C'est une entreprise sherbrookoise, ECOTIERRA, qui a remporté le « RBC Impact Entrepreneurship Prize », une compétition canadienne qui réunissait 19 entrepreneurs de partout au pays à Toronto, le 13 novembre dernier.
Compétition de présentation un peu à la saveur « Les Dragons », ECOTIERRA a réussi à s'attirer les faveurs du public et du jury pour mettre la main sur la première place et une bourse de 5000 $.
« ECOTIERRA est une entreprise qui fait dans l'opération de projets contre les changements climatiques partout dans le monde, explique son président fondateur, Étienne Desmarais. Nos actions sont financées par des organismes ou des entreprises qui croient en le développement de projets forestiers et agroforestiers durables. »
Remplacer le maïs par la culture de cacao
Dans plusieurs pays d'Amérique latine, ECOTIERRA et ses partenaires amènent des coopératives d'agriculteurs à remplacer la culture du maïs qui leur sert de « cash crop » par une culture moins dommageable pour l'environnement, comme le cacao ou le café.
« Les agriculteurs déboisaient massivement et faisaient brûler leurs terres pour combattre les mauvaises herbes pour ensuite cultiver du maïs. Ce qu'on fait, c'est qu'on amène l'agriculteur à remplacer sa culture par une autre, plus durable. Dans le cas du cacao, qui a aussi besoin d'ombre, l'agriculteur reboise sa parcelle de terre. La culture du cacao est beaucoup plus rentable et permet parfois de tripler ses revenus. Tous les partenaires sont gagnants dans le projet », affirme M. Desmarais.
Habituellement, les petits producteurs ont entre quatre et six hectares de culture. ECOTIERRA travaille surtout avec les coopératives d'agriculteurs, qui elles rassemblent parfois des dizaines de petits producteurs. Ce que l'entreprise apporte, c'est l'expertise pour développer et opérer.
« L'objectif du projet est de ramener ces, un à un et sur plusieurs années, à une culture durable. Les agriculteurs sont partenaires avec nous. Les investisseurs se remboursent leur investissement via la valeur ajoutée à la culture et la hausse des revenus des agriculteurs. Même en remboursant les investisseurs, les agriculteurs ont des revenus plus élevés. »
ECOTIERRA transforme aussi le reboisement en crédits carbone. Un crédit carbone équivaut à une tonne de CO2 retirée de l'atmosphère ou n'ayant pas été émise grâce au reboisement. La vente de ces crédits sert à supporter financièrement les projets. Et comme la Conférence de Paris sur le climat approche à grands pas, Étienne Desmarais est convaincu que ce type d'initiatives aura l'oreille attentive de plusieurs investisseurs.
Prochain objectif : capitaliser un fond pour soutenir le projet
Même si l'entreprise est toute jeune (5 ans), ECOTIERRA entend maintenant travailler à capitaliser de l'argent dans un fond lié directement à ses projets, à renforcer ses structures à l'interne. Ce faisant, de trois à quatre projets d'envergure pourraient être menés annuellement.
« Ce qui nous a amenés à Toronto, c'est cette idée de créer un fonds pour nous aider dans la réalisation de nos projets. Ceux que nous avons déjà réalisés ont démontré que le modèle peut fonctionner. Nous sommes en phase d'accélération et de développement avec espace-INC et Sherbrooke Innopole. »
Dès la première année, ECOTIERRA a pu disposer de revenus propres. Étienne Desmarais affirme qu'il aura de bonnes nouvelles à annoncer au cours des prochains mois, dont des projets qui se réaliseront ici même, au Québec.
