et j'y
mets beaucoup de sérieux. Et autant j'adore les travaux de construction, c'est
ce que je préfère aussi dans ma job ; construire un numéro, construire
un show. Brique par brique, planche par planche. »
Construire, même en temps de pandémie
L'expression est déjà utilisée à outrance, mais la réalité
demeure que les artistes et les humoristes ont dû se réinventer avec la
pandémie, créer de nouvelles façons de travailler, de contacter le public et de
gagner leur vie. Phil Roy et quelques acolytes ont fondé cette année le Wifi
Comédie Club, qui a permis à plusieurs humoristes de se produire
virtuellement en spectacle, cinq soirs par semaine. Le projet a connu et
continue de connaître un grand succès. Les humoristes se sont ainsi gardés
actifs et créatifs. Avec la réouverture des salles de spectacles, Phil Roy
réalise que l'intérêt pour le mode virtuel ne s'éteint pas. Le Wifi Comédie
Club poursuit donc sa route et se bâtit une place dans le milieu de
l'humour.
« Notre façon de travailler se transforme, évolue. On s'en
va vers un mode hybride où seront offerts des spectacles en présentiel tout
autant qu'en ligne », mentionne l'humoriste.
Phil Roy a par ailleurs travaillé cette année à un projet de
télévision qui sera présenté à l'automne sur les ondes de Noovo. Il animera le
jeu-variété musical Qui sait chanter, un concept sud-coréen qui connaît
un immense succès. Des panélistes réguliers et invités, des musiciens, des
jeux, des questions, du lipsynk... et l'objectif de démasquer les mauvais
chanteurs. Les talents d'improvisateur de Phil lui serviront bien pour cette
animation où il devra être à l'écoute, réagir et rebondir.
« Encore une fois, il y a de la construction à faire. Le
concept, le "squelette de l'émission" est clair. Mais je devrai construire tout
autour et improviser. Je ne sais pas à l'avance comment ça se déroulera »,
indique-t-il.
Construire un spectacle
Pour poursuivre sur ce thème récurent, Phil Roy admet que ce
qui le passionne le plus dans son métier, c'est la construction d'un spectacle.
Ouvrir son cahier de notes, transcrire le tout sur son ordinateur et démêler
ses idées sont des tâches qui l'ennuient un peu.
« Je n'aime pas commencer un numéro. J'aime le travailler.
Le retravailler. Le construire. Je pars d'une idée, d'une anecdote, par exemple
le planeur à bois que j'ai acheté sur un coup de tête parce que j'ai tendance à
me créer des besoins. Je monte un numéro et je le teste en spectacle. Ensuite,
je réécoute les "audio" de mes shows, je note, je réécris et je teste
encore. Et je continue de construire à partir de cette base-là. Jusqu'à obtenir
un show à mon goût. Ça, c'est ma routine de travail. C'est ce qui me
fait tripper », explique-t-il.
Phil Roy fera donc ce qui lui plait le plus, roder et tester
ses numéros, avec son public sherbrookois ce vendredi 14 mai au Centre culturel
de l'Université de Sherbrooke. Il poursuivra par la suite son travail de
construction qui lancera sa tournée officielle.