Plus de quatre ans après la tragédie qui a fait 47 morts, le procès des coaccusés Thomas Harding, Jean Demaître et Richard Labrie a commencé ce matin au palais de justice de Sherbrooke avec la sélection des jurés. EstriePlus.com s'est entretenu avec Me Patrick Fréchette, pour mieux comprendre comment les jurés potentiels sont sélectionnés dans un dossier aussi médiatisé.
La sélection des jurés devrait prendre quelques jours. Par la suite, les procureurs aux poursuites criminelles et pénales tenteront de faire la preuve que Thomas Harding, Jean Demaître et Richard Labrie ont, par négligence criminelle, causé la mort des 47 personnes le 6 juillet 2013, à lac-Mégantic. Le procès devrait durer environ trois mois et demi.
La tragédie et ses conséquences font les manchettes depuis plus de quatre ans. Difficile, dans ce cas, de faire une sélection des jurés? Oui, soutient Me Patrick Fréchette. Puisque c'est un procès qui s'étalera sur au moins trois mois, plusieurs personnes assignées comme candidat juré tenteront d'être exemptées par le juge.
«La principale difficulté pour le juge c'est de trouver des gens disponibles pendant environ trois mois, indique Me Fréchette. Ce sera plus difficile pour le juge d'exempter des gens, puisqu'il sait que ce sera compliqué d'avoir une bande de gens disponibles pour une aussi longue période.»
Autre difficulté dans ce dossier; trouver des candidats qui seront capables de faire abstraction de tout ce qu'ils ont lu et entendu jusqu'à présent.
«L'idée ce n'est pas de trouver des gens qui ont jamais entendu parler de ce dossier, mais de trouver des personnes qui seront capables de faire abstraction de ce qu'ils ont entendu, pour rendre un verdict basé sur la preuve qui sera faite au procès.»
Sympathie du public pour les coaccusés
L'exercice des prochains mois sera extrêmement difficile, indique Me Fréchette. C'est que les coaccusés ont la sympathie du public.
«Les candidats choisis devront être capables de sortir de leurs convictions pour essentiellement écouter une preuve d'experts et rendre un verdict basé sur la preuve. La couronne sait très bien que les coaccusés ont la sympathie du public, alors ils ont une grosse côte à remonter. Ils doivent faire une preuve hors de tout doute raisonnable qu'il y a eu de la négligence criminelle. C'est une tâche très difficile.»
Aussi, le procès sera davantage un débat d'experts, pour déterminer si les accusés ont fait ce qu'ils devaient faire dans l'utilisation de la machinerie qui leur était confié.
«On ne connait pas les trains, la mécanique derrière ça. Alors ce sera un débat d'experts Non seulement le procureur doit tirer la conclusion que les coaccusés ont agi de façon contraire aux normes existantes, mais ils doivent aussi prouver que leur action a été négligente. On ne peut pas non plus considérer les 47 morts ni les conséquences du geste.»
Thomas Harding, Jean Demaître et Richard Labrie subissent leur procès en même temps, mais le verdict peut différer d'un accusé à l'autre.