« Les pauvres sont pauvres parce qu'ils le
veulent bien ». Voici un commentaire plutôt imbécile que j'ai lu sur
Facebook.
Pour des raisons évidentes, je vais taire le nom de
cet être limité, mais ce n'est pas la première fois que j'entends un
commentaire qui abonde dans ce sens. J'ai déjà eu une conversation avec un ami
bien nanti. On discutait des garderies à sept dollars, et mon point était que
certains frais devraient être évalués selon le salaire annuel des gens. Gagnant
bien sa vie, il se révolte aussitôt en me disant « Pourquoi est-ce que je
devrais payer plus pour ceux qui font moins d'argent? Petite mentalité
québécoise qui en veut aux gens qui réussissent dans la vie... ». J'ai
écouté son point et ses arguments sans broncher. Je l'ai écouté me répéter que
si les gens ne sont pas satisfaits de leur salaire ils n'ont qu'à faire autre
chose de leur vie... bla bla bla. Quand il eut terminé, je lui ai fait prendre
conscience d'une chose. Si tout le monde avait l'ambition de faire des
centaines de milliers de dollars, qui le ferait payer quand il va au
dépanneur? Qui laverait son linge quand il va chez le nettoyeur? Qui le
saluerait gentiment quand il passe à la caisse pour payer son épicerie? Qui
couperait sa viande? Qui livrerait son lait?
Si je suis le raisonnement de ces gens qui nous
martèlent que si l'on veut plus dans la vie, on n'a qu'à travailler plus fort,
alors je dis que pour te rendre au travail un jour de tempête, tu devrais
toi-même pelleter la route pour t'y rendre.
Notre société fonctionne en grande partie grâce à ces
gens qui acceptent que leur vie soit modeste. Non pas qu'ils soient moins
ambitieux; ils trouvent seulement leur bonheur différemment que dans l'avoir.
Parfois par choix et parfois parce que leurs capacités sont limitées. Si nous
étions tous égaux, intelligents et créatifs de la même façon, peut-être que les
gens qui sont au sommet de l'échelle salariale de notre société seraient dans
le bas à tenter de récolter leur part du gâteau. Tu es né avec un talent de
communicateur, une bonne mémoire et des parents instruits? Remercie la vie! La
même chance n'a pas été donnée à tous. Je suis convaincue que ta place au
firmament, tu ne l'as pas volée, que tu as travaillé fort pour y arriver et que
tes trois mois de vacances par année sont mérités. Jamais je ne voudrais
t'enlever ce privilège durement gagné. Mais si une petite partie de ta richesse
peut permettre d'améliorer le sort de gens qui chaque jour travaille aussi très
fort pour permettre à notre société de rouler, pourquoi ce serait injuste que
tu y contribues? Les injustices ne sont certainement pas dans les quelques
dollars que l'on te prendra, mais bien dans la vie qui a choisi que malgré les
rêves, malgré les efforts et malgré l'ambition certaines personnes ne
réussiront jamais à décrocher un emploi leur permettant de connaître
l'abondance. Comprenez-moi bien, je ne dis que les méchants sont ceux qui font
beaucoup d'argent. J'aspire moi-même à une grande carrière qui me permettra de
voler vers l'Europe pour magasiner chez Chanel. Mais arrêtez de regarder de
haut ces gens qui rêvent d'un simple appartement et qui se contentent d'une
semaine de vacances par année, souvent passée à la maison par faute d'argent.
Parmi ces gens, il y en a qui
sont pleinement heureux de vous servir du café au salaire minimum. MERCI de le
faire. Vous rendez service au Monsieur en habit griffé qui parfois peine à
reconnaître que vous lui êtes essentiels.
Crédit photo : quebecme.me