Une campagne nationale de sensibilisation des droits des aînés en santé a été lancée le 4 avril par la Fédération des centres d'assistance et d'accompagnement aux plaintes (FCAAP). Voulant rejoindre le plus d'aînés possible, la campagne vise à encourager le dépôt d'une plainte lorsqu'ils jugent avoir été lésés dans un établissement de santé.
« La plupart des aînés ignorent qu'ils ont des droits vis-à-vis du système de santé alors que vieillissante, cette clientèle fréquente de plus en plus souvent un établissement de santé », affirme la directrice générale de la FCAAP, Manon Fortin.
Les droits sont ceux reconnus aux usagers du système par la Loi sur les services de santé et les services sociaux : celui d'être informé de l'existence des services et des ressources, de recevoir des services adéquats ou encore, de refuser un traitement. Toute personne a aussi le droit d'avoir accès à son dossier médical et d'être informé sur son état, en plus de participer à toute décision concernant son état de santé. On a aussi le droit d'exercer un recours contre un établissement, ses administrateurs, employés, préposés ou professionnels.
Trois objectifs sont poursuivis par cette campagne de sensibilisation nationale : faire connaître aux aînés leurs droits, les inviter à les faire valoir sans hésiter et les informer du fait qu'ils ont le droit de le faire, sans avoir à craindre des représailles.
« Faire respecter ses droits est un geste tout à fait légitime si une personne considère ne pas avoir été traitée comme il se doit. Encore faut-il connaître ses droits pour les faire valoir! Les CAAP sont présents dans toutes les régions du Québec et ils existent pour accompagner les personnes qui veulent porter plainte », soutient Mme Fortin.
Un nombre de plaintes toujours croissant
Le Centre d'assistance et d'accompagnement aux plaintes (CAAP) de l'Estrie a ouvert 250 dossiers l'an dernier. Comme son territoire s'est agrandi avec la restructuration du système de santé, le directeur du CAAP, Serge Arel, est convaincu que ce nombre sera plus important en 2016.
Au Québec, c'est plus de 40 000 plaintes qui ont été portées à l'attention de la FCAAP. De ce nombre, entre 12 et 15 % cheminent avec le concours des intervenants, renchérit Mme Fortin.
« Les plainte concernent majoritairement l'accessibilité aux services de santé, les soins dispensés et les relations interpersonnelles, explique Mme Fortin. Cela peut concerner la communication, l'attitude du personnel médical, le respect envers le patient et parfois même l'impatience d'un personnel débordé. Les plaintes concernent tous les types d'établissement de santé et même l'acte médical en soi. »
Directrice du CAAP de la Capitale nationale dans une autre vie, Manon Fortin a pu constater que de porter plainte porte ses fruits.
« Des 1500 plaintes formulées, 942 recommandations ont été appliquées dans le réseau. Cela vaut la peine de porter plainte, ne serait-ce que pour l'amélioration des services », conclut-elle.
« Il faut bien informer les gens de leurs droits et ne jamais se lasser de le faire. Un aîné qui n'a pas besoin de porter plainte n'entend souvent pas le message, affirme Micheline Roberge, présidente de la Table de concertation des aînés de l'Estrie. Pour plusieurs, ça devient aussi difficile de lire des documents, de les comprendre ou encore de se servir de l'ordinateur. On doit approcher ces personnes pour qu'elles disposent d'une information adéquate. »
Les outils de diffusion de la division estrienne de la FADOQ, qui compte 28 000 membres de 50 ans et plus en Estrie, seront mis à profit pour rejoindre le plus de gens possible. Au Québec, le réseau FADOQ rejoint un peu plus de 437 000 membres.