« On commence à parler de couleur, mais on aimerait connaître la force du moteur avant d'acheter l'auto ! » La métaphore qu'a utilisée le nouveau président de la Commission scolaire des Hauts-Cantons (CSHC), Yves Gilbert, témoigne de peu de succès généré par les rencontres des présidents et des directeurs généraux des commissions scolaires du Québec (CSQ) avec Yves Bolduc, ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport. « On ne connaît que le redécoupage des nouveaux territoires des CSQ ». Dans l'esprit du ministre, le nombre de CSQ devrait passer de 76 à 46. Il y aurait 36 commissions scolaires francophones, sept anglophones et trois à statut particulier. Ces consultations ont eu lieu du 20 au 23 novembre derniers.
Interrogé sur les incidences de ces modifications apportées aux territoires des CSQ, M. Gilbert ne peut que rapporter le peu d'information que tous ont reçue. Cependant, il indique que la nouvelle commission scolaire couvrirait tout l'espace de l'Estrie. Cette fusion correspondrait aux frontières des 7 MRC estriennes: à l'ouest, les MRC Memphrémagog, Val-Saint-François et Sherbrooke, au sud, en se dirigeant vers l'est, celles de Coaticook, du Haut-Saint-François et du Granit et au nord, celle des Sources. Elle affecterait des dizaines de milliers d'écoliers et d'élèves, de la maternelle à la fin du secondaire, incluant l'éducation aux adultes.
Les autres informations semblent colligées dans les limbes, ce serait l'inconnu total. « On n'a pas d'information sur la gouvernance, on n'a pas d'information sur le rôle des commissaires, on ne connaît pas les mandats nouveaux ni les tenants et les aboutissants de tout ça », s'est plaint le nouveau président de ce que sera l'ex-CSHC quand l'éventuel projet de loi sera adopté en février prochain.
Toutefois, M. Gilbert parle « d'aménagements possibles. » Devant l'état des faits, il reconnaît que la fusion est inéluctable. « Il y a de l'ouverture, les milieux s'organisent; il y aura des discussions avec les autres CS de l'Estrie, mais les résultats sont inconnus », avance-t-il. Dès le début décembre, les présidents et les dg des territoires québécois concernés entameront des rencontres. « Le premier travail se fera lors des rencontres des directeurs généraux et des présidents des CS de l'Estrie », décrit-il. Les résultats de toutes ces consultations seront présentés au ministre Bolduc à la fin décembre. Elles devraient servir à finaliser la rédaction du projet de loi qui scellera le sort des CSQ tant au niveau du découpage territorial que son mode de fonctionnement et les budgets alloués.
M. Gilbert avoue qu'il lui est très difficile d'émettre une opinion sur ce qui se passe à ce moment-ci. « C'est difficile de se prononcer; on aimerait se positionner, mais il y a trop d'inconnus », constate-t-il. Pour l'exemple, le président n'a pas de réponses à formuler en ce qui concerne les moyens et les sommes qui seront attribués aux CSQ pour encadrer les élèves qui ont des besoins particuliers. C'est le désert aussi au sujet de l'uniformisation éventuelle de la taxe scolaire qui varie, pour l'instant, de commissions scolaires en commissions scolaires et de l'évaluation foncière de chaque municipalité.
Est-ce que le projet de loi sabrera les budgets destinés au personnel en psychoéducation ? Les spécialistes, en nombre réduit, passeront-ils tout leur temps sur la route parce qu'ils auront à se déplacer sur de grandes distances ? Quels seront les moyens disponibles pour diminuer le décrochage compte tenu des expérimentations vécues qui ont porté de bons fruits ? Comment cette nouvelle politique répondra-t-elle aux besoins variés de ceux qui fréquentent les écoles ? Est-ce que l'uniformité des programmes éducatifs sera maintenue ou si elle sera laissée à l'initiative des directions et des conseils d'établissement, risquant de recréer les disparités entre régions ? Comment se gérera le budget de l'entretien du bâtiment ? Est-ce que seuls le personnel et les parents en seraient responsables s ? Et le transport scolaire ? Quel sera le futur de tous les commissaires tant ceux qui sont en place depuis quelques années et les nouveaux, élus depuis quelques semaines ?
À toutes ces questions, M. Gilbert n'a pu fournir de réponses. Pas par mauvaise volonté ! C'est qu'uniquement la fusion des CSQ a été discutée lors de la rencontre des présidents et des dg avec le ministre.