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  JOURNAL LE HAUT-SAINT-FRANÇOIS / La une

Bras de fer entre Cookshire et les Esséniens

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Jean-Claude Vézina Par Jean-Claude Vézina
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Mercredi le 22 octobre 2014

Le dossier des Esséniens et leurs relations avec la Ville de Cookshire-Eaton ont pris des proportions importantes dans tout le Québec.

Pourtant, le litige qui les oppose porte sur le paiement de taxes foncières et de services évalué à 33 000 $ et sur le libre accès à leur propriété pour l'inspection des lieux et des bâtiments par le personnel de la municipalité, comme le mentionne Noël Landry, maire de Cookshire-Eaton. La communauté religieuse contesterait cette imposition depuis les tous débuts. Avant le 26 septembre, la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) avait décrété que la vocation de celle-ci était récréotouristique, d'où le fait que ses propriétaires auraient dû en payer. Guilhem Carzac, communicateur des Esséniens, prétend le contraire, appuyant ses dires sur la reconnaissance de leur entité comme groupe ecclésiastique.

M. Carzac affirmait, lors d'une entrevue réalisée dans les locaux du Journal Le Haut-Saint-François, que depuis le 26 septembre 2014, la décision rendue par l'évaluateur-signataire, le Groupe Altus, responsable de l'évaluation pour la MRC, reconnaîtrait que « la destination et le lieu sont à vocation religieuse, conforme à la loi, donc exemptés de taxe. » Selon M. Landry, le «fond de terre» serait, lui, imposable. De son côté, M. Carzac prétend que la MRC et la municipalité en auraient été informées vers le 26 septembre, ce que Dominic Prévost, dg de la MRC, et le maire n'ont pas voulu ni infirmer ni confirmer. À la fin octobre, une rencontre est prévue entre les deux adversaires.

Les Esséniens se définissent non pas comme une secte, mais comme «une fondation (Fondation Essenia) de bienfaisance et de charité qui a pour objet de fournir un espace pour être en contact avec la nature et faire comprendre que la terre est initiatrice de tout et que la sauvegarde de la nature est une priorité [dont] le principe est de tendre vers l'harmonie intérieure.» Cet énoncé se trouve dans un des dossiers de la CPTAQ. Ils se considèrent comme une «petite organisation mondiale» dont le «siège mondial et le diocèse du Québec» sont situés dans Cookshire-Eaton. Le porte-parole explique que des membres de la communauté sont prêtres et qu'ils peuvent se marier. Du fait de la prêtrise, nul ne serait autorisé à pénétrer dans la demeure qu'ils occupent, sans en être propriétaire, tenait-il à préciser. En raison d'un privilège dû à leur fonction, ce logement leur est alloué gratuitement. Il reste, malgré la noblesse des préceptes des Esséniens, que la tension s'intensifierait entre les antagonistes.

La Ville avance qu'il ne serait que justice que la communauté essénienne fasse sa part en payant les taxes pour les services accordés. M. Carzac informe que le seul qu'ils reçoivent, c'est le déneigement de la route « parce qu'il y a d'autres résidents. » En ce qui concerne la cueillette des déchets, elle l'aurait confié à une entreprise privée. « Et en cas d'incendie, seriez-vous obligé de payer le service rendu ? », lui est-il demandé. Le porte-parole convient qu'il va vérifier ce qui se passe dans ce cas avec les autres communautés religieuses reconnues.

M. Landry indique que le 4 octobre dernier, un ou des membres du groupe auraient refusé à l'inspectrice municipale, Nicole Jolicoeur, l'accès aux terrains et bâtiments. « Tu n'es pas bienvenue ici, tu n'as pas besoin de débarquer », lui aurait-on dit en formulant différentes menaces à peine voilées, confie le maire. La loi des municipalités sur le sujet est claire, rappelle-t-il, nul ne peut empêcher un officier d'entrer sur une propriété dans le cadre de son travail. À ce propos, M. Carzac rétorque que comme communauté religieuse, ils n'auraient pas à être évalués et qu'en ce qui concerne les normes de construction, « ils se conforment au code de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ). »

Selon le maire, le 14 octobre, escortés par 4 agents de la Sûreté du Québec, Mme Jolicoeur, Éric Cloutier, directeur du Service des incendies et Sylvain Dusseault, préventionniste, ont pu inspecter partiellement puisqu'au départ des policiers, vers les 11 h, on les aurait empêchés de compléter leur travail et les aurait reconduits à l'entrée. L'accès à la maison principale, poursuit M. Landry, leur a été refusé de même qu'à un autre appartenant à un ancien militaire qui pourrait être agressif, a-t-il ajouté. M. Carzac dément vivement cette assertion de M. Landry.

 L'Essénien confirme que les trois personnes déléguées par la municipalité ont pu procéder à l'inspection. Selon ses dires, les constats, faits du dehors, leur auraient suffi. M. Landry avance que les inspecteurs n'auraient pas eu accès au lieu de culte. Lors de l'entrevue, le porte-parole a affirmé qu'ils auraient constaté que sa baie vitrée correspondait aux normes. Il en aurait été de même d'une modification apportée à une autre fenêtre qui aurait été acceptée même vu de l'extérieur. Enfin, la visite de la résidence d'un des prêtres leur aurait été refusée parce qu'il était absent. Ils seraient sortis sans problème, selon M. Carzac qui déplore le fait que les inspecteurs s'en tiennent stricto sensu à la loi.

Cependant, a-t-il poursuivi, peu après, ces trois personnes seraient revenues sur les lieux par entrée située sur le chemin Gamache sans en demander la permission, ce qui les aurait fâchés. « On a eu l'impression d'irrespect lors de cette entrée par effraction », confie-t-il. « Que la municipalité convoque les médias n'aide pas les relations ; l'intimidation est à craindre, on passe pour de la mafia quasiment, » a-t-il ajouté.

Le préventionniste Dusseault contredit ce fait, de même que l'inspectrice municipale Jolicoeur. Selon eux, Pier-Antoine Marier, dirigeant de la communauté essénienne, leur aurait ouvert la barrière du chemin Gamache fermée à l'aide d'un gros cadenas dans le but d'éviter l'attroupement sur le rang Brochu. L'équipe d'inspecteurs serait revenue poursuivre son travail dans l'après-midi sans avoir été autrement dérangée dans leur inspection, ont-ils mentionné indépendamment l'un de l'autre. 

Pour justifier leur refus de recevoir les inspecteurs de la municipalité, M. Carzac invoque le fait qu'on « pensait que les lois municipales ne s'appliquaient pas aux lois religieuses, on pensait qu'ils n'avaient pas à autoriser les inspecteurs à passer les évaluations ; après on s'est aperçu qu'on n'était pas correct et on a accepté la visite des inspecteurs. » Il ajoute toutefois que « leur sauter dessus n'est pas la bonne façon d'inciter la venue de nouvelles entreprises. » Poursuivant son plaidoyer, il ajoute: « On ne gère pas des millions, comparé à d'autres religions, on est pauvres. » Du même souffle, il constate que c'est dommage que le maire ait cru ça. Pourtant, en 2007, ils ont acheté le domaine pour 1,1 M$, propriété dont la valeur serait estimée à quelque 2,9 M$. Sur sa lancée, il mentionne que les esséniens font partie « d'un réseau d'églises ; si le maire demande de payer des taxes, il nous demande d'aller contre la loi, la loi d'exemption de taxes pour les communautés religieuses. »

Malgré les points de vue et un regard diamétralement opposés sur les sujets, M. Landry et M. Carzac, chacun de leur côté, souhaitent trouver un terrain d'entente. Le maire Landry affirme ne pas avoir d'aversion pour les Esséniens. « On vise l'équité entre les citoyens pour les valeurs foncières et les services ; je ne veux pas brimer l'envol religieux », a-t-il conclu. De son côté, M. Carzac avance qu'ils ont « toujours eu d'excellentes relations et j'espère que ça va continuer », conjure-t-il.


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