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L’américanisation du Québec

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 7 octobre 2020

L'actualité quotidienne nous rappelle constamment que le Québec s'américanise. Ce phénomène n'a rien avoir avec le concept d'américanité qu'a popularisé l'historien Yvan Lamonde dans son œuvre avec son collège Gérard Bouchard et qu'a critiqué le sociologique Joseph Yvon Thériault.

L'américanité se définit par l'adoption au Québec de modes de vie que l'on attribuait aux Américains, mais qui en fait était lié à la modernité industrielle, au développement du capitalisme et plus globalement d'un ordre libéral. L'américanisation est un concept qui marque l'intégration de la dynamique sociale à celui qui prévaut chez nos voisins du sud. Réflexion sur la dissolution de l'identité québécoise dans l'ordre américain.

The City on the Hill

Nul ne peut nier le pouvoir d'attraction de la société américaine non seulement en Amérique, mais aussi en Europe et partout dans le monde. Il faut rappeler que cette nation qui se croyait dotée d'une destinée unique a souvent joué le rôle de phare de liberté dans le monde. Surtout au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale où le rôle libérateur des armées américaines en Europe dans la bataille contre le nazisme et le fascisme. Il va de soi que ce pouvoir d'attraction de la société américaine s'est aussi fait sentir au nord de ses frontières au Québec et au Canada.

Ce n'est pas travestir la réalité d'affirmer que l'identité canadienne, mis à part le Québec, s'est largement construite sur un antiaméricanisme primaire à commencer par la création du Canada lui-même qui a été une réponse des Canadiens de l'époque au danger que représentait les États-Unis d'Amérique pour les colonies anglaises. Les fondements mêmes de la constitution canadienne étaient en quelque sorte une réponse du Canada de l'époque au républicanisme américaine que l'on jugeait empreinte de violence comme en témoignait la guerre civile ayant cours au sud de la frontière du Canada actuel. N'empêche que depuis le monde a évolué.

La mondialisation des échanges économiques, le développement des moyens de communication, les répercussions de la guerre froide, la multiplication des inégalités et les crises sociales et politiques sont autant de facteurs qui ont modifié les perceptions à l'égard des États-Unis d'Amérique et qui l'ont fait dégringoler de son piédestal. Le Roi de la montagne n'est plus aussi inspirant que jadis. Il faut dire que le trumpisme a largement accéléré les choses. Ce qui ne signifie pas que cette perte d'influence des politiques américaines dans le monde s'est traduit par la perte d'influence de la société américaine elle-même qui jouit encore d'une large influence partout, mais surtout chez nous au Québec et au Canada. Les États-Unis sont encore The City on the Hill...

Des exemples qui nous parlent...

Le débat Biden-Trump

Prenons des exemples de ce que nous affirmons dans cette brève réflexion. La semaine dernière, tous nos médias d'information ont consacré une large place au débat entre les candidats à la présidence des États-Unis, le républicain Donald Trump et le démocrate Joseph Biden. Nous avons assisté à cet événement comme si cela était un événement politique canadien avec diffusion en direct et traduction pour le public francophone, table ronde d'experts sans compter les manchettes de l'actualité du lendemain qui discutait du débat comme nous le faisons pour les nôtres à savoir qui avait gagné ou perdu, les répercussions sur l'élection à venir, etc. J'abonde dans le sens de celles et ceux qui affirmeront que les États-Unis d'Amérique sont nos voisins, qu'ils sont puissants et que les politiques adoptées par ces candidats peuvent avoir des influences certaines sur notre économie. Cela n'est pas à discuter, mais des questions se posent : Est-ce notre pays ? Avons-nous à voter pour l'un ou l'autre de ces candidats ? Les réponses tiennent de l'évidence. Alors pourquoi ce réflexe de traiter cet événement comme s'il était nôtre ?

Le coronavirus et Fox News

Nous sommes aux prises comme tous les pays du monde avec une grave pandémie. Nos gouvernements font de leur mieux pour aider la population à traverser ce dur moment. Le gouvernement Trudeau a été exemplaire dans la mise en œuvre de programmes pour soutenir le revenu des Canadiens alors que les gouvernements des provinces gèrent au mieux nos systèmes de santé et édictent des règles de santé publique pour contenir la propagation de ce virus. Cela ne fait pas l'unanimité. Certains contestent les choix des gouvernements allant dans certains cas jusqu'à nier l'existence de la dangerosité du virus responsable de la COVID-19 alors que d'autres n'hésitent pas à crier au complot d'un pseudo « Deep State » contrôlé par le multimilliardaire Bill Gates. Ce n'est pas sans conséquence, car cela se traduit par des gestes d'imprudence et de désobéissance civile mettant en danger la vie de tous. Les gouvernements ont maille à partir avec ces gens qui se jugent moins moutons que le reste du groupe qui tentent de sauver nos libertés et de préserver les assises de nos démocraties.

Pourtant, si l'on cherche à comprendre d'où cela peut venir, il nous faudrait plutôt que d'accuser les réseaux sociaux qui contribuent, mais qui ne sont pas la source, jeter notre regard chez nos voisins du sud pour mener notre enquête. On découvrira alors l'extraordinaire propagateur de ce discours que nous jugeons majoritairement comme infondé et préjudiciable à notre intérêt commun, le réseau d'actualité continu Fox News et son général en chef, le président des États-Unis Donald Trump. Il fallait entendre vendredi soir dernier tous les commentaires sur ce réseau à la suite de l'hospitalisation du président Trump atteint du virus venir nier l'utilité du port du masque, l'utilité des mesures de confinement et surtout comparer ce virus à une simple grippe. Ce n'étaient pas des quidams qui tenaient ces propos à l'antenne de Fox News, mais des médecins et des chercheurs réputés. Tout cela pour défendre le président Trump qui selon eux n'a pas été imprudent et cavalier, mais plutôt un homme courageux. On ne peut être étonné après de telles performances que certains d'entre nous croient ces gens plutôt que nos gouvernements. Aussi, il va de soi que nos opposants locaux à la gestion actuelle de la crise de la pandémie se réclament de Trump dans leurs manifestations.

 

Partout l'américanisation du notre société se fait sentir...

J'ai donné des exemples liés à nos médias et au coronavirus, mais cela ne veut pas dire qu'ailleurs on ne sent pas cette américanisation de notre société. On doit noter l'influence américaine dans nos débats sur le racisme systémique, dans l'importation chez nous des comportements de la « cancel culture ». Le Québec et le Canada sont de plus en plus sous l'emprise des débats de la société américaine qui viennent teinter notre vivre-ensemble. Pourtant, tant le Canada et le Québec sont distincts de cette société violente et chaotique que sont aujourd'hui les États-Unis d'Amérique. Ce qui ne nous soustrait pas pour autant de nos obligations de combattre le racisme systémique contre les peuples autochtones comme le révèle douloureusement le sort de Joyce Echaquan, une femme atikamekw dans la trentaine, morte dans le mépris et l'indifférence raciste de gens de chez nous. Néanmoins, nous devons agir contre l'américanisation du Québec...


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