Trois femmes de l'Estrie seront honorées le 4
novembre prochain à l'occasion du 15e concours
Prix Femmes d'affaires du Québec. Le concours récompense chaque année des
femmes qui se sont distinguées, qui sont vues comme influentes et
rassembleuses. Estrieplus.com vous présente une de ces trois
entrepreneures d'exception chaque semaine.
Geneviève Lévesque ouvre la galerie Artêria en 2008. Spécialisés dans l'exportation d'œuvres d'art, Artêria fait la promotion des artistes québécois partout dans le monde. Pour la jeune femme, l'aventure n'est nul autre que le résultat d'un joyeux accident de parcours.
« Je n'étais pas
destinée à travailler dans le domaine. L'art était une passion pour moi oui,
mais pas un objectifs de carrière. J'ai fait partie d'un programme de mentorat
et j'ai mentionné à mon mentor que j'aimerais aller à la plus grande convention
d'art de Shanghai, en Chine. Il m'a demandé « Pourquoi tu n'y vas pas? ». À 23
ans, je suis partie avec mon balluchon voir ce qui se passait là-bas. Ça a été
une révélation. »
La jeune femme y découvre un marché très dynamique, très
vigoureux.
« Au Québec, l'art est souvent associé au communautaire. À l'international,
c'est totalement autre chose. Les chanteurs québécois ont parfois plus de succès
ailleurs qu'au Québec. C'est la même chose pour les arts visuels. »
Genviève Lévesque démarre son entreprise d'exportation d'œuvres
québécoises en 2008. Jusqu'en 2011, Artêria consiste en un petit entrepôt loué.
L'expansion rapide de son entreprise est entre autres
attribuable à la crise économique de 2008, selon l'entrepreneure, aujourd'hui
âgée de 32 ans.« Notre premier pignon sur rue a vu le jour en 2011, sur la
rue Shefford, à Bromont. C'était un petit 800 pieds carré. Un an plus tard, on
a dû passer à 4 mille pieds carrés, toujours sur la rue Shefford. »
« Habituellement, les galeries arrivent où on est rendus en
dix ans. À cause d'un espace vide dans l'industrie et de la petitesse de mon
équipe, qui nous rend très flexibles et dont les coûts fixes sont moindres, on
s'est imposés en deux ans seulement. Et très peu de galeries d'art misent sur l'exportation
comme principale source de revenus. Chez Artêria, c'est le cœur de l'entreprise.
»
Selon les données pour son année 2013-2014, Artêria a vendu
515 tableaux d'artistes québécois à l'étranger.
« De 12 à 15 fois par an, on se rend dans les grands événements
en Asie, au Royaume-Unis, aux États-Unis..., explique Geneviève Lévesque. On se
promène à travers le monde pour vendre des œuvres surtout à des particuliers,
mais on a des connexions pour les achats corporatifs. Nous sommes aussi
partenaires avec une vingtaine de galeries, comme la Galerie Noire de Dallas et
Envie d'art, à Paris. »
Prochaine étape?
« On veut conquérir les marchés émergents, comme la Turquie,
l'Inde et l'Argentine. Il y a encore beaucoup de barrières à l'entrée. En même
temps, l'instabilité environnementale, géopolitique et sociale de certaines
régions du monde peut grandement affecter nos affaires. On veut se diversifier,
se trouver de nouvelles sources de revenus connexes. Nous sommes en train de
conclure des partenariats avec des entreprises de design intérieur, par
exemple. »
Le plus important, c'est de poursuivre sa mission de
création d'emploi pour les artistes émergents du Québec. Artêria représente
actuellement une trentaine d'artistes. Pour plusieurs, la vente de leurs œuvres
constituent leur unique source de revenus.
La galerie est toujours ouverte aux curieux et aux amateurs
d'arts visuels. Outre la peinture, on peut présentement retrouver chez Artêria les
sculptures de bronze de Claire Poiré, le travail presqu'exclusivement digital
de Tony Moriello et la peinture sur téléviseurs recyclés de Marie-Ève Proteau. D'ailleurs,
une vingtaine de ses œuvres seront envoyées pour l'ouverture d'une galerie
coréenne.
Quant à sa nomination au Prix Femmes d'affaires du Québec,
Geneviève Lévesque en est plus que ravie.
« Je suis extrêmement chanceuse, c'est quelque chose qui a
deux côtés. Ça aide à briser les barrières pour les femmes dans l'industrie de
l'exportation d'œuvres d'art. Je suis aussi bien plus jeune que d'autres
finalistes, je roule ma bosse depuis moins longtemps que plusieurs d'entre
elles. Être nommée représente une certaine forme de validation auprès de nous
et de nos artistes. C'est un grand honneur. »