La vie...c'est pour la vie : voilà le message du Centre de prévention du suicide- Estrie, JEVI. Le lancement du 30e anniversaire avait lieu ce mardi et pour l'occasion, émotion, fierté et témoignages étaient de la partie. Le nom de l'organisme rend d'ailleurs hommage à Jonathan, Elizabeth, Véronique et Isabelle (JEVI) qui ont évité il y a plus de 30 ans déjà le suicide.
Le 30e anniversaire de JEVI avait une saveur particulière puisque cet organisme a aidé bon nombre de gens en détresse, qui avaient l'intention de s'enlever la vie. Plusieurs personnes et bénévoles, dont 43 en 2015-2016, ont contribué au succès de l'organisme sherbrookois.
Depuis cinq ans, une augmentation de 142% a été remarquée. En clair, ce pourcentage signifie un passage de 4 733 interventions téléphoniques en 2011-2012 à 11 438 en 2015-2016.
La prévention n'a pas toujours été la même au Québec et ailleurs dans le monde. «Le problème du suicide était un sujet tabou. On en parlait très peu. On avait donc peu de service pour prendre en charge cette problématique», indique M. Claude Thibault, le fondateur de JEVI.
Pour lui, il était important de cerner le problème et d'offrir une aide aux gens. Aujourd'hui, plus de 32 centres à saveurs différentes de prévention sont présents pour aider bon nombre de personnes en détresse. C'est donc pourquoi une diminution du taux de suicides est présente.
Même si la députée de Compton-Stanstead Marie-Claude Bibeau était absente en raison de sa présence à Ottawa, elle était tout de même sur place en pensées pour cet événement. «JEVI a une signification toute particulière pour Mme Bibeau. Elle est finissante de l'école Le Ber en 1986 et elle a participé avec fierté à la création de JEVI. Elle aurait beaucoup aimé être ici pour marquer le coup d'envoi de JEVI. Je vous assure quelle est avec nous en pensées», affirme Mylène Ouellette, représentante de Mme Bibeau.
Une fierté de sauver des vies
L'organisme JEVI a vu le jour en 1986 et pour le fondateur M. Claude Thibault, beaucoup de chemin a été parcouru. «La vie est plus grande que nous. À l'époque, les mythes entourant le suicide étaient très présent, les services adaptés à peu près inexistants. Une époque où les valeurs traditionnelles étaient remises en questions. Le suicide attaque une valeur fondamentale : la vie», signale M. Thibault.
Ayant perdu son fils en 2004, Mme Gina Bergeron affirme que JEVI lui a été d'une grande aide. «Jamais j'e n'aurais cru un jour que ce que je prenais pour acquis me serait enlevé. Le 19 novembre 2004, mon fils Mathieu âgé de 14 ans passa à l'acte. Ce fut le pire moment de ma vie. Avec JEVI, j'ai appris à me pardonner et à comprendre le geste de Mathieu. J'ai surtout appris à vivre avec l'absence de Mathieu grâce a JEVI», a livré Mme Bergeron avec émotion.
Même si le nombre d'appel a augmenté à JEVI, il n'en demeure pas moins qu'il y a un déficit de 100 000$. C'est donc dire que des services ont été supprimés sans toutefois réduire les standards de qualités. Pour assurer la pérennité de JEVI, la clé du succès réside dans le «complot de la vie». « Plus on a de monde qui travaille dans la même direction, plus l'organisme devient fort. J'incite à faire un complot à la vie, car c'est cela qui donne un sens à la vie», illustre M. Thibault.
Rappelons qu'au Québec, trois personnes s'enlèvent la vie chaque jour. En Estrie, on parle d'un suicide par semaine.