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Du temps et des matériaux pour un second souffle

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Photo : Marc Lamontagne, entourée de ses proches et de Marc Bougie (à gauche), président du Groupe Santi.
Elizabeth Nadeau Par Elizabeth Nadeau
enadeau@estrieplus.com
Jeudi le 5 mai 2016

Âgé de 31 ans, Marc Lamontagne a toujours construit des maisons. L'été dernier, il n'aura pris qu'une journée de vacances, le 5 septembre. Une journée qu'il regrettera toute sa vie, puisque le destin a décidé cette journée-là de le rendre tétraplégique par le biais d'un mauvais angle d'entrée dans l'eau, causé par un plongeon dans le Grand Lac Brompton.

Pourtant, c'était loin d'être la première fois que Marc y plongeait. Au point que sa conjointe, Josianne, ne l'a pas cru tout de suite lorsqu'il lui a demandé d'aller chercher de l'aide pour le sortir de l'eau. Il ne sentait plus rien, du cou jusqu'aux pieds. Après huit heures d'opérations, le verdict tombe : il ne remarchera plus jamais. En fait, il ne sent plus rien, des cotes jusqu'aux pieds.

Pour en ajouter au malheur qui a touché le couple et sa fille de 9 ans, Maude, Marc n'avait pas d'assurance-invalidité personnelle. Comme l'accident ne s'est pas produit sur un chantier couvert par la CSST ou sur la route, où les accidents sont couverts par la SAAQ, il ne touchera jamais un sou d'une quelconque forme d'assurance que ce soit.

Adapter sa maison à paliers multiples aurait coûté au-delà de 100 000 $ et le soutien maximum que la famille aurait pu aller chercher en subventions atteint à peine les 17 000 $.

Devant la nouvelle situation de son frère, Stéphanie et son conjoint Philippe Beaubien décideront d'inscrire le couple à un concours pour rénover et adapter la maison aux nouveaux besoins de Marc. N'ayant pas été retenus, Stéphanie et Philippe ont fait appel à leurs contacts pour prendre les choses en main.

C'est la petite histoire derrière le chantier de construction au coin des chemins des Baies et Bombardier, à Racine. En pilotant le projet Second Souffle - tous unis pour donner, le Groupe Santi a fait appel à ses partenaires et le 15 juillet, Marc, Josiane et Maude pourront emménager dans leur toute nouvelle maison.

L'organisme Boisé du Lac Brompton a fait don d'un terrain d'une valeur de 95 000 $, alors que les matériaux et la main-d'œuvre auront été gracieusement offerts par une cinquantaine d'entreprises de construction, de la coulée des fondations en béton au grand ménage qui sera fait avant que la famille ne dépose ses valises dans la demeure évaluée à environ 250 000 $.

Une progression vers l'autonomie
Il ne reste que quelques semaines avant que Marc ne puisse recommencer à faire certaines choses par lui-même, comme pouvoir faire sa toilette sans devoir avoir recours à une infirmière.

« Je ne peux pas entrer dans la salle de bain à cause de la chaise roulante. Les seuls endroits qui me sont accessibles dans la maison sont ma chambre et la cuisine. Je suis très limité, explique le principal intéressé, qui bien hâte de retrouver un peu d'autonomie. C'est difficile pour moi, de ne pas pouvoir faire ces choses-là. »

Une certaine autonomie ainsi retrouvée lui permettra peut-être de commencer à faire d'autres deuils, comme celui qu'il vit à observer ce qui se passe sur le chantier de construction.

« C'est ce que je faisais, construire des maisons du début à la fin. Je n'ai pas de scolarité parce que j'ai quitté l'école en première secondaire pour aller travailler en construction. C'est pénible de savoir que je ne pourrai plus jamais travailler de mes mains, alors que c'était tout ce que je savais faire. »

Il n'entend cependant pas rester les bras croisés. Avec sa sœur, ils tenteront de mener la campagne de sensibilisation la plus vaste qu'il soit pour informer le plus de gens possible.

« On était plusieurs à l'hôpital dans la même situation et sans nos familles à Josianne et à moi, je ne sais pas comment on serait passés au travers de tout ça financièrement. Comment quelqu'un sans famille, y arrive-t-il?, questionne Marc. J'étais celui qui avait le plus de gens autour de lui, à l'hôpital. Le personnel disait qu'il n'avait jamais vu autant de gens suivre l'évolution d'un patient. »

Cet élan de solidarité et de soutien, il ne l'avait pas vu venir.

« Je ne parlais pas beaucoup au travail, je me plongeais dans ce que j'avais à faire. Je ne peux pas croire à ce qu'il y ait autant de gens prêts à nous soutenir, je n'aurais jamais pensé que les gens pouvaient vouloir aider à ce point. J'en suis très reconnaissant. J'aimerais pouvoir participer à trouver une solution pour les gens comme moi, sans assurance invalidité. »

Et qui ne peuvent pas, contrairement à lui, compter sur autant de générosité.

« Quand le système te laisse tomber »
Ce sont mots prononcés par le président-directeur général du Groupe Santi, Marc Bougie, à l'occasion du dévoilement du projet, le 4 avril.

« C'est un honneur pour moi que de prendre part à un projet humanitaire comme celui-là, qui démontre clairement que lorsque le système te laisse tomber, il peut quand même y avoir des retombées positives à un malheur. »

La sœur de Marc Lamontagne, Stéphanie, déplore le sort réservé aux personnes victimes d'accident sans couverture d'assurance.

« La seule option pour bien des gens, c'est de devenir prestataire de l'aide sociale. Sauf que lorsqu'il y a un deuxième salaire dans la maisonnée, l'aide sociale disparaît complètement. Il ne reste que les rentes, qui atteignent 957 $ par mois au maximum. En ne comptant que les médicaments qui ne sont pas payés, comment une personne peut-elle survivre? »

D'autant plus que, si on décide d'entreprendre des travaux de rénovation pour adapter une demeure aux nouveaux besoins d'une personne handicapée sans avoir obtenu l'accord du gouvernement, qui peut n'arriver qu'un an après la demande, les travaux ne seront pas subventionnés.

« Autant Marc désire faire cette campagne, autant je veux aussi participer pour arriver à faire quelque chose. En plus du malheur qu'ils vivent déjà, ces gens ne devraient pas avoir à composer avec la précarité financière », conclut-elle.


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