CRITIQUE/Après quatre ans d'absence sur scène,
l'auteur-compositeur-interprète Ian Kelly foulait samedi les planches du
Théâtre Granada, dans le cadre du Sherblues&Folk. En compagnie de neuf
autres musiciens, ce n'est rien de moins qu'un cadeau musical qui a été offert
au public.
Ian Kelly a mis le paquet pour son retour sur scène. De son
propre aveu, lancé en riant en début de spectacle : « Qui veut travailler
seul après l'année qu'on vient de passer? » Il s'est donc entouré de neuf musiciens
pour revisiter une quinzaine de ses chansons à la sauce tantôt folk, tantôt
jazz, tantôt symphonique.
Le public, bien que modeste et plutôt tranquille en début de
spectacle, s'est réchauffé au fur et à mesure qu'il déballait, comme un cadeau,
les pièces réarrangées et dont les introductions instrumentales s'étiraient au
gré des musiciens. L'habituellement rythmée et pop I need your love,
s'est entamée par une longue et lente envolée du quatuor à cordes, entièrement
féminin. Magnifique.
L'orchestre
Il y avait belle lurette qu'on avait vu une dizaine de
personnes sur scène sans trop de distanciation. Sous les jeux d'éclairage
simples, mais chaleureux, le coup d'œil réchauffait l'âme.
D'autant plus que chaque musicien était fascinant à
observer, du dynamique pianiste Jonathan Cayer, au multipercussionniste Robbie
Kuster en passant par le trompettiste sherbrookois Jean-François Gagnon, qui a
habilement troqué sa trompette pour un cor français dans Take me home, l'un
des premiers succès de Ian Kelly. La version présentée samedi soir a non
seulement démontré que le chanteur était en forme vocalement, mais a aussi
donné lieu à un remix progressif bien intéressant.
L'orchestre a fait rayonner les chansons, extraites des
trois principaux albums de Ian Kelly (Speak your mind, All These Lines
et Long Story Short), à travers différents univers musicaux. Wiser Man
a pris des airs de cabaret jazz, débutant par un solo du contrebassiste et
directeur musical Morgan Moore, tandis que le public a semblé planer sur Brown.
La choriste Lisa Iwanycki-Moore ajoutait d'ailleurs à l'ambiance aérienne.
« J'écoute beaucoup pendant ce show », a confié un Ian Kelly
admiratif du travail de ses collègues, semblant souvent en transe, les yeux
fermés, à vivre cette symbiose musicale.
Il semblerait que les arrangements musicaux sont une œuvre
commune de l'orchestre, et l'idée que tous les musiciens participent aux
harmonies vocales et manient les maracas à certains moments a créé de beaux
moments. Généralement lent, le spectacle a pris un peu de rythme sur ses
derniers miles alors que le public a été invité à taper des mains avec le band.
L'artiste
Ian Kelly est un musicien, un créateur, un artiste pur et
dur. Bien que sympathique et blagueur, il n'est pas le plus à l'aise à s'exprimer
sur scène, jonglant avec quelques anecdotes racontées de façon un peu décousue.
Ce genre de spectacle, où la musique est poussée à son paroxysme, le met en
valeur dans toute son authenticité et son excellence.